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Reportage "On aurait dit une guerre, je suis traumatisée" : le choc après une nouvelle fusillade dans les quartiers nord de Marseille

Une fusillade a endeuillé la cité Saint-Joseph, dans les quartiers nord de Marseille, mercredi 10 mai. Une mère de famille de 43 ans a été, selon les premiers éléments de l'enquête, la victime collatérale d'affrontements entre trafiquants de drogue.
Article rédigé par Hugo Charpentier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le quartier Saint-Jospeh à Marseille. (GOOGLE STREET VIEW)

La cité Saint-Jospeh, dans les quartiers nord de Marseille, se situe en haut d'un terrain vague, un ilôt de quelques immeubles. C'est là qu'une mère de famille est morte, mercredi 10 mai, dans une fusillade. Une enquête est en cours mais les premiers éléments indiquent que cette femme de 43 ans pourrait être la victime collatérale d'un énième règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants. Dans le quartier, c'est le choc et la colère face à cette violence devenue aveugle. Léa a 71 ans, elle a tout vu depuis sa fenêtre. "On aurait dit une guerre : ça tirait, les petits pleuraient ... Je suis traumatisée d'avoir vu tout ça", confie-t-elle. Comme tout les habitants du quartier, elle connaissait bien la victime. "Elle ne méritait pas de mourir, elle n'avait rien fait de mal. C'était une mère de famille, une femme sans histoire. Elle avait cinq enfants. C'est ça que je ne comprends pas : passer par là et recevoir une balle comme ça, sans avoir rien fait... Je suis née ici, j'ai 71 ans, je n'ai jamais vu ça. Je suis vraiment triste, je n'arrive pas à le supporter ..."

"Ce fléau ne s'arrêtera jamais"

De la tristesse et de la colère aussi parmi les habitants. Service public, police ... Pour Mehdi, la cité Saint-Joseph est à l'abandon. "Si une telle situation avait eu lieu sur les Champs-Elysées, que déploierait l'État ? Qu'est-ce qu'Emmanuel Macron ferait si ces problèmes-là touchaient les beaux quartiers ? interroge-t-il, amer. Parce que nous sommes issus de cités magrébines, de familles gitanes, nous ne méritons pas les mêmes droits ? Nous sommes des citoyens français, nous payons nos impôts, nous travaillons pour la France. Maintenant, il faut que l'État prenne en compte ce qui arrive, parce que ce fléau ne s'arrêtera jamais."

De son côté, Mathilde, qui élève seule ses cinq enfants, ne veut plus attendre. Elle veut partir pour se protéger de cette violence qui frappe au hasard. "Je voudrais déménager pour sauver la vie de mes enfants, explique-t-elle. Je vais tout faire pour partir parce que c'est impossible de vivre avec des enfants comme ça, dans la peur. Aujourd'hui, ma fille Linda n'a pas voulu aller à l'école, elle s'est mise à pleurer en disant : 'J'ai peur, j'ai peur.' Ce n'est plus une vie !" Cette mère de famille a déjà entamé les démarches pour quitter ce quartier et ses fréquentes scènes d'horreurs.

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