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Dordogne : ce que l’on sait de la traque de l'ancien militaire lourdement armé "neutralisé" par le GIGN

L’homme a été blessé par balle, lundi, après 36 heures de traque. Ancien militaire, il avait pris la fuite après avoir agressé son ex-compagne et le nouveau compagnon de celle-ci, puis tiré sur des gendarmes.

Article rédigé par franceinfo
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De nombreux gendarmes ont été mobilisés au Lardin-Saint-Lazare, ce dimanche 30 mai.  (DIARMID COURREGES / AFP)

L'homme qui a tiré sur les gendarmes dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mai au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, a été "neutralisé", lundi 31 mai. Samedi, l'individu avait violemment agressé le nouveau compagnon de son ex-concubine, et les gendarmes étaient intervenus. Il avait tiré à plusieurs reprises sur les forces de l'ordre qui, depuis, étaient à sa recherche.

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Le suspect est un ancien militaire connu pour violences familiales. La photo de cet homme a été diffusée lundi matin. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait, des premiers tirs jusqu'à la fin de la traque. 

Une première intervention des gendarmes après une agression

Les premiers faits se sont produits vers minuit dans la nuit de samedi à dimanche au Lardin-Saint-Lazare, une commune de 1 800 habitants à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Périgueux. Un homme, dont le nom - Terry Dupin -  a été rendu public par les autorités, s'en est pris à son ex-compagne, sans usage d'arme, et au nouveau compagnon de son ex-concubine. Le suspect a tiré sur ce dernier. Son ex-compagne et ses enfants n’ont pas été blessés. Le nouveau compagnon, en revanche, a été blessé lors d'une altercation, a précisé la procureure de Périgueux Solène Belaouar. Ils ont été depuis mis en sécurité par la gendarmerie.

L'auteur des faits a ensuite déambulé, ivre, dans les rues de ce village en déclarant vouloir s'en prendre aux gendarmes. Lorsque ceux-ci sont intervenus, il a tiré à plusieurs reprises dans leur direction et endommagé deux véhicules de la gendarmerie. L'homme a pris la fuite vers la forêt environnante.

En fuite, l'homme a été rapidement localisé

Jusqu'à 300 gendarmes, dont des militaires du GIGN, ont été mobilisés pour retrouver cet homme retranché dans la forêt, avec une arme de gros calibre. C'est une arme de "grande chasse, une arme puissante", a précisé le général André Pétillot, commandant de la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine. Le suspect a été qualifié de "très dangereux" par la maire de la commune, Francine Bourra.

Il a rapidement été localisé dans une zone boisée et accidentée d'environ 4 km². Un contact par téléphonie a été établi avec le GIGN, mais en vain. "La négociation n’est pas rompue, même si elle s’engage dans des conditions compliquées", a estimé André Pétillot. L'homme a "tiré sur les gendarmes quasiment à chaque fois qu'il a été en contact sur le dispositif de blocage", a-t-il précisé sur franceinfo. Il a même tiré "à de nombreuses reprises sur l’antenne du GIGN de Toulouse et sur l'un des hélicoptères engagés".

Selon une source proche du dossier à franceinfo, il a également tiré dimanche en direction de deux mineurs circulant à scooter, sans les toucher.

Plusieurs routes ont été coupées. Jusqu'à 300 gendarmes ont été mobilisés, avec deux négociateurs, ainsi que le survol de la zone par plusieurs hélicoptères. L'antenne de Toulouse du GIGN est arrivée sur place dans la matinée de dimanche. Ils ont été rejoints ensuite par des hommes du GIGN de Satory, à Versailles dans les Yvelines. Dès les faits connus, le village du Lardin-Saint-Lazare a immédiatement été confiné. Le préfet et la maire ont demandé aux habitants de rester chez eux. Un périmètre de sécurité a également été mis en place pour "étanchéifier la zone", "protéger la population" et "fixer l'individu" selon les gendarmes. 

L'homme "neutralisé" après 36 heures de traque

À 12h51, lundi 31 mai, le ministre de 'l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé dans un tweet que le suspect était "neutralisé" et a remercié les forces de l'ordre. 

L'ancien militaire a été "neutralisé" par un "tir de riposte" du GIGN, a précisé le commandant de la zone de défense et de sécurité de Nouvelle-Aquitaine, le général André Pétillot. L'homme souffre de "blessures graves". Il a été touché par balle lors d'un "tir de riposte" alors qu'il avait "ouvert le feu à plusieurs reprises" sur des militaires du GIGN. "Il n'y a aucun blessé parmi les gendarmes". Il a été "localisé en bordure de la zone de recherche". C'est le témoignage d'un habitant de Condat-sur-Vézère, après l'appel à témoins lancé ce lundi matin, qui a permis aux gendarmes de chercher précisement dans ce secteur, selon les informations de franceinfo.

"Il essayait de sortir du perimètre" et "était toujours dans la logique suicidaire".  Un "suicide by cop" c'est-à-dire une personne qui est prête à perdre la vie, pas en se suicidant, mais en se faisant tuer par les forces de l'ordre, était redouté par les autorités. "C'est quelqu'un qui, clairement, dans les contacts qu'on a eus avec lui hier matin, semblait décidé à mourir, et à mourir dans un affrontement avec nous", précisait avant l'interpellation le général Pétillot. C'est d'ailleurs en raison de ce risque que tout au long des recherches, les militaires ont évolué extrêmement prudemment, utilisant notamment des blindés pour avancer. 

Un ancien militaire condamné à quatre reprises

Âgé de 29 ans, Terry Dupin est un ancien militaire du 126e régiment d'infanterie de Brive de 2011 à 2016, selon les informations de franceinfo et France Bleu Périgord. Cet ancien militaire est "déterminé" et "sait se servir de son arme", indique le général André Pétillot. "C'est un individu qui est habitué à durer dans la nature. C'est quelqu'un d'aguerri à la vie sur le terrain, notamment du fait de son expérience militaire. C'est aussi quelqu'un qui est parti avec un sac, donc manifestement avec l'intention de disposer d'un certain nombre de ressources." 

L'homme, père de trois enfants, est connu pour des affaires de violences familiales. Il a été condamné à quatre reprises pour de tels faits, tous commis sur son ex-compagne, a confirmé la procureure de la République. Il portait un bracelet électronique. "Il avait l’interdiction de revenir sur la résidence de son ancienne compagne", a précisé le préfet de Dordogne Frédéric Périssat sur franceinfo. Il ne résidait pas dans la commune. 

L'homme "avait interdiction de détenir des armes" et "l'arme qu'il a utilisée est une arme qui a été obtenue illégalement", a précisé lors d'un point de presse au Lardin-Saint-Lazare la procureure de la République Solène Belaouar. 

Deux enquêtes ouvertes

Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes, a expliqué dimanche la procureure de la République de Périgueux. L'une a été ouverte pour violence sur ex-conjoint et tentative d’homicide. Elle a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Sarlat. Elle concerne les premières violences de la soirée. Les victimes ont été entendues, a précisé la procureure. L’autre enquête a été ouverte pour tentative d’homicide pour personne dépositaire de l’autorité publique et confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux. Elle porte sur les tirs visant les gendarmes. Une photo de Terry Dupin a été rendue publique dans le cadre d'un appel à témoins lundi en fin de matinée par les autorités. 

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