Disparition de Morgane : ce que l'on sait de l'enquête qui a permis de retrouver l'adolescente vivante en Normandie

La collégienne de 13 ans, disparue fin novembre dans les Côtes-d'Armor, a été retrouvée vivante à Coutances (Manche). Le jeune homme de 21 ans qui l'hébergeait a été mis en examen et écroué pour viol et soustraction de mineure, jeudi.
Article rédigé par franceinfo
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L'entrée du foyer de jeunes travailleurs de Coutances (Manche) où Morgane, une adolescente de 13 ans disparue en Bretagne, a été retrouvée le 10 décembre 2024. (LOU BENOIST / AFP)

Elle n'avait plus donné de nouvelles depuis plus de deux semaines. Morgane, la collégienne de 13 ans disparue fin novembre dans les Côtes-d'Armor, a été retrouvée vivante à Coutances (Manche), a annoncé le procureur de la République de Saint-Brieuc, mardi 10 décembre. L'homme qui l'hébergeait a été mis en examen et écroué pour viol et soustraction de mineure, a précisé le parquet jeudi, dans un communiqué. Il a été placé en détention provisoire. Voici ce que l'on sait des circonstances qui ont permis de retrouver l'adolescente.

Morgane se trouvait dans un foyer de jeunes travailleurs

Morgane avait disparu le 25 novembre à Pabu, près de Guingamp (Côtes-d'Armor). Elle avait quitté le domicile familial, mais n'avait pas pris le bus scolaire qui devait la conduire au collège ce jour-là. Une enquête pour "disparition inquiétante" avait alors été ouverte. Morgane s'était disputée avec ses parents au cours du week-end précédant sa disparition, au sujet de son usage excessif des réseaux sociaux. Comme l'avait déclaré le procureur lors d'une conférence de presse le 2 décembre, dans la maison, un "papier froissé a été retrouvé" dans une corbeille à papier, sur lequel était écrit : "Papa, maman, désolée, je pars". Selon plusieurs de ses amis, la jeune fille, qui n'avait jamais fugué, avait "posté une story, effacée depuis, dans le week-end pour dire qu'elle ne viendrait pas en cours lundi". Puis elle n'avait plus donné signe de vie.

Le procureur de Saint-Brieuc a finalement annoncé mardi que l'adolescente, qui aura 14 ans le 23 décembre, "a pu être localisée en ce début de semaine, à Coutances" et a été retrouvée mardi matin par les gendarmes de la section de recherches de Rennes. "Elle se trouvait dans un foyer de jeunes travailleurs", a précisé le magistrat. La gendarmerie des Côtes-d'Armor a précisé, sur Facebook, que l'adolescente était "en bonne santé".

Un homme de 21 ans a été mis en examen et écroué

Morgane était hébergée par un jeune homme de 21 ans, né à Rennes, a précisé le procureur. Cet employé d'une bijouterie a été mis en examen pour "soustraction sans fraude ni violence d'un enfant mineur" et "viol commis sur un mineur de moins de 15 ans par un majeur avec une différence d'âge d'au moins cinq ans", a annoncé le parquet de Saint-Brieuc, jeudi. Le jeune homme a été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.

Il avait d'abord été placé en garde à vue "du chef d'arrestation, enlèvement, séquestration sur mineur de moins de 15 ans". Il ne s'agit pas d'un réel enlèvement, mais plutôt d'une "mise sous contrainte psychologique", car Morgane n'était pas détenue ni privée de liberté, avait précisé à France Télévisions une source proche de l'enquête.

Le casier judiciaire du jeune homme fait mention d'une condamnation pour excès de vitesse en 2022, a spécifié le magistrat lors de son point presse, mercredi. Il est aussi mis en cause dans une affaire similaire, concernant une victime âgée de 14 ans à l'époque des faits, datés du 8 avril 2024. Il devait comparaître devant le tribunal de Beauvais mardi pour être jugé dans ce dossier, mais l'audience a été renvoyée à une date ultérieure, du fait de son absence.

Morgane était en conflit récurrent avec ses proches

Selon le procureur, Morgane était en conflit récurrent avec ses proches depuis plusieurs semaines pour son "usage excessif des réseaux sociaux". Elle acceptait notamment "des invitations sans connaître les personnes", suscitant l'inquiétude de ses parents. Ils lui reprochaient également la diffusion d'images "pouvant lui nuire". Avant sa fugue, une dispute avait éclaté avec son père, qui aurait jeté "son téléphone plusieurs fois contre le mur".

C'est dans ce contexte qu'elle dit avoir contacté le suspect "pour lui dire qu'elle n'allait pas bien", faisant état d'une "altercation avec ses parents" et "d'intentions suicidaires". La collégienne l'avait connu "il y a trois mois" sur Snapchat, via un groupe "nommé 'groupe en or' composé de majeurs et mineurs".

A ce moment-là, "Morgane se présentait comme une jeune fille de 14 ans", a précisé le procureur. Dans leurs échanges, elle avait "pu dire qu'elle était victime de harcèlement en faisant part de propos suicidaires et de photos de scarification", a déclaré Nicolas Heitz. L'adolescente a demandé au suspect de venir la chercher, après cette dispute. C'était la première fois qu'ils se rencontraient physiquement.

Le suspect a reconnu "avoir eu une relation sexuelle avec Morgane"

Si leur rencontre physique semble être consentie des deux côtés, il faudra désormais, selon le procureur, déterminer si Morgane a ensuite été forcée de rester chez le suspect. L'adolescente dit être restée enfermée dans le noir, "volets fermés", durant deux semaines, mais aussi avoir subi "des coups sur la tête". Elle avait néanmoins accès à un ordinateur et à une connexion internet. Le procureur a par ailleurs précisé mercredi que Morgane était "hospitalisée" et "en sécurité".

Le jeune homme a reconnu jeudi, lors d'une quatrième audition en garde à vue, "avoir eu une relation sexuelle avec Morgane (...) à une reprise et consentie selon lui", a révélé le magistrat. Dans un premier temps, le suspect et l'adolescente avaient nié avoir eu une relation sexuelle.

D'importants moyens ont été mobilisés pour retrouver la jeune fille

Contrôles routiers, porte-à-porte, drone, équipe cynophile... D'importants moyens ont été déployés pour retrouver la collégienne. Dans la matinée du 27 novembre, un hélicoptère avait survolé la zone de sa disparition, pendant qu'une vingtaine de gendarmes fouillaient les bois alentour. Environ 800 bénévoles, encadrés par la gendarmerie et la protection civile, avaient participé à une battue à Pabu, quatre jours après son départ.

Finalement, lundi, une femme habitant à Val-de-Livenne (Gironde) "s'est présentée à la gendarmerie de Montendre, en Charente-Maritime, pour expliquer qu'un jeune individu s'était présenté à son domicile dans la nuit du 7 au 8 décembre". Celui-ci voulait "parler à son fils qui dormait" et "elle a refusé", a relaté le procureur, mercredi. Mais, voyant une jeune fille sur le siège passager de la voiture, elle a reconnu Morgane.

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