Militaires renversés à Levallois-Perret : "Ils ont été surpris par l'attaque"
Six militaires de l'opération Sentinelle ont été renversés mercredi matin dans les Hauts-de-Seine. Pour le général Dominique Trinquand, cette attaque montre qu'il est difficile pour les soldats "de maintenir la vigilance dans une situation pacifique".
Six militaires de l'opération Sentinelle ont été renversés mercredi 9 août par un automobiliste qui a pris la fuite à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), près de Paris. "Ces militaires ont été surpris par l’attaque, a estimé le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies. "C'est difficile d'être vigilant dans un environnement pacifique où l’incident peut venir à n’importe quel moment". Il a notamment appelé à revoir les dispositions de combats en zone urbaine, avec "des patrouilles qui fonctionnent comme en état de guerre".
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franceinfo : Partagez-vous le diagnostic selon lequel les militaires ne seraient pas assez bien formés ?
Dominique Trinquand : Ces militaires jouent le rôle de paratonnerre. Ils sont assez formés et assez équipés. Normalement, ils agissent sur des théâtres d’opérations où le danger est permanent comme au Mali et au Moyen-Orient. Lorsque vous êtes en France, vous êtes en situation de paix. C'est difficile de rester vigilants dans un environnement pacifique mais où l’incident peut venir à n’importe quel moment. Les policiers se trouvent dans la même situation.
Faut-il mettre en cause l’équipement des militaires qui ne serait pas assez adapté, comme le gilet pare-balles, par exemple, qui est trop lourd et qui empêche de courir ?
Oui, il empêche de courir mais ce qu’on demande aux militaires, c’est de tirer et d’arrêter la voiture. A l’évidence, c’est une attaque très bien préparée. On le voit dans le choix du lieu et de l’horaire de l’attaque. C’est là que les militaires habitent et l’heure était celle de la relève, un moment délicat car il y a une baisse d’attention. C’est aussi un endroit où il n’y a pas de voiture normalement or le véhicule était là, en veille et attendait. Dès qu’elle a vu les militaires, elle a foncé dessus, c’était une attaque ciblée. En revanche, on peut se poser des questions de la riposte des militaires : y avait-il des dispositions de combat qui avaient été prises ? Au moment de la relève, y avait-il deux militaires prêts à tirer pendant que les autres faisaient leurs échanges de consignes ? Ils ont été surpris par l’attaque. Dans une routine civile, c’est difficile de passer à l’échelon supérieur qui est l’ouverture du feu.
Après la démission de Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, comment est l’ambiance dans les casernes ?
C’est un secret pour personne qu’il y a eu une rupture de confiance. Je voudrais rappeler que le président Macron a demandé à ce que l’opération Sentinelle soit revue. Il est important que les méthodes soient encore mieux adaptées tout comme les dispositions de combat. Il faut des patrouilles qui fonctionnent comme en état de guerre. En ville, cela peut étonner, dans une rue où les gens sont en short et font leur course mais c’est le prix à payer pour arriver à neutraliser des attaquants comme il y a eu ce matin.
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