Attaque contre "Charlie Hebdo" : où en est l'enquête ?
Les deux suspects ont rapidement été identifiés mais étaient toujours en fuite près de 48 heures après l'attentat. Neuf personnes sont en garde à vue, selon le ministre de l'Intérieur.
L'enquête progresse peu à peu. Alors que les forces d'élite traquent toujours, vendredi 9 janvier au matin, deux frères, Said et Chérif Kouachi, liés au jihadisme et soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, de nouveaux éléments ont été communiqués.
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Où sont les frères Kouachi ?
Jeudi en milieu de matinée, les frères Kouachi ont été reconnus en Picardie par le gérant d'une station-essence près de Villers-Cotterêts (Aisne) qu'ils ont agressé, dans le but de se ravitailler en nourriture. Des images de vidéosurveillance montrent, selon une source proche du dossier, que les deux hommes ne portaient pas de cagoule mais étaient armés de kalachnikov et disposaient d'un lance-roquettes dans leur voiture.
Le Raid et le GIGN se déploient alors dans une zone à cheval sur les départements de l'Aisne et de l'Oise, pour la première fois ensemble. Le niveau "alerte attentat" est étendu à la Picardie, après l'Ile-de-France. Dans un village des environs de Villers-Cotterêts, une vingtaine d'hommes du Raid casqués et lourdement armés ont entouré une maison, avant d'y pénétrer et de procéder à des investigations, tout en demandant à la presse de s'éloigner. Tout au long de la journée, des scènes identiques se sont produites dans d'autres villages et hameaux de ce secteur.
Le ratissage policier dans un secteur de surcroît très forestier s'avère long et compliqué. Vendredi matin à l'aube, les deux hommes, qui ont abandonné leur voiture, restent en fuite.
Que sait-on de nouveau sur leur parcours ?
C'est la voiture abandonnée par les fuyards, dans le 19e arrondissement de Paris, mercredi, après l'attaque, qui a permis d'obtenir des informations essentielles pour l'enquête. La police scientifique a "ratissé la voiture qui a été retrouvée. Les suspects ont laissé énormément de traces". Une dizaine de cocktails Molotov et un drapeau jihadiste ont été découverts, affirment des sources proches du dossier.
La carte d'identité de l'aîné, Said Kouachi, a aussi été retrouvée. "Les ADN ont immédiatement matché... Le nom correspond à une vieille connaissance de la police et à cette carte d'identité", a expliqué Audrey Goutard, journaliste à France 2. Jeudi après-midi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé que Said Kouachi a été "formellement reconnu sur photo comme agresseur".
Son frère, Chérif, fait partie de ce qui a été appelé "la filière des Buttes-Chaumont". Entre 2003 et 2005, sous la houlette d'un jeune prédicateur, une dizaine de jeunes, âgés de moins de 25 ans, et habitant tous dans le 19e arrondissement de Paris, sont partis rejoindre les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda. Chérif a été arrêté juste avant son départ. Le New York Times a révélé jeudi soir que Said, l'aîné, avait voyagé au Yémen en 2011, où il avait probablement reçu un entraînement.
Les deux frères "avaient fait l'objet de surveillance", mais "aucun élément incriminant susceptible d'entraîner l'ouverture d'une information judiciaire n'avait été relevé à leur encontre", a ajouté Bernard Cazeneuve.
Des complices ont-ils été identifiés ?
Des perquisitions ont eu lieu dans la soirée de mercredi au domicile supposé de Said Kouachi et chez des membres de leur famille. Au total, neuf personnes étaient en garde à vue jeudi soir, selon Bernard Cazeneuve.
Sur les quatre personnes entendues par les services de police à Reims (Marne), figurent, selon les informations du Parisien, le beau-frère et la belle-sœur de Chérif et Said. A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), une femme, vraisemblablement la compagne ou une ancienne compagne de Chérif Kouachi, serait en garde à vue. "L'adresse figurait sur le permis de conduire qui a été retrouvé dans la voiture abandonnée", indique le quotidien.
Par ailleurs, un jeune homme recherché par la police après l'attaque s'est rendu mercredi soir "vers 23 heures après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux". Mais des doutes demeurent sur son implication. Plusieurs proches de ce lycéen âgé de 18 ans affirment qu'il était en classe au moment des faits. D'après une source policière contactée par Le Monde, "aucune charge" n'a été retenue pour l'heure contre lui.
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