: Témoignage Procès de l'incendie de la rue Erlanger : "Il n'y avait pas un seul extincteur", dénonce une habitante de l'immeuble
Joséphine est l'une des victimes de l'incendie de la rue Erlanger. Dans la nuit du 4 au 5 février 2019, cette femme vivait dans l'immeuble qui s'est embrasé. Le bilan est lourd : 10 morts et 90 blessés. Joséphine habitait au 2e étage, sur le même palier que la suspecte Essia Boulares. Âgée de 44 ans, cette dernière est jugée devant la cour d'assises de Paris à partir du lundi 6 février. Atteinte d'importants troubles psychiatriques, elle est suspectée d'avoir mis le feu au deuxième étage de son immeuble du XVIe arrondissement, après un différend avec un voisin.
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Ce soir-là, Joséphine se souvient justement d'avoir entendu une violente dispute aux alentours de minuit entre la principale suspecte et ses voisins. "J'ai entendu des cris. J'ai compris qu'on lui avait demandé de baisser le son et qu'elle ne le faisait pas et ils lui criaient dessus. Vingt minutes ou une demi-heure après, j'ai entendu venant de l'étage au-dessus : 'Sortez, il y a le feu !'"
"J'avais bien vu qu'elle avait des problèmes parce qu'elle n'était pas la même selon les jours."
Joséphine habitante de l'immeuble de la rue Erlangerà franceinfo
"Au bout du couloir, il y avait des fenêtres verrouillées"
Face aux flammes, Joséphine a alors saisi sa marmite remplie d'eau dans sa cuisine et a tenté d'éteindre le feu sur le palier. Dans cet incendie, Joséphine a perdu une amie bloquée au sixième étage. "J'aurais eu un extincteur, ce feu-là ne serait pas passé par l'ascenseur. Les faux plafonds étaient inflammables et les fils électriques qui passaient par là... La moquette était tenue dans les escaliers par des tiges de plastique. Il n'y avait pas un seul extincteur. Au bout du couloir, il y avait des fenêtres verrouillées, c'est une catastrophe."
Aujourd'hui, malgré la douleur, Joséphine refuse "d'aller traiter comme une criminelle" la principale suspecte, une femme qu'elle juge "malade" et souffrant "de bouffées délirantes". Essia Boulares a, en effet, un lourd passé psychiatrique, une trentaine d'hospitalisations, et elle avait consommé de l'alcool et du cannabis au moment des faits. Mais les experts psychiatres ont exclu un geste délirant. Ils estiment qu'elle peut être jugée au pénal.
Pour Joséphine, il manque néanmoins aujourd'hui des responsables : "Elle a commis un acte insensé, explique la rescapée. Mais ça en serait resté à un étage si tout n'avait pas été inflammable." Joséphine va suivre les débats de loin, depuis Montpellier, où elle habite désormais. Joséphine se dit "abandonnée" par la mairie du 16e arrondissement après l'incendie, incapable de lui retrouver un logement dans la capitale.
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