Procès de Rédoine Faïd : les conditions de détention du "roi de la belle" au cœur de sa défense
Avant même ce procès, Rédoine Faïd, 51 ans, a peu d'espoir de sortir avant 2046. Le braqueur multirécidiviste comparaît devant les assises de Paris pour cette évasion spectaculaire en 2018 du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), sa deuxième en cinq ans. Son procès débutera dans la matinée au palais de justice historique de Paris, sur l'île de la Cité, sous haute sécurité. Il y est jugé jusqu'au 20 octobre notamment pour "récidive d'évasion en bande organisée" et "détournement d'aéronef", avec 11 autres personnes soupçonnées de l'avoir aidé à préparer ou réaliser cette évasion, ou de l'avoir assisté lors des trois mois de cavale qui ont suivi.
Condamné pour plusieurs braquages, désigné comme le "cerveau" de l'attaque qui a coûté la vie à une jeune policière, condamné pour sa première évasion en 2013 et, donc, cette évasion "éclair" en hélicoptère dans la cour d'honneur de la prison, sous les yeux ébahis des détenus : Rédoine Faïd encourt la perpétuité au vu de son état de récidive. Depuis sa cavale de 93 jours, celui que l'on a surnommé le "roi de la belle" est à l'isolement 24 heures sur 24 à Fleury-Mérogis.
"Traité comme un animal"
Des conditions de détention très difficiles que sa défense entend dénoncer à l'audience : promenade seul, dans une cour avec toit grillagé, parloirs à travers une vitre. "Un enfer gris, un monde sans repère où le temps est coincé, un monde qui déconstruit les êtres", comme le décrit lui-même Rédoine Faïd, interrogé dans le livre de la journaliste Plana Radenovic.
"Les conditions de détention réservées à Rédoine Faïd, qualifiée par l'autorité judiciaire elle-même d'inhumaines et dégradantes, seront abordées. Si une évasion peut être spectaculaire, comme celle-ci, il ne faut pas confondre spectaculaire et dangereux. Rédoine Faïd n'a pas tiré sur les surveillants, n'a pas tiré sur les miradors : il est monté dans un hélicoptère et il est parti. Ça a duré à peine sept minutes et c'est cela qui a fait qu'on a décidé de le traiter comme un animal, le couper de la terre entière", indique l'une de ses avocats, Marie Violleau. Avant de dénoncer : "L'Etat ne doit pas tuer des gens qu'il a sous sa garde". "L'état d'esprit de Rédoine Faïd est celui d'un homme serein. Il respecte immensément l'autorité judiciaire, il sait ce qu'est une cour d'assises, il a un profond respect pour la magistrature, pour les jurés. Il sera présent, debout même si on a essayé de le mettre à genoux et combattif pour se défendre", conclut-elle.
Durant ce procès qui doit se tenir jusqu'au 20 octobre, l'avocate entend d'ailleurs déconstruire l'image d'un "clan Faïd". "Cette image qu'on a voulu donner à la famille, ce clan fait peur. On a l'impression que c'est extrêmement dangereux, que c'est la mafia italienne, c'est Don Corleone... Rédoine Faïd, ce n'est pas ça", selon Marie Violleau, précisant que c'est avant tout un frère, Rachid Faid, de 14 ans son ainé, ne supportant pas le mouroir que représentait la prison pour son cadet Rédoine, qui a décidé de le faire libérer. La cour a sept semaines pour apprécier.
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