Escroquerie aux diamants et aux cryptomonnaies : un procès hors norme avec 1 300 victimes s'ouvre lundi à Nancy
Le nombre de victimes est tellement grand que l'audience de ce procès hors norme se tiendra non pas au tribunal de Nancy (Meurthe-et-Moselle), mais au Palais des Congrès de la Ville. Vingt-deux personnes sont jugées à partir du lundi 21 septembre, pendant un mois, pour une gigantesque escroquerie aux diamants et aux cryptomonnaies. Parmi les 1 300 victimes recensées, il y a des personnes de toute la France, de tous les milieux sociaux et de toutes les professions. Du médecin parisien qui a investi 300 000 euros dans des diamants contre un supposé taux d'intérêt dépassant les 10%, à un couple d'agriculteurs à la retraite en Auvergne.
Près de 70 000 euros se sont volatilisés, les "économies d'une vie", raconte l'avocate de ces travailleurs agricoles, Karine Laprevotte. "Ils ont été totalement subjugués par la personne qui les a contactés, dit-elle. D’abord, c'est par internet, ensuite, ce sont des appels téléphoniques répétés jusqu’à ce qu’on arrive à vous convaincre que c’est le meilleur placement de votre vie".
"Ils ont misé 5 000 euros, poursuit l’avocate. Puis, ils ont été relancés en leur disant qu'ils faisaient partie des meilleurs clients, donc c’est un discours qui vous flatte. À un moment, mon client me dit même qu’il trouve la personne très insistante, voire agressive avec lui et qu’il aurait dû s’apercevoir à ce moment-là de la supercherie, mais en fait, il plonge dedans. Il se dit : 'il a raison, il est en train de s’énerver parce que j’ai raté l’affaire du siècle', donc je remets encore de l’argent dans cette escroquerie".
Des clubs de foot parmi les victimes
Le sentiment partagé chez les victimes, c'est la honte de s’être fait piéger. Parmi ces victimes, on trouve aussi des clubs de foot, qui sont à l'origine de l'enquête en 2017. Sochaux, Angers, Toulouse (les deux derniers jouent actuellement en Ligue 1) ont ainsi été piégés par un faux agent de joueur. Plusieurs dizaines de milliers d’euros de préjudice sont à déplorer. En tirant le fil, les enquêteurs découvrent que les escrocs versent aussi dans des arnaques aux particuliers, avec des sites internet vantant des investissements hyperlucratifs dans les diamants et les cryptomonnaies.
Les sites étaient conçus à Marseille, une autre partie de l’équipe opérait depuis Israël. L’argent versé par les investisseurs filait dans des pays de l’Est avant de disparaître complètement. Les victimes attendent bien sûr la condamnation des escrocs. Mais c'est presque accessoire pour beaucoup, et notamment pour le couple d’agriculteurs représenté par Karine Laprevotte.
"La phrase le plus marquante pour moi dans la plainte c’est : 'j’espère juste qu’ils vont me rendre mes sous'. Pour eux, l’aspect primordial, c’est effectivement de retrouver leur mise."
Karine Laprevotte, avocate d'une victime de l'arnaque aux diamantsà franceinfo
Mais cela risque d’être compliqué. Près de 28 millions d’euros de préjudice sont concernés. Les prévenus n’ont plus l’argent et il n’existe pas de fonds de garantie.
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