: Témoignages Fusillades à Marseille : dans le quartier de la Joliette, les habitants "choqués" veulent voir les violences "cesser"
Une nuit d'une violence extrême s'est déroulée à Marseille où selon toute vraisemblance, les règlements de compte entre trafiquants de drogue continuent de faire des ravages. Quatre fusillades en deux jours à Marseille, dont trois dans la nuit du dimanche 2 au lundi 3 avril, qui ont fait au moins trois morts et douze blessés, dont un très gravement, a annoncé le parquet dans un communiqué.
Une des fusillades a eu lieu dans le quartier de la Joliette (2e arrondissement), près du centre-ville, peu avant une heure du matin. Les cibles : trois adolescents. L'un d'eux, âgé de 16 ans, est décédé sur place. Les deux autres, 14 et 16 ans, ont été hospitalisés dans un état grave, avec pour l’un d’eux un pronostic vital engagé. Dans ce quartier pourtant réputé paisible, rien ne rappelle le drame de la nuit. Devant le 24 de la rue Vincent-Leblanc, rien n'indique qu'il y a eu une fusillade cette nuit. En face de l'immeuble, la crèche est ouverte. Une maman en sort et témoigne sous le choc : "Je suis choquée. Je suis partie déposer ma petite et j'entends ça. C'est malheureux, c'est douloureux, franchement... Il faut que ça cesse ! On ne peut plus entendre ça. C'est malheureux pour nous et pour nos enfants. On ne se sent pas en sécurité. Imaginez, je dépose ma fille et on se prend une balle perdue ? On n'a rien demandé, nous."
"C'est comme ça à Marseille"
À 1 heure du matin, il n'y avait personne dans cette rue. Des traces de sang au sol rappellent le drame et les trois adolescents pris pour cible par des tueurs. Un jeune coiffé d'une casquette, l'air accablé, dit connaître les victimes : "C'était vraiment mon collègue, assure-t-il. Hier, on était calé ensemble. Je suis rentré, je dors, je me réveille et je vois mon collègue mort. C'est choquant quand même. Ici, normalement, c'est calme, il n'y a rien qui se passe. Ça doit être une histoire entre patrons. Ça a vu ce ce petit dans un point de deal dans le Nord, ça a dû le voir en train de guetter ou quoi. Il lui arrivait de trouver son argent, comme tous les jeunes, comme tout le monde. Son argent de poche, ses petits 40 euros, 50 euros... Ils te reconnaissent, t'as eu un problème avec d'autres quartiers, soit ils te plantent, soit ils te tirent dessus, soit ils te tabassent à mort... Ils l'ont vu dans un quartier ailleurs, et ils sont venus lui tirer dessus, c'est tout. C'est comme ça, Marseille."
"J'ai envie de rentrer chez moi et de me cacher. J'ai peur. Je vais me faire tuer, moi aussi. Ça tire en ville, c'est grave, quand même !"
Un habitant du quartier de la Joliette à Marseilleà franceinfo
Effectivement, aucun quartier ne semble désormais épargné par les règlements de comptes. Ici, pas de grandes cités difficiles. La rue Vincent-Leblanc est située à 100 m de la place de la Joliette, son quartier d'affaires et le grand centre commercial chic des Terrasses du Port. Pour cette habitante, il faut que la police intervienne, car cette petite rue tranquille est devenue ces derniers temps un point de deal. "C'est tous les jours qu'on voit les trafics de drogue, dénonce une habitante du quartier. Le soir, il y a toutes les voitures qui passent jusqu'à minuit, une heure, deux heures, trois heures du matin dans la rue. Vous les voyez au coin des portes, assis, tous ces jeunes – très jeunes d'ailleurs."
"C'est malheureux d'accepter ces délinquants et ces trafiquants de drogue. Je pense qu'il faut arrêter tout ça."
Une habitante du quartier de la Joliette à Marseilleà franceinfo
Un détail quand même intrigue : deux caméras de surveillance couvrent la rue, ce qui en dit long sur l'impunité des dealers et le peu de professionnalisme des tueurs.
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