"Ça me fait un petit peu peur" : après l'attaque de Magdebourg, les manifestations de l'extrême droite inquiètent les défenseurs des droits des étrangers
Le recueillement n’aura pas duré longtemps en Allemagne, après l'attaque du marché de Noël de Magdebourg, vendredi 20 décembre. Au moins cinq personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dans cette attaque à la voiture-bélier commise par un médecin saoudien de 50 ans. Alors qu'une veillée funèbre était organisée dans la cathédrale de cette ville de l'est de l'Allemagne, samedi soir, 2 000 néonazis se sont rassemblés sur une place centrale. Ces militants venus de tout le pays ont défilé dans les rues, cagoulés et agressifs, scandant des slogans comme "l’Allemagne, tu l’aimes ou tu la quittes" ou encore "remigration, maintenant".
En pleine campagne électorale, les partis concourant pour l’élection au Bundestag se sont accusés mutuellement de récupération. Les adversaires du parti d'extrême droite AfD ont dénoncé son cynisme, car l’auteur du raid meurtrier affichait constamment ses sympathies pour la formation d’extrême droite sur les réseaux sociaux. Plusieurs responsables de l'AfD ont également pris position publiquement en faveur d’une remigration par millions, mais le parti compte bien capitaliser sur la peur et les doutes en organisant une manifestation, lundi, à Magdebourg.
Les mineurs étrangers encouragés à ne pas se rendre à Magdebourg
En prévision du rassemblement d'extrême droite, Alexandre Mochée, qui dirige un centre d’accueil pour mineurs étrangers, va leur donner des consignes. "Le conseil sera donné évidemment à nos jeunes de ne pas sortir, de ne pas prendre le train pour Magdebourg", "à deux stations d'ici avec le train", explique-t-il. Les images de la manifestation néonazie de samedi soir "suffiront à les calmer et à leur couper l'envie d'aller à Magdebourg", estime-t-il.
"Ça me fait un petit peu peur dans le sens où les gens que j'encadre sont des gens de 16 à 18 ans qui, à force de voir ces images de haine se répéter, de clichés anti-étrangers, peuvent se dégoûter d'un pays pour lequel ils avaient tant d'illusions", affirme Alexandre Mochée.
La candidate AfD à la chancellerie, Alice Weidel, doit prendre la parole lors du rassemblement de lundi. Pour la première fois, un sondage réalisé par l'INSA l’a donnée, dimanche, en tête des intentions de vote. Cette enquête avait été réalisée avant l'attaque meurtrière de vendredi.
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