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Affaire Adama Traoré : trois questions sur les nouveaux incidents qui ont éclaté à Beaumont-sur-Oise

Un bus et six voitures ont été incendiés dans la nuit de mercredi à jeudi dans le quartier de Boyenval. Plus tôt dans la journée, deux frères d'Adama Traoré avaient été placés en détention provisoire. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des gendarmes en faction dans le quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), dans la nuit de mercredi à jeudi 24 novembre 2016.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le calme est revenu peu après minuit. Un bus et six voitures ont été incendiés dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 novembre lors de brefs incidents dans le quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise). C'est dans cette commune qu'Adama Traoré, 24 ans, a trouvé la mort le 19 juillet, après son interpellation par les gendarmes

Plus tôt dans la journée, deux frères d'Adama Traoré ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur procès le 14 décembre. Tous deux sont poursuivis pour des faits d'outrage et de violences contre plusieurs agents dépositaires de l'autorité publique, en marge d'un conseil municipal de Beaumont-sur-Oise, le 17 novembre. 

La famille Traoré dénonce un "acharnement" des autorités. Franceinfo revient sur les principaux éléments de la soirée et fait le point sur l'enquête.

Que s'est-il passé dans la nuit ?

Les incidents ont commencé vers 22h45, mercredi, dans le quartier de Boyenval, où vit une partie de la famille Traoré, selon la préfecture du Val-d'Oise. Le calme n'est revenu que peu avant 1 heure, jeudi matin. Selon un bilan de la préfecture, "un bus a été incendié par une dizaine d'individus cagoulés, le chauffeur a été molesté et légèrement blessé à la jambe". Six voitures ont également été incendiées. 

Des habitants, dont plusieurs portaient des tee-shirts "Justice pour Adama", ont indiqué que le bus s'était arrêté pour laisser descendre des passagers quand "une petite dizaine" de jeunes sont arrivés en courant, sont montés à bord, ont fait descendre le chauffeur et ont mis le feu avec des engins incendiaires.

Ce sont les habitants eux-mêmes, avec des seaux d'eau et des extincteurs, qui ont éteint le sinistre. "Les gens ont appelé les pompiers, mais ils ne pouvaient pas intervenir avant l’arrivée des gendarmes", rapporte, jeudi, Stéphanie, une habitante du quartier contactée par la Gazette du Val d'Oise. Témoin de la scène, elle indique que "des membres de la famille Traoré s’y sont mis pour venir à bout des flammes".

"Ce sont des jeunes du quartier qui profitent de la situation pour faire n'importe quoi. Ils ne respectent pas la mémoire d'Adama", "ça va retomber sur la famille Traoré", regrettait un jeune homme auprès de l'AFP. "Ce qui s'est passé n'a rien à voir avec la famille" d'Adama, répétait une jeune mère de 24 ans.

Pourquoi les deux frères Traoré ont été incarcérés ?

Bagui Traoré, 25 ans, et Youssouf, 22 ans, ont été présentés, mercredi, en comparution immédiate au tribunal de Pontoise. Ils sont accusés de violences et outrages contre des policiers en marge du conseil municipal de Beaumont-sur-Oise, le 17 novembre. Ce jour-là, la famille et les soutiens du défunt étaient venus contester la demande de la maire de prendre en charge ses frais de justice liés à un dépôt de plainte contre Assa, la sœur d'Adama, après une interview donnée à Canal+ en septembre. "La maire a choisi son camp. Elle se met du côté des gendarmes, (...) du côté de la violence policière", avait-elle dénoncé à l'époque.

Selon Le Parisien, des insultes auraient alors fusé, suivies de bousculades avant que la situation ne dégénère. La préfecture a indiqué qu'une policière municipale a été frappée au visage et a écopé de 8 jours d'ITT. Pour autant, rien n'établit, à ce jour, l'implication des deux frères dans cette affaire.

La défense a, pour sa part, demandé le renvoi de l'audience. De son côté, le parquet a requis leur placement en détention provisoire, évoquant le risque de nouveaux troubles à l'ordre public. Le tribunal a finalement accordé à Bagui et Youssouf Traoré, qui nient les faits, un délai pour préparer leur défense, mais a décidé de les placer en détention "pour éviter qu'ils n'exercent des pressions sur les témoins" d'ici à l'audience, le 14 décembre.

Par ailleurs, le parquet de Pontoise a également demandé l'exécution d'une condamnation de six mois pour des faits antérieurs à l'encontre de Bagui Traoré, selon un journaliste de Libération.

L'enquête sur la mort d'Adama Traoré avance-t-elle ?

Ouverte après la mort d'Adama Traoré, l'instruction a été dépaysée, à la fin octobre, du tribunal de Pontoise au tribunal de grande instance de Paris. Visant des faits de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, la gestion du dossier avait été très critiquée par la famille. Elle pointait notamment la communication du procureur Yves Jannier quant aux investigations menées, lui reprochant, par exemple, de n'avoir jamais évoqué de "syndrome asphyxique" pourtant décelé dans les deux rapports d'autopsies.  

A la fin septembre, Le Monde dévoilait que le magistrat allait être muté du tribunal de Pontoise pour endosser de nouvelles fonctions d'avocat général près la cour d'appel de Paris. Plusieurs sources judiciaires réfutent toute corrélation avec l'affaire Traoré et avancent des "problèmes de management"

Quelques jours auparavant, le quotidien du soir révélait également le témoignage d'un pompier, intervenu le soir de l'interpellation d'Adama Traoré. Interrogé par l'Inspection générale de la gendarmerie nationale, ce dernier remettait en cause la version des gendarmes, indiquant qu'Adama Traoré n'était "pas en PLS", mais menotté "face contre terre" lors de son arrivée. 

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