Un Cannois porte plainte contre DSK
CANNES - Le parquet de Grasse a ouvert une enquête préliminaire pour "faux et falsification de certificats", dans une affaire concernant l'effacement de la dette du Congo par le FMI.
L'enquête a été ouverte le 25 mai, mais l'information n'a été donnée que vendredi 27 juillet. Le parquet de Grasse (Alpes-Maritimes) a ouvert une enquête préliminaire visant Dominique Strauss-Kahn, uniquement en sa qualité d'ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI), après la plainte d'un Cannois, a indiqué Nice-Matin. Me Frédérique Baulieu, l'avocate de DSK, est tombée des nues en l'apprenant, selon le quotidien régional.
L'enquête, ouverte pour "faux et falsification de certificats", concerne une affaire autour de l'effacement de la dette du Congo par le FMI en 2010 et autour de créances anciennes du pays africain envers le plaignant, reconnues par la justice française.
Ce Cannois qui a porté plainte, Serge Berrebi, se bat depuis vingt-cinq ans pour récupérer des millions d'euros depuis qu'il a été "spolié" d'une entreprise qu'il avait développée au Congo. Il a déposé plainte le 21 octobre et a été entendu par l'antenne niçoise de la PJ de Marseille le 11 juillet.
• Quel est le contentieux ?
Son histoire a démarré en 1987. Cette année-là, Serge Berrebi est évincé par le gouvernement congolais d'une grosse ferme avicole qu'il avait relancée. S'ensuit un litige, réglé en 1992 quand un protocole d'accord prévoit le versement par le Congo d'un milliard de francs CFA, soit 10 millions de francs, à la société Berrebi, basée à Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes).
La somme doit être versée courant 1993 mais après quatre versements d'un total d'environ six millions de francs, le Congo ne paie plus. Le 8 novembre 2000, la cour d'appel d'Aix-en-Provence condamne ainsi le Congo à verser plus de quatre millions d'euros. Mais rien n'y fait et le litige perdure.
• Pourquoi DSK est-il visé par cette plainte ?
En 2010, alors que Dominique Strauss-Kahn est directeur général du FMI, le Congo devient éligible à l'initiative du fonds en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) et voit donc sa dette annulée par le Club de Paris et la France. Le montant de la créance de Serge Berrebi a alors considérablement gonflé du fait des intérêts.
Or, selon ce dernier, l'une des conditions posées par le FMI à l'effacement de la dette congolaise était que le pays règle un certain nombre de contentieux commerciaux privés, dont le sien. Or, des falsifications auraient conduit à ce que sa créance ne rentre plus dans ce cadre.
Pour preuve de ces malversations, le Cannois évoque des tableaux du FMI qui détaillent l'état des contentieux du Congo en septembre 2008 et septembre 2009. Dans ces documents que l'AFP a pu consulter, la créance envers la société Berrebi, présentée en 2008 comme ayant fait l'objet d'un jugement définitif pour un montant de 12,7 millions de dollars, apparaît en 2009 comme sujette à une procédure toujours en cours, pour un montant réduit à 6,1 millions.
Pourtant, aucune suite judiciaire n'est intervenue depuis l'arrêt rendu en 2000, selon Serge Berrebi, qui souligne que d'autres contentieux privés ont en revanche été réglés par le Congo.
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