Ce que signifie concrètement l’état d’urgence
Quel impact va avoir la mise en place de l’état d’urgence en France aujourd’hui et pour les jours qui viennent ? Quel impact sur la vie publique, sur les transports, sur les manifestations culturelles et sportives ? Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé samedi les contours du dispositif.
"L’ensemble des forces de sécurité du pays sont en alerte maximale, tous les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, les militaires sont engagés pour neutraliser les terroristes et assurer la protection des Français. C’est grâce à eux que la France est et restera debout ", a-t-il dit en préambule, saluant le courage et l’efficacité des secours, des forces de l'ordre et d'intervention.
L'interdiction de toute manifestation sur la voie publique
L’état d’urgence s’applique immédiatement sur l’ensemble du territoire métropolitain, a rappelé Bernard Cazeneuve. Il implique dans certains cas la possibilité de restreindre la circulation des personnes et des véhicules dans des lieux et à des horaires déterminés. Tous les préfets ont donc la possibilité d’instaurer un couvre-feu dans les secteurs de leur départements de compétence qui leur parait être exposé à des risques importants de trouble à l’ordre public. Ils pourront également établir des périmètres de protection autour des bâtiments publics et d’édifices privés qui seraient susceptibles de faire l’objet de menaces.
L’état d’urgence implique également la possibilité d’interdire de séjour, dans tout ou partie d’un département, tout individu cherchant à entraver l’action des pouvoirs publics. Les préfets pourront par ailleurs procéder à des réquisitions de personnes ou de biens si le maintien de l’ordre public le nécessite.
Dans les zones prévues par décret, ils pourront aussi ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacle, débits de boissons et divers lieux de réunion ainsi qu’interdire toute manifestation de nature à présenter un risque pour les participants.
A Paris et dans les départements limitrophes, le préfet de police a décidé d’interdire toute manifestation sur la voie publique jusqu’à jeudi prochain. Une décision similaire a été prise par les préfets des départements de la grande couronne jusqu’à lundi.
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Renforcement des contrôles aux frontières
La cellule interministérielle de crise siège depuis 21h hier soir à l’hôtel Beauvau sans discontinuer. Un état-major opérationnel se réunit par ailleurs deux fois par jour pour piloter l’ensemble des dispositifs relevant de la compétence du ministère de l’Intérieur.
Le niveau de mobilisation de l’ensemble des forces de police et de gendarmerie a été augmenté, a dit le ministre de l’Intérieur. Par ailleurs, le rétablissement des contrôles aux frontières est effectif depuis vendredi. Les 61 principaux points de passage autorisés font l’objet de contrôles particulièrement stricts de la police aux frontières, et des douanes. Les autres points de passage sont contrôlés par des effectifs de la direction centrale de la sécurité publique, les CRS et la gendarmerie nationale.
Les contrôles des passagers voyageant depuis l’étranger vers la France en train ou par avion seront également intensifiés, ainsi que le contrôle routier. Les ports font l’objet de mesures de sûreté particulières et les gares parisiennes internationales sont prises en compte par la préfecture de police.
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— Région Île-de-France (@iledefrance) November 15, 2015
Déploiement de forces de sécurité supplémentaires sur l’ensemble du territoire
Les effectifs de la gendarmerie sont renforcés, avec 230 hommes supplémentaires à la disposition de la préfecture de police. Deux sections du GIGN sont par ailleurs repositionnées. Les armées ont aussi dégagé 1.000 militaires supplémentaires, essentiellement en Ile-de-France, qui patrouilleront dans Paris dans les prochains jours.
L’ensemble de ces renforts vient en appui des 30.000 policiers, gendarmes et militaires engagés depuis plusieurs mois à la protection de 5.000 lieux sensibles sur l’ensemble du territoire dans le cadre du plan Vigipirate, a rappelé le ministre de l'Intérieur. Les services de renseignement sont également totalement mobilisés et l’ensemble des moyens spécialisés de la sécurité civile sont prêts à intervenir en cas de besoin (gestion des risques chimiques, risques radiologiques, déminage).
L'état d'urgence a été décrété pour 12 jours. Pour le prolonger, il faut que le Parlement adopte une loi qui fixe une date d'échéance.
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