: Reportage Émeutes à Marseille : les proches de Mohammed, touché par un "probable tir de flash-ball", veulent "la vérité, savoir comment il est mort"
Que s'est-il passé à Marseille dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet? Le parquet de la ville a ouvert une information judiciaire pour "coups mortels avec usage ou menace d’une arme" suite à la mort de Mohammed, 27 ans, en marge des émeutes survenues à Marseille, quelques jours après le décès du jeune Nahel, dans un contrôle routier à Nanterre.
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Ce père de famille originaire d'Algérie avait ses habitudes dans les salons de thé de la Cannebière, et le soir du drame, il était justement en terrasse avec l'un de ses meilleurs amis. "On était ensemble jusqu'à 23h30, minuit, raconte ce proche. Mohammed m'a dit 'Je vais tailler chez ma mère, comme ça je la vois et après je rentre chez moi', parce qu'il est marié, il habite seul", ajoute son ami.
La victime se rend en scooter au domicile de sa mère puis s'effondre une fois arrivée au pied de l'immeuble. "Arrivé en bas de chez sa mère, il a enlevé son casque et il est tombé direct, c'était le choc", confie une amie. Selon une source proche de l'enquête, interrogée par franceinfo, la victime, qui roulait à scooter, a été découverte cours Lieutaud, dans le centre-ville, avant d'être conduite à l'hôpital, où le décès a été prononcé.
À l'hôpital, les médecins ont identifié une plaie au thorax. Le parquet juge "probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax provoqué par le tir d'un projectile de type flash-ball", ce qui a entraîné un arrêt cardiaque du jeune homme.
Des proches persuadés qu'il n'a pas participé aux émeutes
Pour l'heure, le parquet de Marseille affirme qu'il n'est "pas possible de déterminer le lieu où le jeune homme a été touché par ce 'probable' tir de LBD", ni même de dire s'il a pris part aux émeutes. Mais pour plusieurs proches du jeune père de famille, rencontrés par franceinfo, Mohammed n'a pas pu participer aux violences urbaines et autres pillages.
"Non, rien à voir [avec les émeutes], il a un enfant et sa femme est enceinte ! C'est des trucs de gamins, pas des trucs de grands !"
Un ami de Mohammedà franceinfo
Une amie secoue la tête et avance le même argument : "Ah non ! Il est marié, il a un enfant, bientôt un deuxième. Il travaille, il était chauffeur Uber et gentil avec tout le monde", se souvient la jeune femme.
Un autre proche se montre plus prudent et veut "laisser l'enquête suivre son cours : on ne sait pas, ce n'est pas à nous de dire si c'est volontaire, s'il était en train de manifester, de casser, il n'y a personne qui peut le dire", explique cet ami. Il reconnaît que si Mohammed était une victime collatérale des émeutes, "c'est des trucs qui peuvent arriver : on se rappelle pendant les Gilets jaunes, la dame à son balcon, Zineb, elle a pris un flashball [une grenade lacrymogène alors qu'elle fermait les volets de son appartement marseillais], elle participait pas aux manifestations", rappelle ce proche de Mohammed.
"On est choqué parce que c'est mon collègue, c'est comme mon frère, confie un autre ami. On veut la vérité, comment il est mort", exige-t-il. La famille du jeune homme de 27 ans a la même demande, mais refuse pour l'instant de s'exprimer.
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