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"Aujourd'hui, ça n'est plus un piège" : 20 ans après l'incendie meurtrier, le tunnel du Mont-Blanc est devenu une référence mondiale en termes de sécurité

Le tunnel est équipé de 37 abris creusés dans la montagne et de 157 caméras.

Article rédigé par Benjamin Mathieu - édité par Julien Pasqualini
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée du tunnel du Mont-Blanc côté français, le 22 mars 2019. (BENJAMIN MATHIEU / FRANCE-INFO)

Vingt ans après, le souvenir du drame vécu dans le tunnel du Mont-Blanc est encore très présent. Le 24 mars 1999, un camion prenait feu au milieu du tunnel et provoquait un immense brasier, les températures dépassant les 1 000 degrés. 39 personnes trouvèrent la mort. Les familles des victimes se réunissent dimanche 24 mars dans la matinée pour une commémoration en présence de la ministre des Transports, Elisabeth Borne.

Après la catastrophe, les normes de sécurité ont été entièrement revues dans le tunnel. De nombreux aménagements ont été effectués pour un montant de 400 millions d’euros. "Sur la gauche, vous avez 37 abris, détaille Erika Noro, qui s’occupe de faire visiter le tunnel pour la société qui le gère. Vous les trouvez tous les 300 mètres, et ces abris ont été creusés à l'intérieur de la montagne."

70 pompiers se relaient sur le site

En plus des abris, et des 157 caméras, 70 pompiers professionnels se relaient en permanence sur le site aux deux sorties mais aussi dans le tunnel. Au milieu de l'ouvrage se trouve l'un des postes de sécurité. 

On arrive à sortir dans le tunnel en une minute trente, deux minutes maximum. Comme cela, il y a quelqu'un sur l'événement en cinq minutes.

André Parisi, pompier

à franceinfo

Les pompiers disposent également d’un véhicule, unique au monde : le "Protéus", un nouveau camion prototype disposant de 12 000 litres d'eau et équipé d'une thermocaméra pour pouvoir avancer dans la fumée. Depuis la réouverture du tunnel en 2002, aucun incident majeur n’est à déplorer même si les pompiers interviennent presque 300 fois par an pour des dépannages ou des petits incidents. 

Le "Protéus", camion de pompiers équipé d'une thermocaméra pour pouvoir conduire dans la fumée.  (BENJAMIN MATHIEU / FRANCE-INFO)

Tous ces investissements font désormais du tunnel du Mont-Blanc une référence mondiale. "Il y a des gens qui sont venus du Canada, des États-Unis, du Japon, de Hong-Kong pour observer nos dispositifs, nos méthodes de travail", assure Grégory Schawarshaupt, directeur français du groupement européen d’intérêt économique du tunnel. 

En redescendant vers la vallée côté français, dans une épingle à cheveux, on aperçoit le mémorial dédié aux 39 victimes de l'incendie de 1999. Marie-Ange Chantelot, présidente de l’association des familles de victimes, a perdu sa mère, sa sœur et son gendre ce jour-là. Vingt ans après, la douleur est toujours là. "Certaines familles ont encore du mal à faire leur deuil", explique-t-elle. Mais selon elle les normes de sécurité ont considérablement changé. "Pour avoir pris le tunnel avant et après, effectivement aujourd'hui, ça n'est plus un piège", poursuit-elle. 

Le mémorial dédié aux 39 victimes de l'incendie du tunnel du Mont-Blanc de 1999. (BENJAMIN MATHIEU / FRANCE-INFO)

Mais même si la sécurité a été particulièrement renforcée, le travail de pédagogie menée par l’association est encore nécessaire. "On se rend compte que la routine se réinstalle, et ce n'est certainement pas mauvais d'en reparler un petit peu pour continuer à faire en sorte qu'ils ne soient pas morts pour rien", conclut Marie-Ange Chantelot.

En attendant la liaison de ferroutage Lyon-Turin, annoncée en 2038, le tunnel du Mont-Blanc demeure, avec ses 1 600 camions par jour, l’axe majeur de circulation pour le transport de marchandises.

Le reportage de Benjamin Mathieu

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