Dominique Strauss-Kahn a plaidé lundi non coupable des chefs d'accusation lors de sa comparution au tribunal
En plaidant non coupable des crimes sexuels dont l'accuse une femme de chambre d'hôtel, l'ancien patron du FMI ouvre la voie à la tenue de son procès devant un jury.
"Not guilty", a lui-même déclaré M. Strauss-Kahn qui s'exprimait pour la première fois devant le tribunal depuis son arrestation le 14 mai. Prochaine audience prévue le 18 juillet.
Un procès se tiendra dans quelques mois, et Dominique Strauss-Kahn devra alors faire face à sa victime présumée, dont les autorités américaines n'ont pas révélé l'identité.
L'ancien ministre socialiste français a rejeté l'ensemble des sept chefs d'accusation, dont crimes sexuels, tentative de viol et séquestration, dont il fait l'objet suites au témoignage sous serment de la victime présumée, une femme de chambre de 32 ans d'origine guinéenne de l'hôtel Sofitel à New York.
Si DSK avait plaidé coupable, il n'y aurait pas eu de procès. L'ancien ministre français, sous le coup de sept chefs d'inculpation prononcés par un "Grand Jury" - une chambre d'accusation - sur la base des témoignages d'une jeune Guinéenne de 32 ans, serait retourné en prison pour un nombre d'années à négocier avec le juge.
La plaignante témoignera lors du procès
Dominique Strauss-Kahn qui a quitté le tribunal vers 09h30 (15h30 à Paris) comparaîtra à nouveau devant la justice le 18 juillet.
Benjamin Brafman, l'un de ses avocats, a déclaré lundi à la sortie du tribunal de New York qu'il n'y avait "pas d'élément fort montrant qu'il y a eu contrainte", contrairement à ce qu'affirme la victime présumée, qui accuse l'ex-patron du FMI de crimes sexuels.
Quant à l'employée du Sofitel de New York, qui l'accuse d'agression sexuelle, elle témoignera au procès, a annoncé lundi l'avocat de la plaignante. "Elle va venir devant ce tribunal, elle va s'asseoir dans le box des témoins et elle va dire au monde entier ce que Dominique Strauss-Kahn lui a fait", a déclaré Kenneth Thompson, défenseur de la jeune femme.
DSK encourt théoriquement jusqu'à 74 ans de prison
L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), 62 ans, encourt théoriquement jusqu'à 74 années de prison s'il est reconnu coupable des crimes dont il est accusé, notamment agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne. Il a toujours nié tous les faits présumés.
Un futur procès entre ténors du barreau
Le procès, dont la date n'est pas encore fixée, verra s'affronter d'un côté des ténors du barreau dont le redoutable Benjamin Brafman, avocat connu pour avoir évité la prison à plus d'une célébrité sortie innocente du tribunal, et de l'autre une accusation renforcée ces derniers jours.
Deux femmes procureurs-adjoints, Joan Illuzzi-Orbon et Ann Prunty, sont venues rejoindre l'équipe de l'accusation, selon une source au bureau du procureur ayant requis l'anonymat, citée par le New York Times.
Joan Illuzzi-Orbon a été récemment nommée par le procureur général Cyrus Vance à la tête de l'unité spéciale anti-crime racial, et a remporté dans sa carrière des victoires dans des cas de viol ou de crime.
Ann Prunty, de son côté, a aussi plusieurs importantes batailles juridiques à son actif, dont la condamnation à 422 ans de prison en 2008 d'un homme accusé d'avoir violé et torturé pendant près de 20 heures une étudiante de l'université Columbia. Elle est connue notamment pour son parler cru aux audiences, et pour n'éviter à la victime aucune question qui aide à convaincre les douze jurés de la culpabilité de l'accusé.
DSK en résidence surveillée à TriBeCa
Dominique Strauss-Kahn, appréhendé le samedi 14 mai à bord d'un avion Air France en partance pour Paris, a été placé en résidence surveillée dans une maison luxueuse de TriBeCa, un quartier huppé-bohême du sud de Manhattan où il vit avec son épouse Anne Sinclair depuis que le juge a accepté sa libération sous caution.
Avant de vivre dans cette somptueuse résidence de plus de 600 mètres carrés où il a fait porter meubles et tableaux ces derniers jours, il a passé quatre nuits dans la redoutable prison de Rikers Island, au nord-est de Manhattan, puis cinq nuits dans un logement temporaire mis à sa disposition par la société chargée de sa surveillance.
Equipé d'un bracelet électronique à la cheville, le socialiste, dont la candidature à la présidentielle française de 2012 était attendue, a une liberté de mouvement très limitée. Il a remis tous ses documents de voyage aux autorités américaines, et ne peut se déplacer sous escorte que pour se rendre au tribunal, chez le médecin, chez son avocat ou à des offices religieux.
Les médias américains délaissent l'affaire DSK
Les journalistes, surtout français, qui sont postés en permanence devant la maison du 153 Franklin street, traquent tout mouvement, et des photos de lui se rendant chez Benjamin Brafman, ou d'Anne Sinclair allant faire des courses, sont publiées quotidiennement.
Après avoir fait la "une" des tabloïdes new-yorkais qui l'ont baptisé "Le Perv", abréviation de pervers, DSK, qui a démissionné du FMI et écrit à ses anciens collègues qu'il vivait "un cauchemar", a laissé la place dans les médias américains à d'autres scandales politico-sexuels ou affaires de viols.
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