Affaire Grégory : ce qu'il faut retenir de la confrontation entre Murielle Bolle et son cousin
Le procès-verbal de la confrontation entre Murielle Bolle, témoin clé de l'affaire Grégory, et son cousin le 28 juillet, auquel "Le Monde" et "L'Est républicain" ont eu accès, révèle des incertitudes dans le témoignage de Patrick F.
Deux acteurs clés dans l'enquête sur la mort du petit Grégory, Murielle Bolle, 48 ans, et son cousin, le mystérieux Patrick F., 54 ans, ont confronté leurs deux versions de la journée du 5 novembre 1984 face à la présidente de la chambre d’instruction de Dijon, le 28 juillet. Patrick F. était apparu à la fin juin dans cette affaire vieille de près de trente-trois ans en affirmant que Murielle Bolle avait subi "un lynchage" de la part de sa famille pour la faire revenir sur son témoignage incriminant Bernard Laroche.
A l'issue de cette confrontation, l'un des avocats de Murielle Bolle, Jean-Paul Teissonnière, avait déclaré que "les déclarations du cousin ne tiennent plus" et que sa cliente "devrait enfin être remise en liberté bientôt". Murielle Bolle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire le 4 août après plus d'un mois de détention.
Le Monde et L'Est républicain ont eu accès au procès-verbal de cette confrontation décisive, qui met en lumière la fragilité de la version de Patrick F.
Le cousin a tout tenté pour prouver sa crédibilité
La présidente de la chambre d’instruction, Claire Barbier, entame la confrontation par une question a priori anodine destinée à Murielle Bolle. "Reconnaissez-vous votre cousin ?" Sa réponse tombe, tranchante. "Non pas du tout. Je n’ai pas souvenir de lui, et même le nom ne me dit rien."
"Je serais en mesure de dessiner la maison, la chambre dans laquelle je dormais avec mes cousins, s'est défendu Patrick F., rapporte L'Est républicain. Je suis en mesure de dire à quelle place chacun se mettait à table, Jeannine devant l’évier, Lucien en haut de table." Le cousin s'évertue même à dessiner le plan de la cuisine des Bolle, que Murielle admet être semblable. Il n'est pas avare de détails pour prouver qu'il était un visiteur régulier de la maison des Bolle : "Sa mère raffolait des truites." Le procureur général s'exclame alors : "C’est bien qu’il fréquentait la famille !"
Une incertitude dans la date de la "rouste"
Lors de cette confrontation, la version de Murielle Bolle ne change pas, elle maintient qu'elle n'a pas fait l'objet de pressions qui l'auraient poussée à changer son témoignage entre le 5 et 6 novembre 1984.
Patrick F., de son côté, affirme que Murielle Bolle aurait reçu une "rouste" pour la forcer à innocenter Bernard Laroche. "La première claque qu’elle a prise, c’est par sa mère. Marie-Ange Laroche [sa sœur et la femme de Bernard Laroche] lui a ensuite sauté dessus", décrit-il, selon L'Est républicain.
Mais pour la première fois lors de cette confrontation, Patrick F. ne semble plus certain de la date à laquelle se serait produit cet incident. Selon L'Est républicain, il répète à trois reprises ne plus se souvenir la date exacte. "Je ne me souviens pas du jour, c’était le 5 ou le 6", confie-t-il, d'après Le Monde.
Or, la datation est capitale. En effet, Murielle Bolle livre son témoignage accablant le mari de sa sœur Marie-Ange, Bernard Laroche, le 5 novembre, avant de se rétracter soudainement le 6 novembre 1984. Le témoignage de Patrick F. n'a donc de poids dans l'affaire que s'il s'est déroulé dans la soirée du 5 novembre. "Je n’ai jamais voulu faire le buzz ou le mythomane" s'est défendu Patrick F., mais son incertitude a sérieusement entamé la force de sa parole dans cette affaire.
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