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Mort de Nahel : on vous résume les batailles judiciaires autour de la cagnotte de soutien au policier auteur du tir

La cagnotte ouverte par le polémiste d'extrême droite Jean Messiha a récolté plus de 1,6 million d'euros de dons en cinq jours, avant d'être fermé par son créateur.
Article rédigé par franceinfo
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La cagnotte de soutien à la famille du policier auteur du tir mortel sur Nahel a récolté plus d'un million et demi d'euros en cinq jours. (CAPTURE D'ECRAN / PAULINE LE NOURS)

Plus d'un million et demi d'euros. C'est le montant des dons récoltés par la cagnotte ouverte en ligne par le polémiste d'extrême droite Jean Messiha, vendredi 30 juin, pour venir en aide à la famille du policier poursuivi après le tir mortel qui a visé Nahel lors d'un contrôle routier à Nanterre. En seulement cinq jours, le chroniqueur et ancien porte-parole d'Eric Zemmour lorsqu'il était candidat à l'élection présidentielle est parvenu à récolter 1 636 200 euros. La cagnotte a finalement été clôturée par son instigateur, dans la soirée de mardi 4 juillet. Cette collecte de fonds controversée est en train de se transformer en bataille judiciaire sur trois fronts différents.

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La famille de Nahel porte plainte contre Jean Messiha

La mère de Nahel a annoncé qu'elle portait plainte contre Jean Messiha pour "escroquerie en bande organisée" et "recel de cette infraction", a appris franceinfo mardi. Elle dénonce le fait que le polémiste ait révélé des informations du fichier du traitement des antécédents judiciaires de Nahel pour le "criminaliser" et créer un mouvement de soutien au policier auteur du tir qui a tué son fils. Le polémiste d'extrême droite est également accusé d'avoir présenté l'adolescent "publiquement et mensongèrement comme un multirécidiviste".

L'avocat de la famille, Yassine Bouzrou, pointe des "manœuvres frauduleuses [qui] visent à tromper les personnes" susceptibles de participer à la cagnotte. L'avocat cible ainsi trois délits, selon RMC : d'abord, l'escroquerie en bande organisée, passible de dix ans d'emprisonnement et d'un million d'euros d'amende ; ensuite, le détournement de fichiers de police, passible de cinq ans de prison et 300 000 euros d'amende ; et enfin, le recel de délit passible de cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende.

Cette plainte vise également toute personne qui sera identifiée par l'enquête comme ayant participé à ces infractions. Joint par franceinfo mardi, le parquet de Paris affirme qu'aucune enquête n'a été ouverte à ce stade et précise qu'il va examiner cette plainte.

Jean Messiha entend également saisir la justice pour diffamation

Cette décision de la mère de Nahel n'a pas manqué de faire réagir l'ancien porte-parole d'Eric Zemmour. Sur les réseaux sociaux, Jean Messiha a vivement critiqué l'annonce de cette plainte qui n'a, selon lui, "aucun fondement juridique". Le polémiste se dit victime d'un "système vent debout pour essayer de [le faire] taire, avec des méthodes d'intimidation totalitaires". "C'est une manœuvre malveillante qui vise à salir ma réputation et mon honneur ainsi que les milliers de participants à la cagnotte", a-t-il également réagi au micro de Sud Radio.

Jean Messiha a annoncé se tourner à son tour vers la justice, car selon lui, la plainte de la mère de Nahel "relève d'une récupération honteuse et d'une communication politique diffamatoire et calomnieuse contre laquelle je déposerai plainte". Sur Twitter, il invite par ailleurs "les 100 000 donateurs, qui ont été accusés par la famille de Nahel, d'être des escrocs en bandes organisées, à déposer plainte pour diffamation".

Des députés de gauche écrivent une lettre à la procureure

Avant l'annonce de la clôture de la cagnotte par Jean Messiha, la députée insoumise Mathilde Panot et le député socialiste Arthur Delaporte ont annoncé sur Twitter qu'ils saisissaient la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, pour obtenir la fermeture de la collecte de fonds. Les deux élus considèrent que cette initiative peut constituer une incitation à la haine et provoquer un "risque sérieux de trouble à l'ordre public eu égard au contexte particulièrement volatil dans le pays", touché depuis la soirée du mardi 27 juin par des violences urbaines.

Dans une lettre adressée à la procureure, le député socialiste développe "les raisons pour lesquelles cette cagnotte pourrait être considérée comme illégale". Arthur Delaporte fait valoir que la collecte de fonds pourrait représenter "un risque réel de financement direct des frais faisant suite à une éventuelle condamnation judiciaire". Cette cagnotte, ainsi que son créateur, "condamné pour injure publique", peuvent "inciter à la haine, à la violence ou à la discrimination", fait encore valoir le parlementaire.

"Il ne fait aucun doute des intentions de l'initiateur de cette cagnotte, qui utilise le drame de Nanterre pour asseoir et véhiculer des idées politiques appelant à la haine", écrit le député. "Elle sera fermée ce soir et tu pourras rien faire", a répliqué Jean Messiha sur Twitter, avant d'effectivement clôturer la cagnotte, à laquelle il n'est désormais plus possible de participer. Joint par franceinfo, le parquet a affirmé qu'il allait examiner ces signalements des deux députés.

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