Aveux du suspect, arme retrouvée, préméditation : ce qu'il faut retenir de l'intervention du procureur de Nîmes sur le double meurtre dans les Cévennes
Le suspect de 29 ans, accusé d'avoir tué son patron et un collègue, s'est rendu vendredi, après une cavale de trois jours. Il a été présenté dimanche après-midi à un juge et mis en examen pour "assassinats".
Valentin Marcone, principal suspect dans l'affaire du double meurtre dans les Cévennes, a été déféré devant un juge d'instruction et mis en examen dimanche 16 mai pour "assassinats", a annoncé le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel. Plus tôt dans la journée, le magistrat avait tenu une conférence de presse lors de laquelle il est notamment revenu sur les raisons qui ont amené les enquêteurs à retenir la préméditation pour ces crimes. Le jeune homme s'était rendu vendredi soir, sans violence, visiblement très fatigué par ses quatre jours de cavale.
La préméditation retenue
La qualification d'"assassinat" sur les deux victimes a été retenue par le procureur au vu des éléments de l'enquête. Il a été établi que Valentin Marcone s'était rendu sur son lieu de travail, aux Plantiers (Gard), muni d'une arme et de munitions. "Les éléments qui nous permettent de garder l'idée de préméditation sont multiples. Il avait une arme approvisionnée sur son lieu de travail", a détaillé Eric Maurel.
"Nous nous interrogeons sur le fait de savoir si elle était chambrée, autrement dit, s'il n'y avait pas déjà une munition dans la chambre de tir, donc prête au tir". Le suspect aurait eu "une altercation" avec son employeur et son collègue notamment "au sujet du paiement des heures supplémentaires". Des échanges de mails à ce propos ont été retrouvés par les gendarmes.
Valentin Marcone, a avoué être l'auteur du double meurtre sans exprimer de regrets
En garde à vue depuis vendredi soir, le suspect s'est montré "calme" et s'est exprimé de façon cohérente, a souligné le procureur de la République de Nîmes. Immédiatement après son arrestation, Valentin Marcone a avoué être l'auteur des faits, des aveux réitérés lors de ses auditions par la gendarmerie. Il a refusé la présence d'un avocat et souhaite "s'exprimer seul". Il a été présenté dimanche après-midi à un juge, devant lequel il a "gardé le silence". Un placement en détention provisoire a été requis par le procureur. L'homme de 29 ans encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
"La discussion entre son employeur et lui autour d'un possible licenciement pour faute grave, selon sa version des faits, pourrait expliquer sa décision violente, disproportionnée et radicale", a expliqué Bertrand Michel, commandant de la section de recherches de Nîmes. Valentin Marcone n'a pas "fait part de regrets", il se considère comme "une victime qui a réagi face à quelque chose qu'il considère comme une agression".
"Très respectueux de la règle", il avait notamment fait appel au conseil de prud'hommes, et avait déposé des plaintes pour résoudre ses différends avec son employeur et au moins un de ses anciens employeurs. Il faisait "confiance aux institutions", a insisté le procureur de la République. "Il semblerait qu'il ait pu concevoir une déception au regard (...) des institutions qui n'apportaient pas de solutions."
Le suspect s'était "terré dans un trou de sanglier", une arme de poing retrouvée
Parti avec deux armes de son domicile, en début de semaine, Valentin Marcone ne les avait plus en sa possession lors de sa reddition. "Il s'est déplacé, d'après ses déclarations, dans le but de se débarrasser de ses armes. L'arme de poing était cachée dans un châtaignier et l'arme longue, il l'a mise en pièces et jetée, a détaillé Bertrand Michel. Il ne voulait pas faire du mal aux gendarmes." L'arme de poing saisie "pourrait correspondre à celle utilisée sur les lieux du crime", a précisé Eric Maurel. Des expertises balistiques sont en cours pour l'établir avec certitude.
Lors de sa cavale, qui a duré 83 heures, Valentin Marcone s'est, selon les forces de l'ordre, "terré dans un trou de sanglier qu'il a agrandi. Il a pu observer les gendarmes qui ont réalisé les perquisitions", car il se situait à seulement 600 mètres de son domicile. Il a pu survivre grâce à la présence d'un ruisseau à proximité des lieux, mais était "très affaibli par le manque de nourriture", lorsqu'il s'est rendu.
Valentin Marcone "avait peur"
"Rien ne permet de dire qu'il soit paranoïaque, nous laisserons cela aux experts psychiatres, a souligné le procureur. Mais on sent que c'est quelqu'un qui avait peur." Il a été établi qu'il se rendait depuis près de trois ans au travail vêtu d'un gilet pare-balles, et depuis quelques mois muni d'une "arme de poing sous ses vêtements". Il avait également mis en place autour de son domicile un système de vidéosurveillance. Celui-ci a pu être utilisé par les gendarmes pour établir avec précision les équipements avec lesquels il avait quitté les lieux le jour du drame.
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