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Disparition d'Emiliano Sala : pourquoi les opérations de recherche ont été abandonnées

Pour de nombreux supporters, il est difficile d'accepter la fin des recherches pour localiser l'appareil à bord duquel se trouvait Emiliano Sala. 

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le responsable des opérations de recherche à Guernesey, David Barker, lors d'une conférence de presse à Saint-Pierre-Port, jeudi 24 janvier 2019. (NICK MCAVANEY / AFP)

Les autorités britanniques ont cessé leurs recherches mais la famille et le FC Nantes ont toujours l'espoir de retrouver le Piper Malibu disparu dans la soirée du lundi 21 janvier avec à son bord le footballeur Emiliano Sala et le pilote. Après avoir appris la décision de la police de Guernesey, de nombreux joueurs et supporters ont écrit des messages sur les réseaux sociaux pour demander aux secouristes de poursuivre leurs efforts. "Il faut encourager la police à continuer les recherches", a notamment écrit Valentin Rongier, le capitaine du FC Nantes. Plus de 30 000 personnes ont également signé une pétition en ligne pour réclamer des efforts supplémentaires.

"Il n'y a pas de balises de détresse"

"Les chances de survie à ce stade sont minimes", a notamment justifié le capitaine David Barker, en charge des opérations. Ce triste constat avait été formulé dès le lendemain de la disparition de l'engin, alors que les eaux de la Manche sont très froides en cette saison. Mais l'arrêt des opérations vient sanctionner l'absence de résultats dans la localisation d'éventuels débris de l'appareil.

Lors d'un accident sur un vol commercial, les autorités recherchent d'abord les deux boîtes noires – l'une enregistre les paramètres de vol (CVR) et l’autre les conversations à bord (FDR). Celles-ci disposent de balises qui émettent un son pendant une durée de 30 à 40 jours, lequel peut être détecté à l’aide d’un sonar ou d'un sous-marin, notamment en l'absence de débris. Mais "la différence entre un avion de ligne et celui-là, c'est qu'il n'y a pas d'enregistreurs de vol et donc, pas de balises de détresse", résume à franceinfo un bon connaisseur des enquêtes liées aux accidents aéronautiques.

Plusieurs autres éléments ont compliqué le travail des enquêteurs. Ils ne disposaient pas de "mayday", l'appel de détresse, qui leur aurait permis de déterminer précisément une zone d'impact. Les images satellite et les données téléphoniques ont été examinées pour tenter d'apporter des indices. Par ailleurs, la taille modeste du Piper Malibu a également corsé les recherches. "Dans le cas d'un avion de ligne, il aurait été possible de trouver un écho sur de grosses pièces comme le réacteur", complète une autre source aéronautique à franceinfo.

Une zone passée au peigne fin

Dans ces conditions, il a fallu engager une course contre-la-montre. Dès le soir du drame, lundi, les autorités britanniques avaient dépêché des avions et des bateaux pour quadriller une zone de 2 600 km2. "Le plus important, c'est que les moyens de secours ont été engagés très rapidement", souligne une autre source aéronautique. Les recherches se sont notamment concentrées sur les îles de Sark et d'Aurigny, les rochers des Casquets et le littoral nord du Cotentin. Des policiers ont même patrouillé à pied la petite île de Burhou, perdue dans les eaux de la Manche.

La police de Guernesey a publié une carte des recherches réalisées pour retrouver l'avion disparu, mardi 22 janvier 2019. (POLICE DE GUERNESEY)

Trois avions et cinq hélicoptères ont été déployés pendant 80 heures au total, avec le concours de deux navires de secours et des navires et bateaux de pêche aux alentours. Un navire de la marine nationale a également participé aux opérations. "Généralement, les avions réalisent des cercles de recherche de plus en plus grands pour déterminer la présence de pièces moins lourdes, qui n'auraient pas coulé." En vain. Selon cet expert contacté par franceinfo, cela signifie donc que les pièces de l'aéronef ont été englouties. "Avec les marées, le brassage de l'eau et le vent, des pièces pourront peut-être s'échouer dans quelques jours et semaines."

Au vu des moyens engagés sur la zone, le moindre petit morceau d'appareil aurait été aperçu, d'autant que les spécialistes britanniques et français engagés ont l'habitude de ces opérations.

Une source aéronautique

à franceinfo

"Engager davantage de moyens, malheureusement, ne permettra pas de retrouver quelque chose", se désole cette même source.

Un coût important pour des résultats incertains

Le centre de contrôle d'urgence de Guernesey a finalement jeté l'éponge, sans oublier d'adresser un message à toutes les embarcations du secteur pour les inviter à surveiller la trace éventuelle de l'aéronef. Une décision difficile mais rationnelle, d'autant que le coût de telles opérations est important. Les autorités doivent arbitrer entre l'aspect financier et l'intérêt de retrouver l'épave de l'avion pour l'enquête. Les opérations de recherche sont en partie motivées par la perspective d'améliorer la sécurité future des appareils et des passagers.

Lors du Rio-Paris, par exemple, tout a été mis en œuvre pour retrouver l'appareil car il s'agissait d'un avion récent et qu'il y avait un énorme intérêt industriel de sécurité. En cas de problème de certification ou de construction, cela aurait eu un impact sur la sécurité de passagers dans le monde entier.

Un expert aéronautique

à franceinfo

"Il n'y a pas de réponse simple et facile", poursuit cette source qui souhaite garder l'anonymat tout en avançant aussi "des décisions politiques". Le Piper Malibu, qui volait avec une immatriculation américaine, a disparu dans les eaux internationales de la Manche, mais les Etats-Unis ont choisi de déléguer le dossier aux autorités britanniques. Chaque pays est souverain et décide en raison de son mode de fonctionnement et de ses moyens.

A la tête de l'organisation Channel Islands Air Search, qui a participé aux recherches, John Fitzgerald rappelle à So Foot que son équipe est composée de bénévoles et qu’elle est sous le contrôle des autorités. Elle doit également obtenir des autorisations pour voler dans cette zone de contrôle du trafic aérien. La mise en place de nouvelles opérations semble donc impossible. Après le temps des recherches, place donc au temps de l'enquête, rappelle l'un des deux experts contactés par franceinfo. "Je pense que celle-ci va désormais s'orienter sur le pilote, les conditions du vol et l'état de l'aéronef avant le vol."

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