Affaire du "charnier" de Paris-Descartes : "J'aimerais que toute la lumière soit faite pour faire mon deuil", témoigne la fille d'une victime
Un an après les révélations sur les conditions de conservation déplorables des dépouilles au Centre du don des corps de l'université, certaines familles ne savent toujours pas quel sort a été réservé à leur proche décédé.
"Tout le monde était au courant, mais personne n'a bougé", a déploré, samedi 26 novembre, sur franceinfo Laurence Dezélée, vice-présidente de l'association Charnier Descartes. Un rassemblement avait lieu samedi 27 novembre à Thiais, près de Paris pour protester contre le scandale du centre du don des corps de l'université. Il y a un an, l'Express révélait l'existence d'un vrai "charnier" au sein de ce centre. Une enquête sur les conditions de conservation des dépouilles donné à la science, dont celle de la mère de Laurence Dezélée, est en cours. Plusieurs personnes ont été mises en examen dont l'université en tant que personne morale.
franceinfo : Au-delà des responsables, vous cherchez à savoir ce que sont devenus les corps de vos proches. Avez-vous eu des informations ?
Laurence Dezélée : Certaines personnes ont eu des réponses de la part de l'université. La présidente nous avait dit qu'elle allait nous aider, répondre aux questions des familles qui le souhaitaient. Certaines familles ne le souhaitent pas parce que c'est trop dur, certaines doutes de déclarations de l'université. En ce qui me concerne, j'aimerais que toute la lumière soit faite pour faire mon deuil. Donc, j'ai demandé à savoir et on m'a dit : secret médical. Nous sommes trois, quatre familles à ne pas avoir eu de réponse. On nous a juste dit, secret médical.
La mise en examen de l'université en tant que personne morale a-t-elle eu un impact sur ces révélations ?
Peut-être, c'est possible. Au début, on avait rencontré la présidente avec son avocat, en février 2020. Elle nous a dit qu'elle allait nous aider à faire la lumière pour les familles qui le veulent. J'ai posé la question de savoir si des responsabilités étaient établies pour les anciens présidents de la fac. Est-ce qu'elle se retournerait contre ces gens-là ? Il y a eu un temps d'hésitation et l'avocat m'a dit "oui, bien sûr, on se portera partie civile." Ils ont essayé mais on leur a dit non.
Est-ce que certains ont fait semblant de ne pas savoir ?
On parle beaucoup d'omerta dans les infos et c'est exactement ce qui s'est passé pour nous. On voit à travers les mails que l'on a pu avoir, qui sont des échanges internes au sein de la fac, que tout le monde était au courant mais que personne n'a bougé.
On parle de crash test automobile, d'expériences militaires, connaît-on tout ce qui a été fait avec le corps de gens qui en on fait don à la science ?
Je crois que si on continue à creuser on va trouver du pétrole, c'est inépuisable, on en découvre tous les jours un peu plus. Ce matin au cimetière de Thiais, un monsieur est venu me parler. Il m'a dit que son beau-frère travaillait dans le fret aérien et qu'il n'avait jamais voulu que ses parents donnent leurs corps à la science et à Descartes précisément, et il m'a dit, maintenant je sais pourquoi. C'est parce qu'il voyait des charters entier qui partaient pour l'Afrique avec des corps.
Dans quel but ? Avez-vous quelqu'un pour répondre à cette question ?
Non. J'espère que le juge d'instruction va nous entendre, poser les bonnes questions et interroger tout le monde, tous les responsables présumés de cette horreur. Nous n'avons pas de rapport avec le ministère de l'Enseignement supérieur parce que nous avons voulu dialoguer avec eux, on a envoyé deux lettres, mais Mme Vidal n'a jamais répondu. On n'a jamais été reçus, ni au ministère de la Santé par Olivier Véran. On essaie de dialoguer mais en face il n'y a rien. On a l'impression qu'on se fout de nous. C'est comme si on n'existait pas.
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