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Procès de Nordahl Lelandais : une silhouette blanche et un chemin forestier, les images glaçantes des derniers instants de Maëlys

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Nordahl Lelandais lors de son procès pour le meurtre de Maëlys de Araujo, devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble, le 3 février 2022. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

La cour d'assises de l'Isère a commencé à aborder les faits jeudi et projeté des vidéos et des photos de la nuit du 27 août 2017 et d'une reconstitution.

La voiture passe et repasse. Très vite d'abord, puis plus lentement, puis au ralenti, et enfin à l'arrêt. Côté passager, une silhouette blanche floue. Sur ces images de mauvaise qualité diffusées à l'audience, la cour d'assises de l'Isère touche du doigt l'effroi. Quatre ans plus tard, on le sait, cette petite silhouette blanche est celle de Maëlys de Araujo, assise à l'avant de l'Audi A3 de Nordahl Lelandais. L'ancien maître-chien de 38 ans est jugé depuis lundi pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de cette fillette de 8 ans et demi après un mariage à Pont-de-Beauvoisin, dans la nuit du 26 au 27 août 2017.

Après l'examen de la personnalité de l'accusé, le procès entre dans le dur du dossier, jeudi 3 février, avec l'exposé des faits qui lui sont reprochés. A la barre, le directeur d'enquête de l'époque commente les photos et les vidéos projetées sur grand écran. Après les clichés de la salle de mariage vide et du parking, les extraits des images de vidéosurveillance de la commune propulsent la salle à 2h47 précisément, deux minutes après le départ de celui qui s'était incrusté à la noce, l'enfant à bord de son véhicule.

"Qu'est-ce qui se passe dans la voiture ?"

"Monsieur Lelandais, c'est bien vous avec Maëlys ?" demande la présidente. "Oui." Lorsqu'il avait été confronté à ces images, en octobre 2017, Nordahl Lelandais avait nié farouchement. "Pourquoi ne pas avoir dit que c'était elle ?
– Parce que j'assumais pas."

La magistrate emmène la cour dans l'habitacle, avec le plus de tact possible. "Qu'est-ce qui se passe dans la voiture à ce moment-là ? Qu'est-ce que vous lui dites, qu'est-ce qu'elle vous dit ?" Le père, la sœur et la grand-mère de Maëlys ont quitté la salle. Sa mère, Jennifer de Araujo, reste assise sur le banc des parties civiles. Dans son livre coécrit avec la journaliste Tiphaine Pioger, elle écrit espérer connaître les derniers mots de sa fille. "On parle des chiens, qu'en allant à la maison, elle verra mes chiens.
– Elle vous pose des questions ? Vous lui parlez ?
– J'ai plus exactement de souvenirs de ce qu'on s'est dit, on n'a pas beaucoup discuté, on a parlé des chiens, de la voiture, qu'elle aimait bien.
– Pourquoi une petite fille qui, on l'imagine, monte à l'arrière dans la voiture de ses parents, est à l'avant ?"

"Au moment où je suis parti, elle est venue au niveau du véhicule me demandant si j'allais voir mes chiens. J'ai fait une mauvaise interprétation, je lui ai dit 'oui je vais voir mes chiens'. Elle est montée dans la voiture à l'avant."

Nordahl Lelandais, accusé

devant les assises de l'Isère

C'est la version de Nordahl Lelandais depuis qu'il a reconnu, en février 2018, avoir tué l'enfant, acculé par la découverte d'une tache de sang dans son coffre : Maëlys est montée spontanément dans sa voiture pour aller voir les deux chiens de celui qu'elle appelait "son copain" et "tonton". Sur les images de vidéosurveillance, on la voit pourtant "complètement à droite", comme réfugiée contre la vitre. "J'ai pas ce souvenir qu'elle soit contre la porte, elle était assise normalement sur le siège", assure l'accusé.

Un trou entre des rochers

Valérie Blain poursuit : "Là, elle ne pleure pas ? Elle ne demande pas à retourner à la salle des fêtes ?
– Non, non pas du tout.
– Elle pleure dans les deux-trois minutes qui suivent ? Hochement de tête dans le box. Pourquoi ?
– Le pourquoi, je sais pas, est-ce qu'elle a pensé qu'elle était partie avec quelqu'un…
– Là, tout va bien et trois minutes après Maëlys a reçu les coups ? C'est toujours ce que vous dites aujourd'hui ?
– Oui madame."

Nordahl Lelandais sera interrogé sur les faits dans quelques jours. Devant les juges et lors de la reconstitution, il a affirmé avoir donné de violents coups à la tête de Maëlys lorsque celle-ci a commencé à pleurer pour retourner voir ses parents. Il a ensuite déposé son corps une première fois près d'une voie ferrée, non loin de son domicile à Domessin, est retourné à la salle de mariage pour se constituer "un alibi" avant de retourner chercher la dépouille de l'enfant et l'emporter à 17 km de là, sur un site escarpé du massif de la Chartreuse, près de la commune d'Attignat-Oncin.

Le gendarme en uniforme décrit les nouvelles images qui défilent à l'écran. Celles-ci sont une reconstitution du trajet de Nordahl Lelandais pour conduire Maëlys sur le lieu où il va définitivement la dissimuler. Une route sinueuse bordée de quelques sapins est filmée depuis un drone. La voiture se gare sur le bas-côté et la caméra emprunte un chemin forestier. L'accusé dit avoir terminé à pied, à la seule lumière des phares et de la lune. La cour avance sur une pente et s'arrête au niveau de trois gros rochers blancs. Au milieu, un trou de "80 cm sur 40 cm". C'est là que les ossements de la fillette ont été retrouvés six mois plus tard, sur les indications de l'ex-militaire. A proximité, "deux mèches de cheveux tressées". Cette fois-ci, la mère de Maëlys quitte la salle.

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