: Reportage "Les gens doivent se serrer les coudes" : la population de Magdebourg sous le choc après l'attaque sur le marché de Noël
Une voiture qui fonce dans la foule et des images terribles. Le bilan s'est alourdi à cinq morts et plus de 200 blessés, dont 40 dans un état grave après l'attaque à la voiture-bélier en Allemagne sur le marché de Noël de Magdebourg. Aujourd'hui cette ville moyenne de 250 000 habitants est sous le choc alors que l'enquête se poursuit pour comprendre les motivations du principal suspect : un médecin saoudien de 50 ans, réfugié et qualifié "d'islamophobe" par la ministre de l'Intérieur allemand.
À côté du parvis de l'église à Magdebourg, un trompettiste joue un air triste. Devant lui, à deux pas du marché de Noël, les fleurs et les bougies s'accumulent en hommage aux victimes. Toujours ce même reflexe des anonymes quand l'horreur frappe à la porte. Il y a ceux qui se disent qu'ils ont échappé de peu à la mort. Un étudiant explique qu'il arpentait les allées du marché une heure seulement avant que la voiture vienne faucher la foule sur 400 mètres. Il y a cette jeune femme, qui n'a plus de mots, "c'est trop dur".
"C'est une tragédie", déclare Oliver, venu avec sa fille âgée de 7 ans. Il observe ce marché de Noël qui n'a plus rien de festif, barricadé et cerné par les policiers. Les couvertures de survie ont été abandonnées là. "C'est difficile d'expliquer aux enfants ce qu'il vient de se passer ici, explique Oliver, mais c'est important que les gens se serrent les coudes en tant que communauté pour partager des sentiments de paix et de liberté. Oliver s'interroge sur les dispositifs de sécurité : "Ce n'était pas suffisant, malheureusement." Mais il le promet, si c'est possible, il reviendra sur le marché. "La vie doit continuer."
Une tragédie déjà rattrapée par le contexte électoral
Le silence et le recueillement sont balayés le temps d'une protestation de militants de l'AFD, le parti d'extrême droite allemand. Le chancelier Olaf Scholz est conspué alors qu'il quitte le marché de Noël. "Le gouvernement a ouvert les frontières", affirme Daniela. Selon elle, "tous ces gens, beaucoup trop de gens posent problème. Ils sont venus sur notre terre et ne respectent pas notre culture".
Daniela regarde le marché de Noël et estime que "le bonheur est mort. Nos jours de Noël sont morts". Celle qui vote pour l'AFD veut croire que "tout changera en votant". La tragédie est déjà rattrapée par le contexte électoral et ces élections anticipées du 23 février. Mais pour l'heure, Magdebourg est encore dans le chagrin.
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