Attaque sur un marché de Noël à Magdebourg : critiqué, le gouvernement allemand promet de faire toute la lumière sur le drame

Depuis vendredi soir, les questions fusent sur les raisons qui ont poussé le suspect, un médecin saoudien de 50 ans, à commettre l'attaque et sur d'éventuels défauts d'alerte malgré des signaux inquiétants.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des personnes se recueillent devant la cathédrale de Magdebourg, en Allemagne, le 22 décembre 2024, deux jours après qu'une attaque à la voiture-bélier a fait cinq morts et des dizaines de blessés graves sur un marché de Noël. (KLAUS-DIETMAR GABBERT / DPA / AFP)

Le drame de Magdebourg aurait-il pu être évité ? Des alertes ont-elles été ignorées ? Deux jours après l'attaque à la voiture-bélier qui a fait cinq morts et quelque 200 blessés dans le marché de Noël de cette ville du nord-est de l'Allemagne, le ministère de l'Intérieur assure, dans un communiqué publié dimanche 22 décembre, que toute la lumière sera faite sur ces zones d'ombre concernant d'éventuels manquements et erreurs dans la prévention de l'attaque. Les enquêtes des autorités de sécurité "sont menées à un rythme soutenu" et "chaque pierre sera soulevée", a assuré la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser. 

A deux mois d'élections anticipées fin février, la pression des députés sur le gouvernement du chancelier Olaf Scholz est particulièrement forte. Ainsi, la ministre de l'Intérieur et d'autres hauts fonctionnaires seront auditionnés le 30 décembre par la commission des affaires intérieures du Bundestag. 

Dans ce contexte politique très tendu, le gouvernement est vivement critiqué. "L'impéritie de l'administration, qui a permis l'horreur de Magdebourg, laisse sans voix", a déclaré la cheffe de file de l'extrême droite allemande, Alice Weidel. La responsable de la gauche radicale, BSW, Sahra Wagenknecht, a quant à elle exigé des explications, après qu'un "si grand nombre de mises en garde ont été ignorées".

Des questions en suspens sur le profil du suspect 

Présenté à un juge samedi soir, le suspect de l'attaque, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, a été placé en détention provisoire. "Les opinions et déclarations du suspect seront examinées de même que les indices et procédures auprès des différentes autorités et de la justice, afin d'en tirer les conclusions appropriées", a souligné Nancy Faeser. Ce médecin saoudien de 50 ans "a agi de manière incroyablement cruelle et brutale, à la manière d'un terroriste islamiste, bien que son idéologie semble être celle d'un opposant à l'islam", a poursuivi la ministre de l'Intérieur, dans son communiqué de dimanche, rappelant qu'il s'agit d'un profil "qui ne correspond à aucun profil connu". 

Or, selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND au sujet du suspect, en raison d'un tweet dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens. Après une évaluation "de risque" en 2023, la police allemande avait jugé qu'il ne présentait pas de "danger particulier", selon les informations publiées dimanche par le quotidien Die Welt.

Des médias allemands rapportent également que, la veille de l'attaque, le psychiatre saoudien a ignoré une convocation judiciaire à Berlin, où il était poursuivi pour un esclandre dans un commissariat refusant d'enregistrer sa plainte. Autant d'éléments qui alimentent les critiques vis-à-vis de la surveillance dont il faisait l'objet. 

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