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Fusillades à Marseille : "Je crains que la guerre entre trafiquants n'ait dégénéré en vendetta", s'inquiète la préfète de police des Bouches-du-Rhône

Après la triple fusillade qui a fait trois morts et douze blessés, dont deux gravement, dans la nuit de dimanche à lundi à Marseille, Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, estime sur franceinfo lundi qu'un "travail" de police judiciaire "doit se faire sur la problématique spécifique des fusillades".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Frédérique Camilleri, le 5 janvier 2023, à Marseille. (NICOLAS VALLAURI / MAXPPP)

"Je crains que la guerre entre trafiquants n'ait dégénéré en vendetta", a déclaré lundi 3 avril sur franceinfo Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, après la triple fusillade qui a fait trois morts et douze blessés, dont deux gravement, dans la nuit de dimanche à lundi à Marseille. "Ce que l'on voit, c'est une désinhibition dans l'usage de la violence", constate-t-elle, estimant qu'un "travail" de police judiciaire "doit se faire sur la problématique spécifique des fusillades".

franceinfo : Ces trois fusillades sont-elles liées ?

Frédérique Camilleri : Il n'y a pas d'élément à ce stade pour indiquer que les fusillades qui ont lieu dans le nord de la ville ont un lien avec celle qui a eu lieu plus proche du centre-ville. Il est possible en revanche que les deux fusillades qui ont lieu dans le nord de la ville soient une même séquence d'événements. Nous avons des indications qui laissent penser que ces trois fusillades sont liées au trafic de drogue. Malheureusement, ce cycle de violences est lié au trafic de drogue, lié à ces trafiquants qui n'hésitent pas à commettre des crimes pour garder des parts de marché, qui n'hésitent pas à recruter des jeunes pour assassiner d'autres jeunes. C'est un cycle tragique à Marseille qui est dû à une seule cause : le trafic de drogue.

Ce que l'on voit, c'est une désinhibition dans l'usage de la violence, avec des personnes, qui peuvent être très jeunes, qui ne sont pas très connues de la justice, qui peuvent prendre les armes sous les ordres de trafiquants qui sont pour certains installés à l'étranger. L'objectif, c'est qu'avec des renforts à la police judiciaire et au tribunal judiciaire de Marseille, on puisse travailler de façon plus proactive sur ces crimes, essayer d'éviter ces assassinats, de les déjouer.

Ressentez-vous une augmentation de la fréquence de ces fusillades ?

Il y a un conflit majeur en ce moment à Marseille, lié à une cité des quartiers nord qui s'appelle La Paternelle. La quasi-totalité des fusillades qui ont eu lieu depuis le début de l'année sont liées à cette cité. Il y a des trafiquants dans cette cité qui se font la guerre et je crains que cette guerre n'ait désormais dégénéré en vendetta. On porte un coup à l'adversaire, on tue pour tuer, sans même qu'il y ait une logique d'appropriation des points de deal. Nous mettons les efforts sur cette cité-là, avec une présence continue de CRS et des mesures ont été prises avec la mairie et les bailleurs pour assécher les points de deal et montrer que nous ne laisserons pas faire.

Trente-neuf points de deal ont été démantelés l'année dernière à Marseille et il y a eu des renforts de police judiciaire l'année dernière. Cela ne suffit pas ?

Il y a déjà un travail de voie publique qui s'est considérablement accéléré ces deux dernières années, notamment avec le plan Marseille en grand du président de la République. Il y a eu 300 policiers CRS en renfort qui patrouillent dans les cités tous les jours, il y a eu des renforts à la police judiciaire, au tribunal judiciaire. De ce point de vue-là, nous avons des résultats historiques. Nous n'avons jamais autant saisi d'armes et interpellé de trafiquants que ces deux dernières années. Cependant, il y a un travail de police judiciaire qui doit se faire sur la problématique spécifique des fusillades, qui nécessite plus de temps. Les renforts qui sont arrivés en début d'année 2023 vont aider. Le traitement de ces fusillades se fait à travers un travail de police judiciaire sous l'autorité des magistrats pour démanteler des réseaux. Ce traitement se fait aussi pour aller chercher ces personnes qui s'apprêtent à commettre des crimes avant qu'elles ne les commettent. Nous avons déjoué une trentaine d'assassinats ces dernières années avec cette approche.

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