: Vidéo "Il faut une stratégie de décontamination" : associations et scientifiques s'inquiètent des conséquences de l'incendie de Rouen
"Envoyé spécial" a accompagné Annie Thébaud-Mony sur le site de l'usine Lubrizol de Rouen. Cette chercheuse spécialiste en santé et environnement rassemble des éléments pour mesurer l'impact potentiel de l'incendie sur la santé des habitants.
Une toiture en fibrociment contenant de l'amiante et plusieurs milliers de tonnes de produits chimiques parties en fumée... L'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen n'a fait ni morts ni blessés, mais quel sera son impact sur la santé à long terme ? Cette question préoccupe Annie Thébaud-Mony, chercheuse et spécialiste des cancers en milieu professionnel. Son inquiétude va à l'encontre des premières déclarations officielles du gouvernement et du préfet.
La chercheuse s'est rendue sur place. Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", elle photographie les travailleurs qui dépolluent le site de l'usine. Six jours après l'accident, elle juge leur équipement insuffisant, "léger par rapport à la gravité de la pollution" : combinaison, casque de chantier, mais un simple masque au lieu d'un masque à cartouche qui filtrerait poussières et gaz. "Pour nous, la mise en danger de la vie d'autrui, c'est anticiper sur l'avenir", explique-t-elle, car "le risque est immédiat, mais les conséquences sont différées". Annie Thébaud-Mony souhaite que ses images puissent un jour servir de preuves.
La responsabilité de l'Etat en question
Selon elle, l'Etat n'a pas mis en œuvre de principe de précaution efficace. "Comment se fait-il, demande-t-elle, qu'il n'y ait eu aucune cartographie digne de ce nom de la pollution depuis que le nuage est passé ? Comment se fait-il qu'on n'ait pas un protocole de décontamination qui soit communiqué à toutes les écoles, à tous les bâtiments publics, avec des consignes précises pour que les gens fassent nettoyer leur VMC ? Ce sont des choses concrètes qui manifesteraient la volonté de l'Etat de faire quelque chose."
La question de la responsabilité de l'Etat, les associations et syndicats locaux la posent eux aussi. Et ce qui les inquiète, c'est l'avenir. "On a l'impression que la catastrophe, elle a eu lieu, mais elle n'a pas eu lieu ! (...) Dans dix ans s'il y a de la dioxine, dans vingt-cinq ans s'il y a de l'amiante... la catastrophe, elle est devant nous." Annie Thébaud-Mony pense qu'"il faut obliger [les autorités] à avoir une stratégie cohérente de décontamination. Le mot 'décontamination', il faut l'employer, parce que les espaces sont contaminés."
Extrait de "Rouen, un écran de fumée ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 10 octobre 2019.
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