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Inconnue de l'A10 : "On ne doit jamais laisser un crime impuni quand il s'agit d'un mineur", selon l'avocate Corinne Herrmann

L'énigme du corps martyrisé d'une fillette de quatre ans découvert en 1987 au bord de l'autoroute A10 est en passe d'être résolue avec l'identification et le placement en garde à vue de ses parents. Interrogée sur franceinfo mercredi, l'avocate Corinne Herrmann salue le travail des enquêteurs qui n'ont jamais abandonné.

Article rédigé par franceinfo
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Une affiche éditée lors de l'appel à témoins lancé après la découverte du corps de la petite fille, le 11 août 1987.  (SGAUDARD / MAXPPP)

L'affaire de la fillette de quatre ans retrouvée morte en 1987 au bord de l'autoroute A10 est en passe d'être résolue : ses parents ont été identifiés et placés en garde à vue. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à eux grâce à un prélèvement ADN sur un homme arrêté en 2016 dans le cadre d'une affaire de violence.

Invitée de franceinfo jeudi 14 juin, l'avocate Corinne Herrmann, spécialisée dans les "cold cases" (les affaires classées) estime qu'on "ne doit jamais abandonner l'enquête et laisser un crime impuni quand il s'agit d'un mineur." Selon elle, les progrès des techniques donnent "un espoir" aux familles. L'avocate salue les enquêteurs qui "utilisent d'abord leur cœur et leur engagement pour tenir un dossier actif."

franceinfo : L'ADN qui finit par parler des décennies après les faits, est-ce un classique des "cold case" ?

Corinne Herrmann : Cela devient un classique. On espère que cela arrive encore de nombreuses fois sur des dossiers très anciens. L'évolution des techniques de la police scientifique et l'existence du fichier FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques) peut faire espérer des résolutions encore dans l'avenir. C'est un espoir.

Est-ce que l'on fait régulièrement des progrès en la matière ?

Aujourd'hui, on peut trouver un ADN complet à partir d'une seule cellule, et on peut le comparer à des extraits d'ADN. Il y a aussi l'ADN par parentalité. On peut retrouver l'ADN d'une victime ou d'un auteur par le biais de sa famille. Ce sont des grandes nouveautés, et il y en aura encore à l'avenir.

Comment les enquêteurs travaillent-ils sur des affaires vieilles de 30 ans ?

On travaille de la même manière parce qu'on utilise les techniques d'enquête d'aujourd'hui associées aux anciens éléments dont on dispose pour sortir ces dossiers. Plus le temps passe, plus on a des risques de récidive ou de décès des auteurs des faits. Ils utilisent d'abord leur cœur et leur engagement parce que pour tenir un dossier actif, pour continuer l'enquête quand on n'a même pas la famille en face de soi, il faut vraiment avoir des convictions et s'être attaché à la victime.

Est-ce que le fait que l'enquête de l'A10 est relancée, est-ce que cela veut dire que les enquêtes ne sont jamais totalement fermées ?

Malheureusement, certains enquêteurs et magistrats font fermer des enquêtes, abandonnent des enquêtes en cours. Ce dossier est la preuve que, même quand une partie civile n'est pas active, il ne faut pas abandonner ces dossiers. Il faut rechercher la vérité surtout quand il s'agit d'enfants qui ont été martyrisés ou tués. On ne doit pas abandonner ces enquêtes parce que les évolutions de la science peuvent nous permettre de résoudre ces affaires un jour. On ne doit jamais abandonner l'enquête et laisser un crime impuni quand il s'agit d'un mineur. On est contre les ordonnances de non-lieu. Elles n'ont plus de sens. La mémoire des témoins restent. On a les images, les systèmes sociaux, la technique qui peut intervenir. Aujourd'hui on ne comprend pas qu'on ferme un dossier au bout de trois, quatre, cinq ans comme cela arrive régulièrement.

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