Attentats de janvier 2015 : Hayat Boumeddiene, veuve d’Amedy Coulibaly, "serait toujours en vie" en Syrie, selon le Parquet national antiterroriste

Hayat Boumeddiene a été condamnée pour "association de malfaiteurs terroriste" et "financement" du terrorisme lors du procès des attentats de janvier 2015.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Hayat Boumeddiene. Photo diffusée en 2015 par la police française. (AFP / POLICE FRANÇAISE)

Dix ans après les attentats de janvier 2015, la veuve du terroriste Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, "serait toujours en vie" en Syrie, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) sollicité par franceinfo, confirmant une information du journal Le Parisien. Hayat Boumeddiene avait pris la fuite quelques jours avant le meurtre de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe à Montrouge (Hauts-de-Seine) et la prise d'otages meurtrière de son mari à l'Hypercacher, tuant quatre personnes.

La fugitive a été condamnée en son absence à 30 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste lors du procès des attentats de janvier 2015. "Concernant sa localisation après sa fuite des camps du nord-est syrien, il est hautement probable qu'elle ait alors trouvé refuge dans le nord-ouest syrien", indique le Pnat à franceinfo. La justice dispose ainsi d'indices récents, alors que pendant longtemps les services de renseignement ont perdu sa trace avant de la localiser dans la province d'Idlib auprès du groupe rebelle islamiste HTC qui dirige aujourd'hui la Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad.

"La princesse de l'État islamique"

C'est en fait le témoignage d'une revenante qui a passé six ans en Syrie qui permet d'éclairer son parcours sur place sous Daech. Dans une audition devant le juge antiterroriste qui a eu lieu en juillet 2020 et que franceinfo s'est procurée, Sonia raconte la cavale de celle qui est surnommée en Syrie "la princesse de l'État islamique".

Sonia et Hayat Boumeddiene ont partagé la même maison en Syrie, la revenante assure que la veuve d'Amedy Coulibaly s'est remariée avec un Tunisien à son arrivée en Syrie et qu'elle n'a jamais eu d'enfants. Quand la coalition internationale a écrasé l'État islamique à Baghouz en 2019 Hayat Boumeddiene s'est rendue aux Kurdes, selon le récit de Sonia. "Elle aurait réussi à s'échapper grâce à des passeurs. Elle était déjà en contact avec des gens de Daech pour qu'ils la fassent sortir", indique-t-elle au juge antiterroriste pendant son audition. "Il y avait un émir qui avait dit à des femmes sur internet de préparer des bonnes chaussures de marche pour tenir deux jours de marche car [les passeurs] allaient venir", raconte Sonia.

Selon cette revenante, le projet d'Hayat Boumeddiene "était de rester sur zone et de retourner dans un autre califat car c'est ce qu'ils promettaient". Dans sa fuite en 2019, Hayat Boumedienne a appelé en France sa sœur adoptive Sadia, pour lui dire qu'elle n'était pas morte et pour l'inciter à la rejoindre faire le jihad avec elle. Depuis, Hayat Boumeddiene échappe aux services de renseignement et reste insaisissable, alors que la Syrie traverse une phase de transition politique incertaine et que les cellules dormantes de Daech menacent toujours.

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