Crash dans les Alpes : la santé et la vie privée d'Andreas Lubitz au cœur de l'enquête
Les enquêteurs cherchent à en savoir plus sur la personnalité du copilote.
Au fil de l'enquête, la personnalité d'Andreas Lubitz se fait de plus en plus précise. Le copilote, soupçonné d'avoir provoqué volontairement le crash de l'avion de Germanwings, semblait souffrir de troubles psychologiques. Mais cela suffit-il pour comprendre les raisons qui ont poussé ce jeune homme "normal" a mettre fin à ses jours, tuant avec lui 149 personnes ?
Dimanche 29 mars, Francetv info revient sur les récentes découvertes des enquêteurs, chargés de comprendre un geste qui apparaît incompréhensible.
Andreas Lubitz prenait de nombreux médicaments
La police allemande a découvert "un grand nombre de médicaments" destinés au traitement de troubles psychiques au domicile d'Andreas Lubitz, a affirmé samedi le journal allemand Welt am Sonntag. Une découverte effectuée lors de leur perquisition menée à l'appartement du jeune homme, à Düsseldorf. Interrogés par l'AFP, des enquêteurs français et allemands n'ont souhaité ni confirmer, ni démentir cette information.
Le jeune homme aurait également été pris en charge par "plusieurs neurologues et psychiatres", a poursuivi le journal. Il aurait souffert d'un stress important et était gravement dépressif, selon des documents personnels exploités par les enquêteurs. Il n'y a en revanche aucun élément indiquant que ce jeune homme de 27 ans ait été dépendant à des drogues ou à l'alcool. Aucun stupéfiant n'a été retrouvé.
Il souffrait de "troubles anxieux généralisés"
Selon Le Parisien, dans son édition de dimanche, le copilote était traité pour "des troubles anxieux généralisés", dits TAG. "Concrètement, il s’agit d’une angoisse excessive, qui affecte l’ensemble du quotidien, et s’étale sur plusieurs mois", a détaillé le journal. "Afin d’atténuer ces troubles, dès 2010, Lubitz a subi des injections d’Olanzapine, un neuroleptique dit 'atypique', utilisé comme 'régulateur de l’humeur', mais aussi dans le traitement des 'épisodes maniaques'", a expliqué Le Parisien.
Selon le quotidien, Andreas Lubitz souffrait de troubles du sommeil, et se soignait avec de l'Agomelatine, un antidépresseur permettant de resynchroniser le rythme biologique. Enfin, c'est pour soigner ces troubles que le jeune homme s'était mis à pratiquer le sport de manière intensive, sur le conseil de ces médecins, a encore rapporté le quotidien.
Il souffrait de problème de vue
Andreas Lubitz, en arrêt maladie le jour du vol selon une attestation d'un médecin retrouvée à son domicile de Düsseldorf, semblait donc souffrir de problèmes psychiatriques, selon des informations recueillies par la presse allemande. Mais d'après le New York Times, Andreas Lubitz était également suivi médicalement pour des problèmes de vue "qui auraient pu mettre en danger son statut de copilote". Citant une source proche du dossier, "la sévérité du problème de vue dont il souffrait n'est pas connue, ni si ce dernier était lié à ses troubles psychologiques", explique le quotidien américain. "Une source proche du dossier a indiqué que les autorités n'ont pas écarté la possibilité que le problème de vue soit psychosomatique."
Ces informations n'ont pas été confirmées par l'hôpital de Düsseldorf où le copilote avait été évalué en février et en mars, poursuit le journal, notamment pour des raisons de confidentialité.
Sa vie quotidienne au cœur du travail d'enquête
Le général Jean-Pierre Michel fait partie d'une délégation de trois enquêteurs français venus à Düsseldorf pour coopérer avec les autorités allemandes. Sous directeur de la police judiciaire à la direction générale de la gendarmerie nationale, il a indiqué qu'à ce stade de l'enquête, il n'y a toujours "pas d'élément particulier" dans la vie du copilote, comme une rupture amoureuse ou un problème professionnel, qui pourrait expliquer un geste volontaire pour détruire l'avion. "On va essayer de comprendre ce qui dans sa vie aurait pu l'amener à ce passage à l'acte", a déclaré l'enquêteur, ajoutant : "l'environnement qui va être fait d'Andreas Lubitz va être extrêmement important et il l'est déjà parce qu'il nous permet déjà de mieux comprendre l'homme qu'il est". Selon Jean-Pierre Michel, "le travail actuellement conduit pas nos camarades allemands est orienté vers la compréhension de ce qui s'est passé, sur une éventuelle préméditation ou prédisposition peut-être à ce genre d'acte", a-t-il dit.
La police serait en train d'interroger "en ce moment" même les amis, collègues et connaissances du copilote, écrit pour sa part le Welt am Sonntag. Selon une ex petite-amie du copilote, citée par Bild, son geste aurait pu être prémédité. Lorsqu'elle a entendu parler du crash, une phrase du copilote lui est "revenue en mémoire: 'Un jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra'".
La piste de la défaillance technique n'est pas écartée
Interrogé par l'AFP, le général Jean-Pierre Michel a souligné l'importance de la deuxième boîte noire recherchée sur les lieux du crash dans les Alpes françaises. "L'importance de la dernière boite noire est (...) de comprendre en gros ce qui s'est passé dans les dernières minutes sur les commandes de l'appareil, (...) essayer de comprendre bien sûr s'il y a une action volontaire ou une faute involontaire ou une défaillance technique", a-t-il précisé.
Il s'agit notamment de faire le lien entre ces "constatations techniques" ainsi que les relevés effectués en France et les éléments sur la vie et la personnalité d'Andreas Lubitz rassemblés en Allemagne lors d'auditions et de perquisitions.
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