Ce que l'on sait de l'agression d'une adolescente devant son collège à Montpellier
La ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, souhaite que "toute la lumière [soit] faite sur cet acte insupportable". Une adolescente de 13 ans a été rouée de coups devant le collège Arthur-Rimbaud de Montpellier (Hérault) mardi 2 avril. Hospitalisée, Samara est sortie du coma mercredi et devrait pouvoir être entendue jeudi, a fait savoir le parquet.
Trois mineurs ont été placés en garde à vue dans cette affaire et sont entendus "du chef de tentative de meurtre sur mineur de moins de 15 ans", a précisé le procureur Fabrice Belargent. Ils vont être présentés "au parquet en vue de l'ouverture d'une information judiciaire pour tentative d'homicide volontaire sur mineure" et l'un d'eux va être placé en détention provisoire, selon un communiqué du parquet.
La ministre de l'Education nationale a annoncé jeudi sur BFMTV qu'une "mission flash" serait menée à partir de vendredi pour comprendre les circonstances de cette agression. intervenue, selon la mère de la victime, dans un contexte de harcèlement. Franceinfo vous résume ce que l'on sait.
Samara a été rouée de coups à la sortie
L'agression s'est produite mardi aux alentours de 16 heures devant ce collège situé dans le quartier de La Mosson-La Paillade, au nord-ouest de Montpellier. L'adolescente de 13 ans a été rouée de coups à la sortie de l'établissement par trois personnes. Selon le témoignage d'une témoin recueilli par France Bleu, "c'était un guet-apens" qui a duré "pendant une heure" jusqu'au "dernier coup, quand ils l'ont fait tomber et que son crâne était en sang".
La victime s'est relevée difficilement ; peu de temps après, Samara a convulsé, avant de tomber dans le coma. Transportée au Centre hospitalier universitaire Lapeyronie, l'élève a été admise avec un pronostic vital engagé. Ses jours ne sont désormais plus en danger, a annoncé le parquet de Montpellier. Selon sa mère, qui a témoigné sur franceinfo jeudi, sa fille "était très perturbée au réveil", souffre d'une "amnésie partielle" et "est traumatisée".
Trois mineurs ont été placés en garde à vue
Une des camarades de Samara, une mineure âgée de 14 ans, a été interpellée mercredi matin et placée en garde à vue. Entendue "du chef de tentative de meurtre sur mineure de moins de 15 ans", elle a reconnu avoir porté les coups, précise le parquet. Deux mineurs âgés de 14 et 15 ans, extérieurs à l'établissement, ont également été interpellés et entendus. Un seul des deux est déjà connu de la justice, d'après le procureur.
Lors de leur audition, les trois mineurs ont reconnu "avoir porté des coups à la victime", selon un communiqué du parquet. Ils vont désormais être présentés "au parquet en vue de l'ouverture d'une information judiciaire pour tentative d'homicide volontaire sur mineure". Le parquet a également requis un placement en détention provisoire pour l'un d'eux, âgé de 15 ans, "suspecté d'avoir porté les coups les plus violents".
Selon une source policière contactée par France Bleu, c'est la diffusion d'une photo sur les réseaux sociaux qui est à l'origine de l'altercation. "La tension entre les mis en cause et la victime résulterait pour partie de ces publications", confirme le communiqué du parquet. Celui-ci précise par ailleurs que lors de son audition, Samara "n'évoque pas spécifiquement à ce stade de faits de harcèlement sur une longue période la concernant".
La mère affirme que sa fille était victime de harcèlement
Sur franceinfo, Hassiba, la mère de l'adolescente agressée, rapporte que depuis "plus d'un an et demi", sa fille était victime de harcèlement scolaire, notamment par l'élève interpellée, qui "a créé un compte sur les réseaux sociaux, appelant au viol de Samara". Elle affirme qu'après l'agression, des élèves lui ont expliqué que sa fille était la "souffre-douleur du collège". "On lui crache dessus, on l'attache et on lui met du tabac dans le nez", témoigne-t-elle.
Hassiba dénonce un "loupé" dans la protection de sa fille par l'établissement scolaire, signalant avoir été appelée vers "midi et demi" par le professeur principal de sa fille, pour l'alerter sur le danger qu'elle encourait, car "il y avait plusieurs élèves et lycéens qui l'attendaient devant le collège". La mère de l'adolescente explique avoir appelé le collège pour leur demander de ne pas laisser sa fille sortir mais "le message n'est pas passé à temps".
Sur BFMTV, la mère de l'adolescente ajoute que sa fille, qui s'était teint "les cheveux en rouge" se faisait "traiter de mécréante".
La ministre Nicole Belloubet lance une "mission flash"
La ministre de l'Education nationale a annoncé jeudi sur BFMTV qu'une "mission flash" serait menée à partir de vendredi pour éclaircir le contexte de l'agression. "Je veux tout savoir", assure Nicole Belloubet, " extrêmement choquée et bouleversée par ce qu'il s'est passé". Elle promet, au terme des huit jours accordés à cette enquête administrative, d'en "tirer toutes les conséquences" si elle révélait des manquements au sein du collège : "Je puis vous assurer que mon bras ne tremblera pas."
Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron, en déplacement en Seine-Saint-Denis, avait lui invité à la prudence sur cette affaire. "J'attends le retour plein et entier des travaux de la justice, de la préfecture et du rectorat. Sur ces sujets, je n'ai jamais fait preuve de quelque faiblesse que ce soit", a déclaré le chef de l'Etat, interrogé sur le sujet.
Sophie Béjean, la rectrice de l'académie de Montpellier, refuse quant à elle de confirmer auprès de France 3 Occitanie les éléments avancés par la mère de la victime, dans l'attente des conclusions de l'enquête. Elle assure que le principal du collège "n'a pas été au courant de ce qui s'est passé avant les faits, ni même tout de suite après". Sur X, elle apporte "son total soutien à la jeune élève agressée".
Total soutien à la jeune élève agressée hier à #Montpellier. J’étais dès ce matin avec le @Prefet34 au collège Rimbaud pour rencontrer la maman, les familles et la communauté éducative.
— Béjean Sophie (@sophiebejean) April 3, 2024
L’enquête @PoliceNat34 est en cours.
Toute la lumière sera faite sur cet acte inqualifiable. pic.twitter.com/mgqJHOaXpG
Dans un communiqué publié mercredi soir, l'académie de Montpellier estime que seule l'enquête "permettra de déterminer toutes les circonstances de l'agression, y compris les éventuels faits de harcèlement qui se seraient déroulés en amont".
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