Procès des viols de Mazan : "Aucune peine ne lui rendra sa vie détruite", affirme un des avocats de Gisèle Pelicot

Antoine Camus était l'invité de franceinfo, vendredi, au lendemain de l'énoncé du verdict dans cette affaire.
Article rédigé par franceinfo
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Gisèle Pelicot quitte le palais de justice d'Avignon après avoir assisté au procès de son ancien partenaire Dominique Pelicot, le 25 novembre 2024. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

"Aucune peine ne lui rendra sa vie détruite", a affirmé vendredi 20 décembre sur franceinfo Antoine Camus, un des avocats de Gisèle Pelicot, alors que le procès des viols de Mazan s'est conclu jeudi par la peine maximale pour Dominique Pelicot, mais des peines plus basses que celles réclamées par l'accusation pour ses 50 coaccusés, une décision que Gisèle Pelicot a affirmé "respecter".

"Elle comprend que la Cour s'est livrée à un effort d'individualisation des peines. On est presque dans du cousu main", a ajouté Antoine Camus.  "Elle comprend aussi qu'il devait y avoir un différentiel entre son ex-époux Dominique Pelicot et tous les autres", a-t-il ajouté. Les peines prononcées par la cour criminelle du Vaucluse à l'encontre de plusieurs accusés a en effet suscité des remous devant le tribunal où étaient amassées de nombreuses personnes pour soutenir Gisèle Pelicot. Si Dominique Pelicot, 72 ans, "prend acte" de cette condamnation, son avocate Béatrice Zavarro a indiqué qu'il n'exclut pas de le faire.

Retrouver "un petit peu d'anonymat"

Interrogé sur l'état d'esprit de Gisèle Pelicot sur la perspective d'un futur procès devant une cour d'assises, Antoine Camus a souligné que sa cliente "souhaitera s'impliquer". "Alors peut-être pas aussi intensivement que cela a été le cas sur les quatre derniers mois, mais bien sûr qu'elle voudra y être", a-t-il poursuivi. Mais "après ces longues semaines d'audience, elle aspire à un peu de repos et puis peut être retrouver, sur au moins quelques semaines, un petit peu d'anonymat", a-t-il avancé.

Un procès hors norme lié au refus de la victime du huis clos et la portée du procès qui a largement dépassé l'enceinte du tribunal. "Ce qu'a voulu Gisèle Pelicot en ouvrant les portes de la salle d'audience, c'est avant tout donner à voir et à entendre, livrer suffisamment de matière pour que la société toute entière puisse s'en saisir et se poser les bonnes questions", a expliqué l'avocat. Celui qui a préparé le procès avec sa cliente depuis deux ans confie l'avoir vu "évoluer" celle qui est devenue au fil du procès l'incarnation des victimes de violences sexuelles et une icône féministe planétaire. 

"Cette honte, très clairement, au fur et à mesure de l'avancée dans le dossier, elle s'est transformée en indignation et de l'indignation en une volonté farouche de faire bouger les lignes"

Antoine Camus

à franceinfo

Pour Antoine Camus, ce procès "sera une pierre à l'édifice". "Tout ne va pas changer du jour au lendemain, il ne faut pas se leurrer. Gisèle Pelicot, la première, le sait. Mais si tous ensemble, nous sommes parvenus à déconstruire un certain nombre de choses et à les mettre à jour, ce sera déjà pas mal", a-t-il fait valoir, ajoutant que "pour un avocat porter une cause telle que celle-ci, c'est une immense fierté".

Cette réaction intervient quelques minutes après un message d'Emmanuel Macron sur X : "Merci Gisèle Pelicot, a réagi le chef de l'Etat. "Pour ce mot de justice au nom duquel vous avez affronté l’épreuve tête haute", a souligné le président de la République. "Pour les femmes, qui ont pour toujours une éclaireuse pour parler et lutter. Pour nous tous, car votre dignité et votre courage ont ému et inspiré la France et le monde", peut-on lire.

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