"Il n'y a aucune liberté" : près de 2000 personnes mobilisées à Paris pour un hommage à Adama Traoré malgré l'interdiction de manifester
Au milieu des voitures, une foule dense manifeste en hommage à Adama Traoré. Ce cortège est improvisé. Près de 2000 personnes marchent entre la place de la République et la gare de l'Est. La manifestation était interdite par la préfecture, le cortège n'était donc pas encadré. Des membres insoumis et écologistes grossissent les rangs.
Nathalie porte un tee-shirt noir, dessus, on peut lire "Justice pour Adama", pour elle cette interdiction n'a aucun sens : "On est en France, un pays des libertés soi-disant, là, il n'y a aucune liberté. La marche pour Adama, se déroule depuis 2016. Il n'y a jamais eu aucun incident. Ça s'est toujours bien passé. C'est dégueulasse que ce soit interdit, tout simplement."
Une manifestation dans le calme
Le cortège progresse rapidement. Au bout d'un kilomètre, Assa Traoré, la sœur d'Adama, monte sur un abribus et prend un mégaphone. "Ce n'est pas le gouvernement qui doit décider si l'on peut marcher pour nos morts. On doit se battre pour que la violence, celle des forces de l'ordre, soit reconnue par l'État et qu'il accepte qu'il y ait du racisme."
Plusieurs dizaines de CRS ont été mobilisés. Albert, membre du Réseau d'action contre l'antisémitisme, et tous les racismes, ne comprend pas cette présence policière en nombre. "Là, il ne s'agit pas d'émeutes. Il ne s'agit pas de pillages. Il s'agit d'une protestation et d'une commémoration donc moi, 73 ans, je viens manifester. Je ne suis pas un jeune des quartiers, mais je suis épris de justice sociale. Je suis médecin de profession et j'ai vu tellement de misère dans les quartiers où j'ai travaillé que je suis là aujourd'hui."
Deux personnes interpellées, dont le frère d'Assa Traoré
Assa Traoré demande aux participants de se disperser. Elle part rapidement à bord d'un scooter. Les membres de son comité s'adressent aux manifestants. "C'est terminé, rentrez chez vous les gars !" Dans le cortège, beaucoup ne comprennent pas le message. "On ne voit pas pourquoi ils disent que l'on doit rentrez chez nous, explique Ali, 70 ans. Cette manifestation, c'est un peu une commémoration des morts. Il n'y a pas qu'Adama. Il y a Nahel, qui dernièrement est mort."
Les participants statiques près de la gare de l'Est sont repoussés progressivement et repartent dans le calme. Des voix appellent déjà à un nouveau rassemblement samedi prochain. Durant cette manifestation, deux personnes ont été interpellées pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique", annonce la préfecture de police dans un communiqué. Selon une source proche du dossier à franceinfo, parmi les deux personnes interpellée, figure un frère d'Assa Traoré, qui a été arrêté au moment de la dispersion du rassemblement à Paris, en hommage à Adama Traoré.
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