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Les pompiers en grève à partir de mercredi : "On n'a plus les moyens d'assurer nos missions ni de répondre aux carences de l'État"

André Goretti, président national et départemental de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs, dénonce le manque de moyens de sa profession.

Article rédigé par franceinfo
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Un pompier gréviste lors d'une manifestation de la profession le 14 mars 2017 à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Ils expriment leur ras-le-bol par une grève. Les pompiers ont déposé, dimanche 23 juin, un préavis à partir ce mercredi et jusqu'au 31 août. "On va faire grève avec des inscriptions sur nos tee-shirts, sur nos casernes, avec des brassards" a expliqué sur franceinfo André Goretti, président national et départemental de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs, alors que les pompiers continueront d'assurer leurs missions cet été.

franceinfo : Quelle est la nature de ce malaise ?

André Goretti : C'est l'expression d'un ras-le-bol qui dure déjà depuis quelques mois, parce qu'on nous demande de remplir de plus en plus de missions avec de moins en moins de moyens, en effectifs et en matériels. Nous sommes sous la conduite bicéphale d'un gouvernement qui impose des mesures nous contraignant à assurer des missions qui ne sont pas les nôtres et, de l'autre côté, nos employeurs, les conseils départementaux et les communes, qui n'ont plus les moyens de financer cette surcharge de travail.

Quelles missions qui ne seraient pas les vôtres vous demande le gouvernement ?

Toutes les missions qui devraient être assurées par les services de l'État, les missions régaliennes qui ne sont plus assurées. Le Samu, par exemple, n'est plus en capacité de gérer un certain nombre d'interventions, les appels pour des malades... Des concitoyens qui ne sont pas en bonne santé souhaitent voir venir un médecin qui ne peut pas se déplacer, on est en désertification médicale. Et le Samu, s'il n'arrive pas à trouver de médecin ou d'ambulancier pour le transport, déclenche les pompiers. On se retrouve dans des situations où on n'assure plus des missions où il y a des risques vitaux.

Vous avez l'impression d'être en première ligne ?

Nous sommes le premier maillon de la chaîne de secours, mais nous sommes aussi la dernière réponse à toute la souffrance humaine. On ne refuse pas d'assurer toutes ces missions, sauf qu'on n'a pas les moyens en effectifs. Lorsque nous sommes engagés dans ces "transports de complaisance", s'il y a un feu ou un arrêt cardio-respiratoire, les personnels ne peuvent plus assurer cette mission, tout ça parce qu'on répond aux carences de l'État.

Vous discutez régulièrement avec vos autorités supérieures. Vous avez des mots très durs envers elles... Que réclamez-vous exactement ?

De l'écoute, parce que nous estimons que la population a le droit de savoir que le service public de secours français est malade, parce qu'on n'a plus les moyens de répondre à toute cette souffrance. On n'a plus les moyens en effectifs, ni les moyens financiers. On a affaire à un gouvernement qui commande et à des employeurs qui n'ont plus les moyens financiers pour assumer. Nous sommes au milieu et nous n'avons aucune réponse.

Il faut revoir complètement le système ?

Oui, c'est ce que nous demandons : une réforme du service public de secours. Mais on ne nous dit rien. C'est ça, le problème aujourd'hui : l'expression du mépris. Ils sont proprement odieux avec nous, pour certains, parce qu'il n'y a pas de réponse, notamment sur les violences. On nous disait dernièrement que les violences que nous subissont ne sont pas similaires à celles des forces de police. On n'a pas choisi ce métier pour être violenté, ni physiquement ni verbalement. Quand on a affaire à une ivresse sur voie publique, qui relève des forces de police, c'est un délit. La personne en état d'ébriété doit être verbalisée et placée dans une cellule de dégrisement, mais comme il n'y a pas de moyens en effectifs au niveau des forces de police et gendarmerie, on appelle les pompiers, et nous, on transporte cette personne ivre aux urgences. Et comme il n'y a pas suffisamment de personnels dans les urgences, ils n'arrivent pas à les traiter.

Comment allez-vous concilier votre mission de sauver des vies avec cette grève ?

On ne remet pas en cause notre appartenance à ce service public de secours. On dit simplement qu'il faut que la population ait connaissance du malaise. On va faire grève avec des inscriptions sur nos tee-shirts, sur nos casernes, avec des brassards… De toute manière, nous sommes désignés ou réquisitionnés. Service minimum oblige, nous allons assurer nos missions mais faire comprendre que, malheureusement, il y a de plus en plus de souffrance au niveau de nos services.

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