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Face à la recrudescence de morts de chevaux retrouvés avec l'oreille coupée, les enquêteurs s'interrogent

Les propriétaires d'un poney ont déposé plainte, lundi, après avoir découvert leur animal mutilé, dans son pré de l'Essonne. Depuis le début de l'année, une dizaine de cas ont été recensés par la justice, la plupart dans le nord de la France.

Article rédigé par franceinfo
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Un nouvel équidé a été tué à Cortambert, près de Cluny (Saône-et-Loire), le week-end du 8 et 9 août 2020. L'une de ses oreilles a été coupée (photo d'illustration). (CLÉMENT SOUBIGOU / FRANCE-BLEU BREIZH IZEL)

Le mystère des chevaux à l'oreille coupée s'épaissit. Les propriétaires de poneys, appartenant à la communauté des gens du voyage, ont déposé plainte lundi 3 août, après avoir découvert l'un de leurs équidés mort, mutilé, dans un pré à Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), selon des sources concordantes. L'attaque, d'origine humaine selon toute vraisemblance, aurait eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche.

Depuis le début de l’année, les cas se multiplient en France. Selon un recensement effectué par France Télévisions, au moins 10 plaintes ont été déposées, notamment dans des zones rurales, pour des affaires similaires. Un détail intrigue les enquêteurs : l'oreille – la droite dans la plupart des affaires, occasionnellement la gauche – a été tranchée post mortem et emportée comme un trophée, sans que l'on connaisse, à ce stade, la signification de ce geste. Une note du Service central du renseignement territorial, datée du 30 juin et révélée par Le Parisien (article payant), évoque plusieurs hypothèses : "Superstition, fétichisme, rituel satanique, sectaire ou autre", sans privilégier une piste plutôt qu'une autre.

Les enquêteurs peinent à trouver une logique

Devant la recrudescence du phénomène, la direction générale de la Gendarmerie nationale a adressé à ses compagnies une note indiquant les mesures d'enquête à prendre en pareille situation. Il est notamment préconisé aux unités de solliciter auprès des procureurs le recours à des "nécropsies" (examen post mortem sur les animaux), afin de déterminer les causes précises de la mort. Celles-ci sont parfois évidentes (égorgement, étranglement, éventrement) mais certains équidés ne portent pas de marques de violences, hormis cette fameuse oreille sectionnée.

Les enquêteurs peinent à trouver une logique à cette série morbide. Les animaux pris pour cible ne se ressemblent guère. Parmi eux, un trotteur de 7 ans, Démon du Médoc, mutilé en février en Vendée, mais aussi des juments, un âne et plusieurs poneys. Le seul lien : il s'agit souvent d'animaux sociables, ne craignant pas l'homme. Un tord-nez, un instrument de contention destiné à immobiliser l'animal une fois placé au niveau de la lèvre supérieure ou de l'oreille, et qui nécessite une certaine maîtrise, a été utilisé à l'occasion par le, ou les, tortionnaire(s).

Des affaires similaires en Allemagne et en Belgique

La majorité des cas a été recensée dans la partie nord du pays (Moselle en février, Yvelines en avril, Aisne toujours en avril, Somme en mai, Seine-Maritime en juin, Oise en juillet). Mais des faits similaires sont survenus dès 2019 dans le Puy-de-Dôme. En France, la série aurait débuté en 2018. Selon une source proche du dossier, "des affaires ont aussi été recensées en Allemagne et en Belgique".

Les enquêtes restent pour l'heure distinctes, sous la conduite des parquets locaux. Au plan national, l'Oclaesp, l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, suit le dossier afin d'effectuer des recoupements. Les actes de cruauté envers les animaux sont passibles de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.

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