Incendies : "Plus la forêt a une grande biodiversité, plus elle est résiliente aux catastrophes", explique un scientifique
Selon une étude publiée début septembre, l’impact des gigantesques feux de forêt en Australie de 2019-2020 est nul en termes d’émissions de CO2. La totalité des émissions de carbone a été réabsorbée en un an par la végétation qui a poussé rapidement.
Une étude publiée jeudi 1erseptembre dans la revue Remote Sensing of Environment révèle que les terribles incendies australiens, qui ont détruit plus de huit millions d'hectares de forêt entre septembre 2019 et février 2020, n'ont finalement eu aucun impact en termes d'émissions de CO2. Et cela grâce à la végétation, qui en repoussant très vite après les incendies, a réabsorbé la quasi-totalité du dioxyde de carbone dégagé dans l'atmosphère. Une étude qui permet de "tirer des enseignements pour la forêt française", explique mercredi 7 septembre sur franceino Jean-Pierre Wigneron, directeur de recherche à l’Institut national pour la recherche en agriculture, alimentation et environnement (Inrae) et co-auteur de l’étude.
franceinfo : Est-ce que cette étude est une bonne surprise ?
Jean-Pierre Wigneron : Oui, même si on s'y attendait un peu. Nous savions déjà que la forêt australienne avait récupéré très vite après l'incendie. Par contre, c'est vraiment une des toutes premières études qui permet de quantifier le fait que la récupération en termes de carbone a été totale. En revanche, on ne peut pas tirer la même conclusion pour la biodiversité.
Quel est le lien entre incendie et réchauffement climatique ?
La végétation absorbe du carbone pour pousser, qu'elle capte directement dans l'atmosphère, ce qui fait donc diminuer le réchauffement climatique. Inversement, lorsque la forêt brûle elle relâche du CO2, donc la concentration de gaz à effet de serre augmente et renforce le réchauffement climatique. Il y a une interaction très forte entre la biomasse de la végétation et l'impact sur le réchauffement climatique.
En Australie, l'année qui a suivi les incendies a été particulièrement humide, ce qui a favorisé la repousse des eucalyptus [ces essences sont majoritaires dans les forêts australiennes et connues pour repousser facilement après un feu]. La reprise a été rapide et a probablement permis cette récupération totale des stocks de carbone.
Est-ce transposable aux incendies français ?
Non mais nous pouvons en tirer des enseignements. Nous savons par exemple que la forêt de pins dans les Landes a une diversité très faible. Elle est presque uniquement composée de la même espèce de pin maritime. Peut-être faut-il songer à diversifier ces espèces et planter à l'avenir des arbres qui sont mieux adaptés aux incendies. De façon générale : plus la forêt a une grande biodiversité, plus elle est résiliente aux catastrophes. Y compris pour les tempêtes.
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