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Expulsions des étrangers radicalisés : "On bascule dans le fascisme" en concentrant le débat "uniquement sur les étrangers", selon Sandrine Rousseau

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Article rédigé par franceinfo
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Après l'attentat d'Arras, Gérald Darmanin a demandé aux préfets d'accélérer les expulsions d'étrangers radicalisés en situation irrégulière. Or, "l'expulsion n’est pas la solution à tout" car "la menace est multiple en France", selon la députée EELV-Nupes, vendredi sur franceinfo.

"Le débat politique se concentre uniquement sur les étrangers. On est en train de basculer dans le fascisme parce qu’on concentre nos efforts uniquement sur les étrangers", déplore Sandrine Rousseau, députée EELV-Nupes de la 9ème circonscription de Paris, sur franceinfo vendredi 20 octobre. L'élue écologiste reproche au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin d'entretenir "le discours selon lequel la menace ne vient que de l'étranger", en répétant "dormez bien braves gens [...] nous allons expulser du matin au soir".

Après l'attentat dans un lycée d'Arras le 13 octobre dernier, le ministre de l'Intérieur a affiché sa "fermeté" face aux étrangers "considérés comme dangereux par les services de renseignement" dont il demande "l'expulsion systématique". Il a demandé aux préfets d'accélérer les expulsions de 193 étrangers radicalisés en situation irrégulière. Expulser, "c'est devenu le mot magique", tacle Sandrine Rousseau qui demande "à mesurer l'impact" de ces procédures d'expulsion. Selon elle, Gérald Darmanin "essaie de montrer qu'il maîtrise la situation". Or, "l'expulsion n’est pas la solution à tout" car "la menace est multiple en France"

"L'extrême droite fait aussi partie des menaces. En disant que la seule menace actuellement en France, c'est l'attentat islamiste, on rentre dans le discours selon lequel il y a une espèce de conflit de civilisation, un conflit de religions." 

Sandrine Rousseau, députée EELV-Nupes

sur franceinfo

Sandrine Rousseau estime que la politique migratoire du gouvernement "est à côté de la réalité migratoire", car "il y a plein de gens qui arrivent en France qui ne sont non seulement pas dangereux, mais qui en plus servent l'économie française". Il est "peu probable" qu'elle vote pour le projet de loi Immigration. Le ministre de l'Intérieur veut y intégrer une disposition pour retirer son titre de séjour à un étranger qui adhère à une "idéologie jihadiste radicale". Mais Sandrine Rousseau estime que "s'il y a des personnes dangereuses dans les personnes qui migrent", la France "déjà, ne les accepte pas". Et que le pays "a tous les moyens de ne pas accepter des personnes dangereuses". Ainsi, selon elle, "c'est juste un prétexte pour durcir les conditions d'accueil de personnes qui par ailleurs ont un rôle à jouer en France". La députée plaide pour plus de "moyens judiciaires, de surveillance et humain".

La députée EELV-Nupes s'oppose également à la volonté du ministre de l'Éducation nationale de "sortir" les élèves radicalisés des établissements scolaires. Jeudi soir, Gabriel Attal a annoncé sur France 2, "travailler à des mesures" avec ses homologues au ministère de la Justice et de l'Intérieur. "S'ils sont un danger pour les autres élèves, il faut prendre des mesures de sécurisation", admet Sandrine Rousseau. Mais l'élue a "peur d'une stigmatisation de ces élèves et une condamnation presque ad vitam a être un danger pour la société", alors que ce sont "des mineurs".

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