Suède : des incendies "largement supérieurs à ce que nous connaissons dans le Midi", selon le chef du détachement français
Le colonel Pierre Schaller s'est exprimé dimanche sur franceinfo alors qu'il est en Suède depuis jeudi pour soutenir les équipes locales, face aux incendies gigantesques qui touchent le pays depuis plusieurs jours.
La Suède, un pays très boisé, est une zone "un peu plus vulnérable que les forêts quelquefois morcelées que nous connaissons en Méditerranée", explique, dimanche 22 juillet sur franceinfo, le colonel Pierre Schaller. Ce chef du détachement français de la sécurité civile est dans ce pays du nord de l'Europe depuis jeudi avec des équipes de pompiers et deux Canadair envoyés par la France. Ces incendies qui touchent la Suède depuis près d'une semaine sont "largement supérieurs à ce que nous connaissons dans le Midi", affirme le professionnel.
franceinfo : Ces incendies sont-ils bien délimités ou au contraire éparpillés sur tout le territoire ?
Pierre Schaller : Il y a un assez grand éparpillement des incendies sur le territoire suédois. Quelques endroits ont été plus particulièrement frappés que les autres et des grands incendies se sont en quelque sorte regroupés. Le plus important d'entre eux constitue une superficie détruite de 12 000 hectares, ce qui est largement supérieur à ce que nous connaissons dans le Midi. Aujourd'hui, il n'y a pas eu de nouveau départ de feu. Nous connaissons une journée de répit : les conditions météorologiques sont un peu plus favorables, il fait doux, avec un ciel un peu couvert et une masse d'air humide. Ceci nous permet d'essayer de gagner le maximum de terrain possible, notamment avec deux Canadair, pour capitaliser le bon résultat de la lutte qui a été menée ces derniers jours. L'immensité de la surface sensible au feu en Suède, un pays très boisé, en fait quelque chose d'un peu plus vulnérable que les forêts quelquefois morcelées que nous connaissons en Méditerranée.
La Suède est traversée par le cercle polaire. Cela peut paraître étonnant que les Suédois vivent ces situations-là ?
Les Suédois font partie des gens surpris de ce genre de choses. Ils avaient connu un été difficile en 2014, avec un premier épisode d'incendies au cours duquel la solidarité européenne avait déjà pu s'exercer par le concours de deux Canadair français. Cette année, en France nous avons pu connaître un printemps extrêmement humide avec de gros orages et notamment des dégâts importants dans le sud-ouest et l'ouest de la France. Mais dans le même laps de temps, la Scandinavie était soumise à un anticyclone et des conditions quasiment estivales, qui ont rendu les nombreux massifs forestiers extrêmement vulnérables au feu.
Il existe un mécanisme européen de protection civile, est-il fréquemment mis en œuvre ?
L'usage du mécanisme européen de protection civile commence à devenir fréquent et c'est une très bonne chose. C'est une structure qui date de 2001 et qui a mis en forme l'assistance mutuelle que les États membres de l'Union européenne et les États extérieurs qui y participent peuvent se porter les uns aux autres. En 2017, nous avons eu un été difficile, au cours duquel le Portugal, l'Espagne, la France, l'Italie et la Grèce ont été soumis à un été extrêmement rude. L'entraide européenne s'est exercée à ce moment-là. Pour ce début d'été, c'est au bénéfice d'un pays inhabituellement touché par les feux de forêt, la Suède, que l'entraide européenne s'exerce. Il y a, entre autres, six pays mobilisés aux côtés de la Suède pour lutter contre ces incendies de forêt. Par exemple, nos deux Canadair travaillent de façon étroite et en collaboration quotidienne avec deux Canadair italiens avec lesquels ils constituent une noria de quatre appareils qui fait un excellent travail. En tout, 342 personnes sont venues ou vont arriver en renfort en Suède.
Craignez-vous que ce genre de situations se multiplie avec le réchauffement climatique ?
Sans entrer dans de la prédiction, on peut constater que la Suède a fait appel à l'entraide européenne deux fois en quatre ans dans le cadre des incendies de forêt. Nous savons qu'en Finlande, la situation est extrêmement difficile aussi. On constate que la zone sensible au feu et la période de sensibilité au feu s'étendent toutes les deux. Il est vraisemblable que nous allons devoir tous reconsidérer un certain nombre de choses en matière de protection civile et en matière de protection de la forêt. L'expérience acquise par les pays méditerranéens, notamment la France depuis quelques décennies, va pouvoir être capitalisée et utilisée au bénéfice de tous.
Briefing du matin avec les équipages CL 415 F et I. Objectif du jour: profiter de la legere baisse des temp. Pour consolider le terrain gagne. pic.twitter.com/kmByFNrSm9
— Pierre SCHALLER (@pschaller83) 22 juillet 2018
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