Incendies : du haut de leurs tours, ils guettent les départs de feu dans les Alpes-Maritimes
Alors que les incendies ravagent le Sud-Est, franceinfo a rencontré des guetteurs de feu des Alpes-Maritimes. Leur mission : surveiller les départs de feu. Il existe neuf postes de guet dans le département.
Le Sud-Est de la France reste en alerte aux incendies après que 7 000 hectares ont été détruits par les flammes depuis lundi 24 juillet. Les départements touchés sont les Bouches-du-Rhône, le Var, le Gard, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes et la Haute-Corse.
À chaque fois, l'important pour les pompiers est d'intervenir rapidement lorsque survient un départ de feu. Cela suppose de détecter le plus tôt possible les incendies : c'est le rôle des guetteurs de feu. Ces agents des départements ont pour mission de scruter l'horizon pour repérer les départs de feu.
"Avec le bout de la baguette, on fixe la fumée, explique Thomas Patin au micro de France Bleu Azur, du haut de son guet, dans les Alpes-Maritimes. Cette baguette nous donne le positionnement exact. Tout est représenté sur cette carte : les villages, les villes, les aspérités de terrain, les courbes de dénivelé." Thomas Patin fait partie des 18 guetteurs de feu employés chaque année, du 1er juillet au 30 septembre, par le département des Alpes-Maritimes. Pendant cinq jours, ce guetteur de feu reste dans sa tour, à 1 100 mètres d'altitude. Armé de sa baguette et de sa carte, il scrute l'horizon où l'on aperçoit le Var, l'Italie et les cimes du Mercantour. "On est en concordance avec d'autres vigies qui permettent de voir ce que nous ne voyons pas", explique-t-il.
Une tâche stressante
Les Alpes-Maritimes sont quadrillés par neuf postes de guet. Tous ont une exposition différente. Le poste des Cabanelles est particulièrement bien positionné : "Vous vous rendez compte ? 1 100 mètres à moins de 4 km à vol d'oiseau de la mer ! Vous imaginez le tour d'horizon que cela vous offre ?", s'exclame Jean-Marie Demirdjian, le patron de la force 06, la Force opérationnelle risques catastrophes environnement.
Ce n'est pas physique mais c'est stressant parce qu'il faut arriver à surveiller. Peut-être que, pendant des journées entières, il ne va rien se passer. Tout d'un coup, il peut y avoir un départ et, là, il ne faut pas hésiter une minute !
Jean-Marie Demirdjian, responsable de la force 06à France Bleu Azur
Parfois, après des heures d'attentes sans une fumée à l'horizon, le guetteur aperçoit de la fumée. Il doit alors donner plusieurs indications décisives. "En premier lieu, la commune, détaille Thomas Patin. [Si le feu] prend de l'ampleur rapidemment, selon le vent, s'il est couché, c'est un gros risque. Et la couleur : si ça commence à brunir, c'est que la végétation est déjà bien entammée. S'il y a des habitations proches et si, à long terme, elles peuvent être touchées par des incendies."
Le risque de feux secondaires
"Il y a beaucoup d'écobuages, poursuit-t-il. Ce sont de petits panaches de fumée des particuliers qui font brûler leurs végétaux et qui peuvent être très dangereux, surtout avec les cendres qui volent par temps de vent." Un départ d'incendie ne constitue pas le seul risque : les départs de feux secondaires peuvent s'avérer aussi dramatiques que le feu principal. "Même quand le feu a été détecté et que le feu est attaqué par les moyens des sapeurs-pompiers, c'est très important que le guetteur puisse en même temps surveiller l'évolution du feu pour pouvoir anticiper ces départs de feu secondaires", affirme ainsi Jean-Marie Demirdjian.
Dans les Alpes-Maritimes, un peu plus de la moitié des départs de feux sont détectés par les postes de guet. Dans le Var, département voisin, ce sont les pompiers qui remplissent cette mission, aidés par des caméras pilotées à distance.
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