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La justice ouvre une enquête préliminaire après de nouvelles accusations de violences contre un des policiers mis en examen dans l'affaire Théo

Mohamed K., un jeune homme de 22 ans, affirme avoir été roué de coups, fin janvier, par un policier accusé d'avoir participé au viol présumé de Théo.

Article rédigé par franceinfo
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Des milliers de personnes manifestent à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les violences policières, le 11 février 2017. (MICHEL STOUPAK / CITIZENSIDE / AFP)

Le parquet de Bobigny annonce, mardi 14 février, l'ouverture d'une enquête préliminaire après de nouvelles accusations visant l'un des policiers mis en examen dans l'affaire Théo. Le fonctionnaire, soupçonné d'avoir participé au viol présumé du jeune homme de 22 ans, aurait également roué de coups un ami de Théo, fin janvier. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, avait saisi mardi l'Inspection générale de la police nationale, après la publication par L'Obs du témoignage de Mohamed K.

Mohamed K. a raconté à l'hebdomadaire avoir été passé à tabac par plusieurs policiers le 26 janvier dernier, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il voit d'abord un "homme de grande taille, vêtu d'un manteau à capuche avec de la fourrure", poursuivre un adolescent dans la rue. "Il a fait une balayette au petit à cinq mètres de moi. Je suis intervenu, j’ai demandé ce qui se passait", poursuit le jeune homme de 22 ans. L'homme lui explique être de la police, avant de procéder à l'interpellation de l'adolescent.

"Ils me traitent de 'sale Noir', me crachent dessus"

Mais l'affaire ne s'arrête pas là, selon Mohamed K. Alors qu'il continue sa route, deux policiers l'interpellent, quelques mètres plus loin. L'un d'eux est l'homme à la capuche. "Ils me disent 'viens là, toi aussi on va te fouiller'", détaille le jeune homme. Les deux fonctionnaires l'emmènent alors vers l'entrée d'un bâtiment, où se trouve un de leurs collègues. 

On le connaît dans le quartier, c’est le même que celui qui a pénétré Théo avec sa matraque. Tout le monde l’appelle "Barbe Rousse".

Mohamed K.

à "L'Obs"

Les trois hommes le jettent violemment au sol dans le hall de l'immeuble. "Ils me frappent, coups de pied, coups de poing au visage, dans le ventre, dans le dos, je saigne parce qu’ils m’ouvrent le crâne, je leur dis que je suis essoufflé, ils me traitent de 'sale Noir', de 'salope', ils me crachent dessus", raconte Mohamed K. Un des policiers le menace, assure-t-il, "à bout portant avec son Taser".

Placé en garde à vue pour "outrage et rébellion"

Alertés par les cris du jeune homme, des voisins ouvrent la porte, avant de la refermer précipitamment. Mohamed K. affirme que les violences durent plus d'une demi-heure. "Ils me mettent des menottes. (...) Je n'ai plus d'équilibre, je tombe par terre. On écrase mon visage, on me crache dessus", détaille-t-il au micro de BFMTV. 

Finalement, les policiers le transfèrent dans leur véhicule. Il y est une nouvelle fois roué de coups et traité de "sale Noir". 

Le jeune homme est placé en garde à vue pour "outrage et rébellion", avant d'être emmené à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy (Seine-Saint-Denis). Après avoir été soigné, Mohamed K. "supplie de ne pas retourner en garde à vue". "Une infirmière me soutient. Le médecin se tait, affirme-t-il. [Il] me dit seulement : 'je t'ai mis cinq jours [d'interruption temporaire de travail], tu retournes au commissariat'."

L'IGPN saisie de l'affaire

La garde à vue de Mohamed K. dure 24 heures. A sa sortie, un fonctionnaire l'informe que les trois policiers ont porté plainte contre lui parce qu'il s'est débattu lors de son arrestation. Dans un premier temps, le jeune homme choisit de ne pas porter plainte "parce [qu'il vient] de trouver du travail et [qu'il ne peut pas] se permettre de risquer de le perdre". Mohamed K. change d'avis après l'interpellation violente de Théo, une semaine plus tard. Il entend désormais se retourner contre les policiers. Les deux jeunes hommes sont défendus par Eric Dupond-Moretti.

Après la révélation de ce témoignage dans L'Obs, le ministre de l'Intérieur a saisi la police des polices afin d'ouvrir une enquête administrative. "Je ne veux rien laisser passer mais je ne fais pas d'amalgame, a expliqué Bruno Le Roux. Quand il y a des comportements qui doivent être sanctionnés, ils le sont."

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