"Tu étais le diable en personne" : les fils du couple Pelicot s'en prennent à leur père lors de leur première prise de parole au procès des viols de Mazan
Le ton est monté au procès des viols de Mazan, lundi 18 novembre. "Ce monsieur a gravi l'échelle de fantasmes non réalisés à travers une violence qu'il a, en réalité, toujours eue en lui. C'est ce que j'avance aujourd'hui à cette barre", a estimé David Pelicot, le fils aîné du couple, en évoquant son père. Il s'est arrêté pendant plusieurs minutes sur "cet homme", comme il l'appelle désormais, qui "lui a donné une bonne éducation, des valeurs, une colonne vertébrale", a-t-il détaillé face à la cour criminelle du Vaucluse. Il parle d'une grande "complicité" avec lui, mentionne une passion commune pour le sport. "Il supportait l'OM. Moi, le Paris Saint-Germain", se remémore l'homme de 50 ans, ajoutant que tous deux partageaient "l'amour du cinéma".
"J'ai le sentiment que toute mon enfance a disparu. Elle a été comme effacée", lâche-t-il soudainement. David Pelicot change de ton lorsqu'il évoque les montages pornographiques de son épouse, découverts sur l'ordinateur de Dominique Pelicot, et diffusés sur le site Coco.fr. "Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ?", lance-t-il en se tournant vers l'accusé de 71 ans.
Quelques instants après, il revient à la charge, tentant de lui arracher une explication au sujet des deux clichés de sa sœur, Caroline Darian, sur lesquels elle apparaît en culotte, visiblement endormie. Celle-ci est certaine d’avoir subi le même sort que sa mère, malgré l’absence de preuve. "Si tu as encore un peu d'humanité, dis la vérité sur les agissements que tu as eus sur ma sœur, qui souffre tous les jours et qui souffrira toute sa vie !", insiste le quinquagénaire en haussant le ton.
"Je ne passerai qu'une fois [à la barre] et je n'ai pas de temps à perdre. Sur mon fils, dis-nous ce que tu as fait !", renchérit-il, extrêmement remonté, faisant référence aux échanges entre Dominique Pelicot et un de ses petits-enfants, à qui il aurait demandé de "jouer au docteur"."Rien ! Sur aucun des enfants et petits-enfants ! Rien !", hurle le septuagénaire, qui a toujours nié tout fait d'inceste.
"Pourquoi t'as prêté notre mère comme ça ?"
Dans cette atmosphère tendue, Florian Pelicot, le benjamin de la fratrie, prend la suite de son frère. "J'ai beaucoup de gratitude d'avoir notre maman en vie. Mais j'ai beaucoup d'incompréhension sur pourquoi notre père a fait ça", déclare-t-il, avant de se tourner lui aussi vers le patriarche. "Je lui pose la question directement : pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi t'as prêté notre mère comme ça ?", lui demande-t-il. L'homme de 38 ans parle vite, semble contenir son émotion. "T'as toujours dit que notre mère était une sainte. Mais toi, tu étais le diable en personne", fustige-t-il.
Il est le seul des trois enfants à avoir pu constater des attitudes étranges de la part de son père, avant d'avoir connaissance des faits. "Quand j'imprimais des choses pour les gosses sur son PC, je sentais qu'il n'était pas à l'aise", reconnaît-il, interrogé sur le sujet par l'avocate générale.
De même, son père l'appelait parfois pour "des galères de PC" et Florian Pelicot se disait qu'il consultait sans doute des sites pornographiques, qui ont tendance à propager des virus. "Mais à aucun moment je ne me suis dit ce qu'on sait aujourd'hui", jure-t-il. Il se rappelle également être tombé sur un dossier vide, sur le bureau de l'ordinateur en question, intitulé "culotte Martine".
"Ce serait un soulagement de ne pas être son fils"
Lors des réunions de famille, Dominique Pelicot était toujours avec son appareil photo, se souvient le trentenaire. "Je le remercie d'avoir pris des photos de mon ex-femme sous toutes les coutures ! Je me doutais bien qu'il y avait des choses cachées. Mais, pour le coup… pas ça", lâche-t-il.
Questionné par Antoine Camus, avocat de la partie civile, Florian Pelicot précise ne pas être certain d'être le fils biologique de l'accusé, sa mère ayant eu une relation extraconjugale autour de la période de sa naissance. Gisèle Pelicot, qu'il a questionnée à ce sujet après la découverte des faits, lui a toujours affirmé que cette tromperie avait eu lieu après. Mais le benjamin de la fratrie souhaite aujourd'hui réaliser un test de paternité.
"J'étais peut-être celui des trois enfants qui avait le moins de liens avec notre père", pointe-t-il, soulignant qu'il ne lui "ressemble pas du tout, donc la question se pose". "Je veux lever le doute. J'ai besoin de faire ce test. Ma mère a toujours dit : 'si tu as envie, fais-le'", assure-t-il, lâchant : "Ce serait un soulagement de ne pas être le fils de Dominique Pelicot." Ce dernier n'a pas été autorisé à s'exprimer de nouveau : il aura la parole mardi, pour ses derniers mots, avant les plaidoiries des parties civiles et les réquisitions, prévues dans les prochains jours.
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