: Vidéo Violences urbaines : Emmanuel Macron rencontre 220 maires pour "les écouter, les entendre" et "saluer le fait qu'ils se sont tenus en première ligne", explique le ministre Christophe Béchu
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, rencontrera mardi 4 juillet à l'Élysée aux côtés d'Emmanuel Macron, 220 maires de communes touchées par des violences pour "les écouter, les entendre" et "saluer le fait qu'ils se sont tenus en première ligne", a-t-il déclaré mardi 4 juillet sur franceinfo. Après "les déferlements de violence auxquels on a assisté", il y a "une sidération qu'il faut à la fois partager" et "des causes qu'on essaye de comprendre", a expliqué le ministre.
Alors que les dégâts matériels sont considérables et sur le point d'être chiffrés par les mairies et les collectivités locales, Christophe Béchu estime que "ce n'est pas qu'une histoire de budget". Selon lui, c'est également "une question de rapport à l’autorité, de responsabilité parentale, de droits et de devoirs, de symbole de la République. Tous ces sujets-là, il est hors de question qu'on les mette sous le tapis et qu'on les enfouisse", a-t-il affirmé. "Il va falloir qu'on soit capable de s'interroger à la fois sur ce que nous avons raté, en ne jetant pas la politique de la ville avec l'eau du bain".
franceinfo : Quel est le bilan de la nuit ?
Christophe Béchu : On a vécu une nuit, beaucoup, beaucoup plus calme que les précédentes. On reste évidemment vigilant et on ne baisse pas la garde parce que tout le monde a en mémoire les déferlements de violence auxquels on a assisté. Mais c'est évidemment encourageant. On est aux premières heures d'une nuit qui a été calme et avant tout, c'est évidemment la satisfaction et la prudence qui dominent ce matin. Personne ne peut oublier ce qu'on a vécu, il y a encore seulement quelques heures ou quelques jours. Les bilans effarants dont on est en train de consolider à la fois l'ampleur, que ce soit d'un point de vue financier, mais aussi d'un point de vue moral. Les conséquences pour la vie quotidienne des habitants des quartiers qui ont été touchés, pour les commerçants qui ont vu leurs commerces pillés. Il faut se garder d'aller trop vite, considérer que tout ça est derrière nous.
Vous allez recevoir avec Emmanuel Macron ce mardi à l'Élysée les maires de 200 communes touchées par les violences. Pour leur dire quoi ?
Il y a plusieurs objectifs. C’est d'abord évidemment de les écouter et de les entendre, de saluer le fait qu'ils se sont tenus en première ligne, selon l'expression consacrée. Certains ont été physiquement menacés. On a évidemment beaucoup parlé du maire de L’Haÿ-les-Roses, mais il y a des dizaines de maires qui ont été pris à partie. Certains ont vu leur voiture brûlée, comme à Saint-Pierre-des-Corps, d'autres ont été agressés dans le véhicule où ils se trouvaient, comme le maire de Charleville-Mézières ou la maire de Pontoise. Donc, c'est pour à la fois les entendre, les écouter, pour essayer de comprendre. On a une géographie de ces émeutes qui n'est pas celle de 2005, des villes moyennes qui n'étaient pas habituées à ce type d'événements dans lesquels on n'a même pas de quartiers, qui relèvent d'opérations de renouvellement urbain. Une sidération qu'il faut à la fois partager, des causes qu'on essaye de comprendre et puis, enfin, de les assurer des remerciements de l’État.
Avez-vous quantifié l’ampleur des dégâts ?
On est en train de regarder pour les bâtiments publics. La particularité pour les bâtiments publics, c'est qu'il y en a un certain nombre qui n’est pas assuré. On peut assez rapidement faire des estimations de dégâts pour le secteur privé, il y a des assurances qui sont obligatoires. En revanche, une collectivité locale peut ne pas s’assurer. On a des estimations qui sont parfois un peu plus longues à obtenir sur les évaluations de dégâts sur des bâtiments publics. J'ai hier réuni en visioconférence, l'ensemble des associations d'élus pour les inviter justement à faire remonter ces chiffrages, à faire remonter les difficultés et les urgences éventuelles dans lesquelles ils sont. Par exemple sur des centres de loisirs, sur des écoles qui abritent ce type de centres de vacances. Le sujet, ce n'est pas seulement les dégâts, c'est l'urgence pour être capable de répondre à des situations particulières de certains quartiers. Il ne faudrait pas qu'on ait une double peine ou une triple peine.
Qui va payer les dégâts ?
L'État va évidemment regarder et ne pourra pas laisser les collectivités seules. Dès hier, le ministre de l'Intérieur a annoncé que nous allions débloquer des crédits pour, à très court terme, faire en sorte de remplacer les dizaines de centaines de caméras de vidéoprotection qui ont été détruites. Un certain nombre de régions, Grand Est, Île-de-France, ont débloqué des fonds d'urgence ou des dispositifs d'appui. L'État va évidemment dimensionner un dispositif pour ne pas laisser les communes seules. Mais, la fin de cette crise, le regard qu'il faudra qu'on porte, ça ne se chiffre pas d'abord en euros. Il va falloir qu'on soit capable de s'interroger à la fois sur ce que nous avons raté, en ne jetant pas la politique de la ville avec l'eau du bain, en ne considérant pas que des travaux qui ont permis des améliorations dans un certain nombre d'endroits n'ont servi à rien parce que personne ne pourrait savoir quel aurait été le coût de l'inaction. Mais ce n'est pas qu'une histoire de budget, c'est une question de rapport à l’autorité, de responsabilité parentale, de droits et de devoirs, de symbole de la République. Et tous ces sujets-là, il est hors de question qu'on les mette sous le tapis et qu'on les enfouit.
Les habitants des quartiers sont les premières victimes ?
Depuis quelques jours, on salue les piliers de la République, on salue les forces de l'ordre, les pompiers, les maires, tous ceux qui ont tenu et on a raison de le faire. Je veux aussi avoir un mot pour les gens, pour les habitants de ces quartiers qui se sont retrouvés aux premières loges de ces violences, qui se retrouvent à la fois privés d'équipements qu'ils avaient pour un certain temps beaucoup attendu ou espéré, et qui sont parfois assimilés aux fauteurs de troubles. Il faut mettre un nom sur ceux qui sont responsables. Ce ne sont pas les habitants des quartiers qui ont mis le feu à ces équipements. Ce sont certains d'entre eux. Ce ne sont pas les jeunes de manière générale, ce sont des émeutiers, ce sont des criminels, ce sont des crétins. Il faut qu'on évite de faire une sorte d'assignation collective à résidence de familles qui ont tenu leurs enfants, de parents qui ont parfois participé à faire en sorte d'éviter que ça se propage en ayant aussi ce courage de dire les choses.
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