"Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés" : à son procès, Peter Cherif nie toujours toute implication dans les attentats de 2015

Soupçonné d'être le commanditaire des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hypercacher, le jihadiste français Peter Cherif comparaît devant la cour d'assises de Paris à partir de lundi. Il est poursuivi pour "association de malfaiteurs terroriste".
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Peter Cherif est entendu pour la première fois par la cour d'assise spéciale de Paris le 16 septembre 2024. Il est soupçonné d'être le commanditaire des attentats de Charlie Hebdo en 2015. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

C'est l'un des plus anciens jihadistes français. Le procès de Peter Cherif s'est ouvert lundi 16 septembre dans la matinée devant la cour d'assises de Paris, spécialement composée à cette occasion. Arrêté tardivement en 2018 à Djibouti, il n'avait pas pu être jugé au moment du procès des attentats de janvier 2015, il y a quatre ans. Soupçonné d'être le commanditaire de l'attaque de 2015, Peter Cherif est poursuivi par la justice pour "association de malfaiteurs terroriste", après sept ans passés dans les rangs d'Al Qaida dans la péninsule arabique.

L'accusé est présent pour la première fois dans un box. Son allure contraste avec sa dernière apparition en salle d'audience. C'était il y a quatre ans, lors du procès des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, il était alors entendu comme témoin en visioconférence depuis sa prison de Bois d'Arcy, dans les Yvelines. Il était apparu à l'écran, avachi sur sa chaise et en sweat à capuche. Il récitait des sourates du Coran, tout juste avait-il lâché que "non" il n’avait rien à voir avec l'attentat de Charlie Hebdo.

Le voilà désormais en costume gris cintré, chemise blanche impeccable et grosses lunettes, un masque lui cachant la moitié du visage. Peter Cherif, 42 ans, répond poliment à la juge : "Non, je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés". Les parties civiles espèrent pourtant que cette fois il s'expliquera sur son rôle au sein d'Al Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), qui a revendiqué l'attentat contre le journal. Lui a toujours nié son implication. Selon une confidence de son avocat, il ne serait pas hostile à parler si les bonnes conditions sont réunies. Il sera entendu dès mardi sur sa personnalité.

Peter Cherif a foulé toutes les terres de jihad

Le jihadiste quitte la France à 22 ans pour combattre en Irak, puis en Syrie et en Tunisie. Il passe ensuite plus de sept ans au Yémen comme cadre dans les rangs d’Aqpa. Il est arrêté à Djibouti en 2018. C’est au Yémen que la décision est prise de mener l’attaque contre Charlie Hebdo. C'est au Yémen aussi que son grand ami d'enfance, Cherif Kouachi, vient lui rendre visite. Ce dernier repart chargé d’un travail à l’extérieur, c'est-à-dire de l'attentat contre le journal satirique.

L'enquête n'a pas permis de prouver que Peter Cherif était le commanditaire mais il est jugé pour "association de malfaiteurs terroriste". Il est aussi poursuivi pour avoir été le geôlier de trois humanitaires français, pris en otage au Yémen dans une grotte pendant près de six mois en 2011. Depuis son arrestation, Peter Cherif n'a jamais accepté de parler aux juges. Il avait confié à l'un de ces codétenus se désoler d’être revenu dans un "pays de kouffar", un "pays de mécréants" en arabe.

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