Le compte-rendu de conversations de Dominique Strauss-Kahn le week-end de son arrestation a été rendu public
Dominique Strauss-Kahn, accusé de crimes sexuels par une employée d'hôtel à New York, a invoqué l'immunité diplomatique lors de son arrestation mais s'est adapté aux circonstances, selon un compte-rendu publié jeudi par le procureur de Manhattan.
Ce document de sept pages n'apporte pas d'élément à charge ou à décharge pour l'ancien patron du FMI, qui vit en résidence surveillée à New York dans l'attente d'un procès où il devra affronter sa victime présumée. Celle ci, une femme de chambre guinéenne de l'hôtel Sofitel, âgée de 32 ans, l'accuse d'agression sexuelle et de tentative de viol. M. Strauss-Kahn nie les faits qui lui sont reprochés et a plaidé non-coupable le 6 juin dernier, ouvrant la voie à un procès.
Le document publié jeudi par le bureau du procureur, et dont une copie a été adressée aux avocats de M. Strauss-Kahn, qui semblent l'avoir réclamée, révèle certaines conversations que DSK a eues - avec la police, surtout - entre le moment où il a appelé l'hôtel Sofitel depuis l'aéroport JFK, pour réclamer un téléphone portable qu'il aurait oublié, jusqu'au soir du 15 mai, au moment où il a demandé un sandwich dans le commissariat spécial de Harlem (nord) où il était entendu.
- 15H29, samedi 14 mai
Le compte-rendu débute avec le coup de téléphone de DSK à 15H29 locales (19H29 GMT) à l'hôtel Sofitel de Manhattan:
"Les objets trouvés", annonce un employé.
"Bonjour, c'est Dominique Strauss-Kahn, j'ai logé chez vous. J'ai oublié un téléphone", dit-il.
"Quelle chambre?", demande l'employé.
"2806", répond M. Strauss-Kahn, et l'employé d'expliquer qu'il aura besoin de "40 minutes" pour se rendre à l'aéroport "en taxi" et lui apporter le téléphone. A ce moment, DSK est dans un avion, prêt à décoller pour Paris.
Le compte-rendu contient également les dialogues entre M. Strauss-Kahn et la police, au moment de son arrestation à l'aéroport JFK, dans le véhicule qui l'emmène en ville puis dans le commissariat de Harlem.
- 16H40
L'agent Diwan Maharaj interpelle DSK à bord de l'avion:
"M. Dominique Strauss-Kahn?", demande le policier.
"Oui", dit DSK.
"Puis-je voir votre passeport? Nous souhaiterions que vous nous suiviez", indique l'agent Maharaj.
"Pourquoi?", interroge M. Strauss-Kahn.
"Ca n'est ni le moment, ni l'endroit pour en parler. Avez-vous des bagages à bord?", lui demande le policier.
- 16H45
Dans l'enceinte de l'aéroport, le sergent Raymond DiLena se présente à Dominique Strauss-Kahn.
"Que se passe-t-il?", demande l'ancien ministre français.
"La police de New York souhaite vous interroger au sujet d'un incident qui s'est produit en ville dans un hôtel", lui indique le fonctionnaire.
A ce moment-là, selon le compte-rendu, Dominique Strauss-Kahn n'aurait rien répondu.
- 17H00
Une fois dans le poste de police de l'aéroport, l'officier Maharaj demande à DSK de "vider (ses) poches et de placer leur contenu sur la table".
"Vous voulez de l'eau?", demande l'agent Terry Ng.
"Non, mais je voudrais aller aux toilettes", répond DSK.
"Asseyez-vous s'il vous plaît", obtient-il comme réponse de l'agent Maharaj.
Dominique Strauss-Kahn demande alors si les menottes qu'ont lui a passées "sont nécessaires".
"Oui, elles le sont", lui dit M. Maharaj.
"J'ai l'immunité diplomatique", lance DSK.
"Où est votre passeport?", lui demande le policier.
Les documents le prouvant "ne sont pas dans ce passeport. J'ai un second passeport", répond M. Strauss-Kahn.
En route ensuite vers le commissariat spécialisé dans les crimes à caractère sexuel à Harlem, Dominique Strauss-Kahn dit qu'il doit téléphoner pour avertir qu'il ne sera pas présent à une réunion le lendemain. Le patron du FMI était attendu en Europe pour s'entretenir notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel et discuter de l'aide à la Grèce.
- 17H15
La retranscription se poursuit "sur la route, entre l'aéroport et le commissariat".
"Que cela signifie-t-il?", demande Dominique Strauss-Kahn.
"Les enquêteurs de Manhattan veulent vous parler au sujet d'un incident dans une chambre d'hôtel", répond l'agent John Mongiello.
"Alors il va falloir que je passe un coup de fil pour leur dire que je ne serai pas à la réunion demain. Ces menottes sont serrées", dit DSK.
La dernière partie du compte-rendu relate les conversations entre les enquêteurs et M. Strauss-Kahn à l'intérieur du commissariat.
- 21H00
DSK dit à l'agent Miguel Rivera qu'il "doit appeler (son) avocat Bill Taylor". "J'ai besoin de mon téléphone". "Il va falloir attendre que les enquêteurs reviennent, je n'ai pas accès à votre téléphone", lui répond l'agent.
"Ai-je besoin d'un avocat?", lui demande M. Strauss-Kahn.
"Dans ce pays, vous y avez le droit si vous le voulez, j'ignore si vous avez un quelconque statut diplomatique", lui rétorque le policier.
"Non, non, non, je n'essaye pas d'utiliser cela, je veux seulement savoir si j'ai besoin d'un avocat", se défend Dominique Strauss-Kahn. Réponse du policier: "à vous de décider".
- 9H00, dimanche 15 mai
Le même policier demande à M. Strauss-Kahn s'il souhaite manger quelque chose pour le petit-déjeuner. "Je voudrais des oeufs", répond DSK.
- 21H20 (peu avant sa sortie du commissariat)
Steven Lane demande à M. Strauss-Kahn s'il a faim. "Je voudrais un sandwich", indique DSK.
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