"Charlie Hebdo" : la pire attaque terroriste en France depuis au moins cinquante ans
L'assaut contre les locaux du journal satirique a fait au moins douze morts, mercredi matin. Retour sur les principaux attentats et les principales attaques terroristes qui ont frappé l'Hexagone dans les dernières décennies.
L'attaque est inédite par son ampleur en France. Mercredi 7 janvier, on dénombrait douze morts au siège de Charlie Hebdo, après un assaut de deux ou trois hommes armés. L'Hexagone n'avait pas été frappé aussi durement sur son sol par un attentat depuis, au moins, cinquante ans : en 1961, le déraillement du train Paris-Strasbourg avait fait 28 morts, mais l'incertitude demeure à ce jour sur l'origine du drame : il pourrait s'agir d'un attentat perpétré par l'OAS ou d'un accident.
Deloire (RSF) : "C'est du jamais vu dans l'histoire de la presse française. En Afghanistan, au Mexique, oui, mais pas en France."
— fabien magnenou (@fmagnenou) 7 Janvier 2015
Voici le rappel des attaques qui ont marqué la France durant ces dernières décennies.
> Attaque contre Charlie Hebdo : les suspects sont toujours en fuite. Suivez la situation en direct
Les attaques perpétrées par Carlos (1975-1983)
Quand Illich Ramirez Sanchez, dit "Carlos", arrive en France, il s'est déjà illustré par deux attentats à Londres, en 1973. Le 27 juin 1975, à Paris, deux inspecteurs du contre-espionnage sont abattus rue Toullier, à Paris, ainsi qu'un informateur libanais. Six mois plus tard, en Autriche, Carlos investit, avec un commando, une réunion de onze ministres de pays membres de l'Opep. Il prend en otage 66 personnes et s'enfuit dans un avion de ligne, direction l'Algérie. Il libère les otages et ne fait plus parler de lui en France.
Il réapparaît dans l'Hexagone lors d'une nouvelle série d'attentats, en 1982 et 1983, destinés à "faire libérer ses amis Bruno Breguet et Magdalena Kopp", explique France Soir. Le 29 mars 1982, une bombe explose dans le train Paris-Toulouse, le "Capitole", qui transporte 300 personnes. Le train est lancé à 140 km/h, il faut deux kilomètres pour qu'il s'arrête. Cinq personnes sont tuées et 77 blessées. Le maire de Paris, Jacques Chirac, aurait dû se trouver à bord. Suivent trois autres attentats : rue Marbeuf (Paris) au journal Al Wantan Al Arabi, dans le TGV Marseille-Paris et à la gare Saint-Charles, à Marseille. Au total, ces quatre attentats à l’explosif ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983.
Carlos a été arrêté en 1994. Il purge actuellement deux peines de réclusion criminelle à perpétuité. La première prononcée en 1997 pour le meurtre des deux policiers et de l'informateur, à Paris, en 1975. La seconde, confirmée en appel en 2013, pour avoir organisé les quatre attentats à l’explosif de 1982-1983.
Les attentats contre des lieux fréquentés par des juifs (1980-1982)
Le 3 octobre 1980, une bombe dissimulée dans la sacoche d'une moto explose devant la synagogue de la rue Copernic, à Paris. Bilan : 4 morts et une vingtaine de blessés. Arrêté en 2008, le Canadien d'origine libanaise Hassan Diab est extradé en 2014 et mis en examen le 15 novembre. Considéré comme proche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), il est soupçonné d'avoir confectionné et posé la bombe.
Deux ans plus tard, le 9 août 1982, un commando de cinq tueurs entre dans le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers, dans un quartier où est implantée une importante communauté juive, à Paris. Il ouvre le feu et jette une grenade. Bilan : 6 morts et 22 blessés. Un groupe palestinien ? Des néonazis ? Plusieurs pistes ont été étudiées pour retrouver les auteurs et commanditaires de cet attentat. Mais l'enquête n'a pas permis de retrouver les tueurs.
L'attentat d'une organisation armée arménienne (1983)
Pendant l'été 1983, le 15 juillet, une bombe explose près des comptoirs d'enregistrement de la compagnie Turkish Airlines à l'aéroport d'Orly, près de Paris. L'attentat, revendiqué par l'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie, fait 8 morts et 54 blessés. En mars 1985, trois Arméniens sont condamnés pour cet attentat à la réclusion respectivement à perpétuité, 15 ans et 10 ans de réclusion criminelle.
La série d'attaques d'un réseau terroriste pro-iranien (1985-1986)
Le 17 septembre 1986, un attentat à la bombe devant le magasin Tati, rue de Rennes à Paris, fait 7 morts et plusieurs dizaines de blessés. Il s'inscrit parmi les quinze attentats (dont trois manqués) commis par le réseau terroriste pro-iranien de Fouad Ali Saleh en 1985 et 1986. Au total, on dénombre 13 victimes de ce réseau lié au Hezbollah libanais et 303 blessés dans ces attentats qui ont visé un cinéma parisien, les Galeries Lafayette ou encore la cafétéria Casino du Centre commercial de la Défense...
Fouad Ali Saleh, dit "Ali le Tunisien", a été arrêté en 1987 par la DST. Il a été condamné à la perpétuité en 1992.
La vague d'attentats de 1995
En 1995, la France subit une série d'attentats. D'abord, le cheikh Sahraoui, cofondateur du Front islamique du salut (FIS, algérien) est tué dans une mosquée parisienne. Ensuite, une bombe explose dans une rame du RER à la station Saint-Michel, en plein cœur de Paris, le 25 juillet 1995. Bilan : 8 morts et 119 blessés. Suivent la découverte de bombes artisanales et plusieurs explosions qui ne font pas de morts, mais des blessés. A la fin de l'été, on dénombre plus de 200 blessés, en plus des huit morts.
Ces attentats sont attribués aux extrémistes islamistes algériens du GIA. En 2002, deux hommes sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois de ces attentats.
Par ailleurs, le 3 décembre 1996 un attentat à l'explosif dans une rame du RER B à la station Port-Royal, à Paris, fait quatre morts et 91 blessés. Cette action terroriste, perpétrée avec une bonbonne de gaz, présente des similitudes avec la vague d'attentats de 1995.
L'affaire Mohamed Merah (2012)
En huit jours, Mohamed Merah, âgé de 23 ans, abat sept personnes. Les 11 et 15 mars 2012, il tue trois militaires par balles dans la rue, à Toulouse et à Montauban. Quatre jours plus tard, le 19 mars, trois enfants et un enseignant d'un établissement scolaire juif de Toulouse sont à leur tour tués en pleine rue. Mohamed Merah est finalement localisé le 21 mars et tué le lendemain par le Raid, qui assiégeait son appartement toulousain.
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