Affaire Neyret : le point sur les charges
C'est le 27 novembre 2010 que Michel Neyret apparaît pour la première fois dans une enquête sur un réseau international de trafic de drogue. 110 kilos de cocaïne et 170.000 euros en liquide sont saisis dans un appartement de Neuilly-sur-Seine, en région parisienne. Il appartenait à un membre de la famille royale saoudienne.
La brigade des stupéfiants de Paris interpelle trois hommes dans ce dossier, mais deux suspects, dont le chef du réseau, parviennent à s'enfuir. C'est en remontant vers la tête de ce réseau parti d'Amérique du Sud, d'où venait la drogue, que les enquêteurs tombent sur des noms de collègues, gravitant dans l'entourage des trafiquants.
Des écoutes téléphoniques sont mises en place. L'un des policiers impliqué est Michel Neyret, 55 ans, et un parcours de “grand flic”. C'est ce volet de l'enquête, mené en toute discrétion par la police des polices, l'IGS, et la JIRS, la juridiction interrégionale spécialisée de Paris qui aboutit à l'interpellation de Neyret et de sa femme, ainsi que de trois autres chefs de la police de Lyon et de Grenoble.
Ces écoutes, qualifiées d'“accablantes” par un syndicaliste policier, font ressortir des faits de trafic d'influence et de corruption. Neyret aurait négocié des “arrangements” avec le réseau, qui lui auraient permis de bénéficier de voyages. Mais il ne serait pas en revanche pas lié à ce trafic international de stupéfiants.
Neyret n'en est pas moins soupçonné d'enrichissement personnel, mais il serait lié à un volet plus local. Il est soupçonné d'avoir largement pioché dans les stocks de drogue mis sous scellés par les policiers lors des saisies. Il aurait notamment détourné de grandes quantités de cannabis pour rémunérer ses informateurs. L'un des enregistrement relate que Neyret aurait par exemple donné 10 kilos de cannabis à un informateur ayant eu sa voiture endommagée.
Il aurait également remis en circulation une partie de la drogue saisie, en échange d'un pourcentage sur les ventes.
Les trois autres policiers mis en cause se verraient quant à eux reproché d'avoir commis des actes délictueux sous la houlette de Michel Neyret.
D'autres charges pèsent sur cette légende de la police, encore dans l'ombre. D'autres policiers et des magistrats pourraient être mis en cause.
Grégoire Lecalot, avec agences
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