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La femme de chambre guinéenne qui accuse DSK de l'avoir violée, est apparue pour la première fois à la télévision

"Je n'ai aucune envie de me montrer en public mais je n'ai pas le choix. Maintenant je dois apparaître. Il le faut, pour moi. Je dois dire la vérité", a dit Nafissatou Diallo lundi dans des extraits d'une interview à ABC.Elle s'est également confiée à l'hebdomadaire Newsweek.
Article rédigé par France2.fr
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Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn (AFP PHOTO/ TODD HEISLER)

"Je n'ai aucune envie de me montrer en public mais je n'ai pas le choix. Maintenant je dois apparaître. Il le faut, pour moi. Je dois dire la vérité", a dit Nafissatou Diallo lundi dans des extraits d'une interview à ABC.

Elle s'est également confiée à l'hebdomadaire Newsweek.

Elle a ainsi décidé de prendre l'opinion à témoin, offrant son nom, son visage et son témoignage détaillé pour "dire la vérité" et laver son honneur.

L'apparition sur ABC
C'est une femme grande, robuste, avec un visage tout en rondeurs qui est apparue sur les écrans. La femme de 32 ans témoigne d'une voix douce, avec un léger accent africain. Elle n'hésite pas à mimer ce qui s'est passé, selon elle, dans la chambre du Sofitel de New York, en se prenant les seins ou en mettant un genou à terre.

"Je veux que justice soit faite, je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, (...) son argent", répète-t-elle, comme elle le dit à Newsweek dans l'interview publiée dimanche.

Elle revient sur les quelques minutes passées avec Dominique Strauss-Kahn dans la suite 2806. La défense de l'ancien chef du Fonds monétaire international fait valoir une relation consentie quand Mme Diallo décrit une tentative de viol. "J'ai tourné ma tête. Il est venu vers moi et m'a attrapé les seins", raconte-t-elle en touchant sa poitrine. "J'ai dit 'arrêtez, arrêtez, je ne veux pas perdre mon emploi. Mais il a continué à me pousser. J'avais tellement peur", ajoute-t-elle.

L'interview à Newsweek
Dans l'hebdomadaire, cette mère célibataire d'une fille de 15 ans livre un récit cru des évènements.

Elle confie avoir découvert le lendemain des faits présumés, dans les médias, qui était l'homme de la suite 2806. "Et alors, ils ont dit qu'il allait être le prochain président français. Je me suis dit 'Oh mon Dieu' et j'ai pleuré. Je me suis dit 'Ils vont me tuer'", raconte-t-elle. "Dieu me regarde, je dis la vérité", ajoute-t-elle.

Cette sortie médiatique intervient une semaine avant l'audience du 1er août au cours de laquelle DSK, inculpé de sept chefs d'accusation dont agression sexuelle et tentative de viol, doit de nouveau comparaître devant un tribunal de New York.

Lors de sa dernière comparution, le 1er juillet, Dominique Strauss-Kahn a été libéré sur parole, les procureurs faisant état du manque de crédibilité de la jeune femme dans certains de ses témoignages face au grand jury et aux procureurs.

Une conversation téléphonique enregistrée le lendemain des faits présumés avec un détenu en Arizona a aussi fait lever des doutes sur ses motivations. "Ne t'inquiète pas. Ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais", aurait dit la Guinéenne.

Ces rebondissements ont amené la plupart des analystes et experts en droit pénal américain à estimer que l'affaire n'irait pas jusqu'au procès et que le procureur serait obligé d'abandonner les poursuites ou d'en réduire la portée.

"Tentative de la dernière chance" ?
Sur ABC, le chroniqueur judiciaire Dan Abrams a estimé, en ce sens, que l'interview constituait une tentative de la dernière chance: "Ses avocats ont sans doute pensé qu'ils n'avaient pas d'autres choix que de mettre une énorme pression médiatique sur le procureur pour que l'affaire ne soit pas enterrée".

Les révélations sur le récit erroné de la jeune femme et sur ses fréquentations avaient amené un tabloïde new yorkais à la présenter comme une prostituée. "Etes-vous une prostituée?", lui a demandé la journaliste d'ABC Robin Roberts. "Non, et on ne m'a jamais appelée ainsi de toute ma vie", a-t-elle répondu en larmes.

Les avocats de l'ex-boss du FMI ont déclaré dimanche que l'accusatrice cherchait à "enflammer l'opinion publique contre un accusé dans une affaire criminelle en cours". "Ses avocats savent que les demandes d'argent (dans un futur procès au civil) subiront un coup fatal lorsque les charges criminelles (contre DSK) seront abandonnées comme elles doivent l'être", ont affirmé Mes William Taylor et Benjamin Brafman.

Le défenseur de la plaignante, Kenneth Thompson, a réagi en accusant dimanche les défenseurs de DSK "d'avoir mené une campagne de diffamation sans précédent contre la victime d'une agressions sexuelle violente".

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