Adolescent rom lynché : trois questions auxquelles devront répondre les enquêteurs
Accusé de vols, le jeune homme a été roué de coups dans une cave par plusieurs personnes et abandonné dans un chariot de supermarché, à Pierrefitte-sur-Seine, vendredi. Il est toujours entre la vie et la mort.
Le lynchage d'un adolescent rom de 16 ans, hier à Pierrefitte-sur-Seine, suscite une vive émotion. Mardi 17 juin, le Premier ministre, Manuel Valls, a condamné "avec une grande fermeté" cette agression, tandis que le président de la République, François Hollande, a dénoncé "des actes innommables".
Selon son entourage, le chef du gouvernement "demande à ce que les responsables de cet acte inacceptable soient retrouvés dans les délais les plus rapides pour répondre de leurs actes devant la justice". Mais l'enquête s'avère "très compliquée", concède Christophe Ragondet, responsable du syndicat de policiers Alliance en Seine-Saint-Denis, joint par BFMTV.
Le jeune homme a été retrouvé vendredi dans le coma dans un chariot de supermarché. Il est toujours entre la vie et la mort. Voici ce que l'on sait de cette affaire.
Est-ce une expédition punitive ?
D'après les premiers éléments de l'enquête, l'adolescent aurait été roué de coups par des personnes qui le soupçonnaient d'avoir cambriolé quelques heures plus tôt l'appartement d'une habitante de cette cité, voisine du camp où il vivait avec sa famille. Plusieurs témoignages parlent en effet d'un groupe de jeunes masqués, une douzaine selon une source citée par BFMTV, voire "une vingtaine", selon un habitant de la Cité des poètes, interrogé par Le Parisien.fr : "C’est sûr qu’ils venaient chercher quelqu’un. Ils avaient sans doute quelque chose à lui reprocher, mais je ne sais pas quoi."
Ces dernières semaines, "les habitants du quartier m'avaient fait remonter qu'ils étaient excédés de voir des cambriolages et de voir des véhicules dégradés", a expliqué le maire de la ville, le socialiste Michel Fourcade.
"Oui, ce jeune était connu des services de police pour des faits de cambriolage, mais a-t-il été agressé de manière ultraviolente pour ce motif-là ?" s'interroge désormais le policier Christophe Ragondet. "Etait-il véritablement ciblé, ou a-t-il été battu à mort parce qu'il était rom ?" poursuit-il, toujours au micro de BFMTV.
Est-ce une agression raciste ?
Les violences contre les Roms sont, selon les associations de défense de ces minorités, en augmentation. "Il y a des paroles et des actes racistes contre les Roms qui se déploient avec de plus en plus de permissivité, a déploré le président du mouvement antiraciste européen EGAM, Benjamin Abtan. On attend un changement radical de discours et une dénonciation extrêmement claire des violences qui les concernent."
Rien qu'en Seine-Saint-Denis, où se concentrent 62 camps et 20% de la population rom illégalement installée sur le territoire, Le Monde.fr rappelle que près de 200 riverains avaient marché jusqu'à l'entrée d'un campement de Roms pour en demander l'expulsion, en 2013. Fin 2012, une cinquantaine d'habitants d'un quartier marseillais avaient incendié un camp, se disant également excédés par leur présence.
Selon Le Parisien, les occupants du camp de Pierrefitte-sur-Seine, parmi lesquels la famille de la victime, ont fui dès vendredi soir, "avec ce qu’ils ont pu emporter", rapporte un témoin.
Est-ce un crime crapuleux ?
Le Parisien se fait également l'écho d'une autre piste suivie par les enquêteurs. "Les policiers ont découvert qu'un proche de la victime a reçu un appel téléphonique vendredi dans la soirée", passé depuis le portable de la victime. Toujours selon le quotidien, l'interlocuteur a exigé une rançon de 15 000 euros en échange de l'adolescent.
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