Découverte du corps démembré d'une femme aux Buttes-Chaumont : les zones d'ombre autour de l'enquête
Qu'est-il arrivé à Assia B. ? Cette femme de 46 ans a été identifiée comme étant la victime dont les membres dispersés ont été retrouvés dans le parc parisien des Buttes-Chaumont, les lundi 13 et mardi 14 février. Sa disparition avait été signalée à la police le 6 février par son mari. Le couple était domicilié à Montreuil (Seine-Saint-Denis) avec ses trois enfants. Une information judiciaire a été ouverte, vendredi 17 février, des chefs d'assassinat, atteinte à l'intégrité d'un cadavre et recel de cadavre, a appris France Télévisions auprès du parquet de Paris. Cinq jours après cette macabre découverte, de nombreuses zones d'ombre persistent autour de l'enquête ouverte pour assassinat.
Qu'a fait la victime le jour de sa disparition ?
Cette mère de famille a été formellement identifiée à partir de l'analyse des empreintes digitales prélevées sur le corps retrouvé dans le parc du 19e arrondissement de Paris, a appris France Télévisions de source proche de l'enquête. Une autopsie pratiquée mercredi, dont les résultats n'ont pas encore été communiqués, doit éclaircir les causes de sa mort et estimer la date des faits. Sans emploi, elle vivait avec son mari, au chômage, et leurs trois enfants, dans un immeuble de Montreuil, précise cette même source, ajoutant qu'ils étaient inconnus des services de police.
Interviewé par RTL, son époux affirme que sa disparition remonte au mardi 31 janvier, jour de grève nationale. Selon lui, sa femme a quitté le domicile familial ce jour-là et avait pour habitude d'aller dans des braderies pour acheter des vêtements et les revendre à des particuliers. "Je suis resté à la maison pour m'occuper des enfants, car il n'y avait pas d'école ce jour-là. Ils sont tous scolarisés à Paris", précise-t-il. Selon lui, son épouse n'est pas rentrée le soir : "Ma femme avait l'habitude d'utiliser une application de taxi pour rentrer tard, ce qu'elle n'a pas fait ce soir-là."
Pourquoi sa disparition a-t-elle été signalée six jours plus tard ?
Toujours selon le mari cité par RTL, la famille se met à la recherche d'Assia B. et fait d'abord appel aux réseaux sociaux, notamment Facebook, pour publier des avis de recherche. Sur ces derniers, supprimés depuis, on peut lire que cette femme, "1,60 m, de corpulence moyenne, cheveux bruns et mi-longs, yeux noirs", serait partie avec sa carte d'identité, mais sans "sa carte de transport, sa carte bancaire" ni "son passeport". Sur certains appels à témoins, sa tenue vestimentaire est "inconnue", sur d'autres, elle était vêtue d'un "manteau noir avec de la fourrure" et d'un "bonnet noir avec des strass". Il n'est pas question du "jean bleu" comportant une "décoration florale" au niveau de la cuisse, dans lequel la victime a été retrouvée, selon une source policière à l'AFP.
Le 6 février, le mari finit par franchir les portes du commissariat. Une enquête pour disparition, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne, est ouverte. Elle n'avait rien donné jusqu'à l'identification du corps découvert dans le parc.
A ce stade, le mari n'a pas été placé en garde à vue, ni aucune autre personne de l'entourage d'Assia B., a appris franceinfo de source proche du dossier.
Pourquoi son corps a-t-il été caché dans un lieu très fréquenté ?
C'est l'une des questions auxquelles les enquêteurs de la Crim' vont devoir répondre. Le corps démembré a été retrouvé en plusieurs endroits de ce grand parc du nord-est de Paris, très prisé des promeneurs. C'est sous un tas de déchets verts qu'un sac plastique contenant le bassin et les cuisses a été découvert lundi vers 14h30 par des agents municipaux des parcs et jardins. Les autres restes, dont la tête, ont été retrouvés mardi lors d'une fouille approfondie du parc. Le corps est presque complet, a priori sans mutilations génitales, précise une source proche de l'enquête à France Télévisions.
Généralement, la découpe d'un corps sert à rendre le cadavre difficile à identifier. Il est donc surprenant d'avoir déposé la tête dans le même secteur, souligne cette même source. D'autant qu'il y a beaucoup de passage dans le parc, y compris le soir, certains accès fermant plus tardivement.
Les policiers exploitent les vidéos des caméras de surveillance autour des Buttes-Chaumont, ainsi que les données de téléphonie dans le 19e arrondissement et à Montreuil. Une enquête de terrain est également menée via du porte-à-porte. Les enquêteurs s'attachent aussi à fouiller dans l'entourage et les relations de la quadragénaire pour tenter d'identifier l'auteur des faits.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.