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Attentats terroristes : les moments-clés du sans-faute de François Hollande

Selon plusieurs sondages, le président de la République à été à la hauteur des événements depuis l'attaque de "Charlie Hebdo". Francetv info revient sur les temps forts de sa gestion des événements avec l'aide de politologues.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
François Hollande, le 13 janvier 2015, à la préfecture de police de Paris, lors d'une cérémonie en hommage aux trois policiers tués dans les attentats.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

"On n'a rien saisi du tout, c'est la situation qui nous a saisis." Cité par Le Parisien mercredi 14 janvier, François Hollande refuse de s'attribuer les bénéfices de la bonne gestion des événements qui ont secoué la France, les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et du magasin casher de la Porte de Vincennes, et poussé des millions de Français dans la rue pour défendre la liberté.

Ces derniers semblent estimer que le président de la République a été à la hauteur. Neuf sur dix sont de cet avis, selon un sondage CSA pour BFMTV. Un sentiment partagé par Nicolas Sarkozy. Sur RTL, l'ancien adversaire de François Hollande à la présidentielle a reconnu que son successeur avait "fait ce qu'il fallait faire". Certes, une union nationale est née spontanément, que rien n'a balayé dans les jours suivants. Cependant, le chef de l'Etat a su en tirer pleinement parti. 

Avec l'aide de politologues, francetv info revient et décrypte les temps forts de cette "séquence" présidentielle.

Il se rend sur le champ à Charlie Hebdo

Il est 12h45, ce mercredi 7 janvier, quand François Hollande arrive au siège de Charlie Hebdo. Une heure et quart seulement après l'attaque des frères Kouachi. Le président vient se porter au chevet des victimes, sans se préoccuper de sa propre sécurité, comme le rapporte Le Monde. Devant les caméras, il évoque alors "un acte d’une exceptionnelle barbarie (...) contre un journal, c’est-à-dire l’expression de la liberté" et "contre des journalistes" et des policiers, tous "lâchement assassinés".

Pour le politologue de Pollingvox, Jérôme Sainte-Marie, le président "a saisi immédiatement l'importance de l'événement. On a une réaction directe, frontale, qui correspond totalement à la gravité des faits ". Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'Opinion Way, nuance : "Sa venue était moins une présence vis-à-vis de l'opinion publique que vis-à-vis des victimes du drame que, pour certains, il connaissait".

Il s'adresse à la nation et décrète un deuil national

A 20 heures, mercredi, François Hollande est une nouvelle fois à la manœuvre et devant les caméras. Dans une allocution solennelle télévisée, il a annonce une journée de deuil national, jeudi, en mémoire des "héros" victimes de l'attentat, une décision rarissime en France"L'important, c'était surtout le fait de parler, et je note que très peu de gens sont entrés dans le discours. Parce que l'émotion était si forte que ce n'était pas le moment de polémiquer, note Bruno Jeanbart. La seule chose importante était qu'il prenne la parole." 

Au-delà de l'émotion, Jérôme Sainte-Marie note que le chef de l'Etat a surpris par "sa capacité à se glisser dans le rôle du président qui rassure la population, à la manière d'un De Gaulle ou d'un Mitterrand. Les gens n'ont pas eu l'impression d'être victimes des communicants de l'Elysée". 

Il réussit l'unité nationale

L'union nationale à laquelle il a appelé, François Hollande l'applique en invitant tous les représentants des partis politiques à l'Elysée. Un rôle qui lui permet alors de prendre de la hauteur vis-à-vis des autres leaders politiques, dont Nicolas Sarkozy, mais aussi une manière d'envoyer "un signal d'ouverture", note Bruno Jeanbart. "On voit bien qu'il a réussi à entraîner l'ensemble des formations politiques dans cette logique. L'événement lui-même prêtait à cela, c'est vrai, mais il y a toujours un risque qu'une partie du jeu politique ne se mette pas en place pour ce type d'union".

François Hollande est également parvenu à éteindre la polémique lancée par le Front national, qui s'est estimé écarté de l'organisation de la marche, en recevant Marine Le Pen à l'Elysée, et en expliquant que "tous les citoyens peuvent venir" manifester. 

En chef de guerre, il est à la manœuvre lors de l'assaut

On l'avait déjà vu dans cette posture lors des offensives au Mali, ou en Centrafrique, mais cette fois-ci, le théâtre des opérations est sur le sol français. François Hollande est tenu informé en temps réel de l'évolution de la traque des frères Kouachi, puis de la situation porte de Vincennes. L'Elysée publie même sur son compte Twitter des photos du président dans la "situation room". 

Pour Jérome Sainte-Marie, c'est surtout par rapport à Manuel Valls que le président marque des points. "Ce rôle d'autorité était surtout incarné par le Premier ministre. Il y a un rééquilibrage d'image entre le Premier ministre et le chef de l'Etat, au profit de ce dernier."

Il conduit la manifestation des chefs d'Etat

Le rassemblement est sans précédent, par son ampleur mais aussi par les personnalités qui y participent. Au total, 56 chefs d'État, de gouvernement et des responsables d'institutions internationales se sont déplacés à Paris pour marcher contre le terrorisme, dimanche. En première ligne dans le cortège : le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son homologue britannique, David Cameron...

Un événement devenu international, qui a montré, selon Jérome Sainte-Marie, "que François Hollande n'est pas secouru par les chefs d'Etat étrangers, mais qu'il les reçoit à ses conditions. Il a donné l'impression de leur faire faire ce qu'il voulait. C'est une démonstration de puissance symbolique tout à fait étonnante et qui lui vaudra certainement un très grand crédit dans l'opinion publique française".

Bruno Jeanbar est, quant à lui, moins persuadé de l'impact de cette image des dirigeants côte à côte. "On retiendra surtout des millions de citoyens descendus dans la rue." Mais il reconnaît que François Hollande a prouvé que "lorsqu'il se passe des événements de cette nature en France, cela avait un retentissement à l'étranger, et que la France restait un pays à part dans le monde."

Il fait même rire (malgré lui), les survivants de "Charlie Hebdo"

Malgré le recueillement et l'abattement, François Hollande est parvenu, malgré lui, a redonner le sourire quelques instants aux survivants de Charlie Hebdo. L'anecdote est rapportée par Le MondeAlors que le président serrait dans ses bras l'urgentiste et chroniqueur de l'hebdomadaire Patrick Pelloux, un oiseau lui a " chié sur l'épaule", raconte sur Facebook Camille Delalande, la compagne de Luz. "Trop bon, ce Hollande, il a réussi à nous filer un fou rire !", s'amuse-t-elle.

 Il se porte au chevet de la communauté juive 

Moment intense supplémentaire au cours de ce dimanche 11 janvier, François Hollande se rend, après la manifestation, à la grande synagogue de Paris pour rendre hommage, en compagnie de Benyamin Nétanayhou, aux otages tués par Amedy Coulibaly. Selon Bruno Jeanbart, le chef de l'Etat a évité un écueil, et n'a pas "donné l'impression qu'il y avait un traitement différentiel des victimes. On a bien vu qu'il y a très vite eu, dans l'opinion, des réactions pour ne pas parler seulement de celles de Charlie Hebdo, mais aussi des autres victimes de ces drames. Il a répondu à ce sentiment général dans le pays". 

Il rend hommage aux forces de l'ordre

Scènes rares durant la marche contre le terrorisme : des "merci la police ! La gendarmerie aussi !" ont été scandés dans le cortège en hommage aux assauts réussis par le GIGN et le Raid, et aux trois membres des forces de l'ordre tués par les terroristes. Un hommage poursuivi par François Hollande à la préfecture de police de Paris, mardi 13 janvier, où il a présidé une cérémonie en mémoire d'Ahmed Merabet, Franck Brinsolaro et Clarissa Jean-Philippe. Après avoir décoré à titre posthume les trois policiers de la Légion d'honneur, il s'est incliné, en silence, devant leurs cercueils.

Un moment fort de nouveau bien géré par le président, selon Jérome Sainte-Marie : "Ce qui se jouait là, c'est la capacité du chef de l'Etat à faire reculer le stéréotype d'une gauche laxiste et qui ne soutient pas suffisamment les forces de l'ordre".

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