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Méga-bassines de Sainte-Soline : "Il y a une intention politique de punir ce mouvement", dénonce l'avocat de manifestants jugés à Niort

Cinq hommes comparaissent ce lundi devant le tribunal correctionnel de Niort pour avoir participé à la manifestation interdite contre le chantier d'une réserve d'eau à usage agricole dans les Deux-Sèvres. Le rassemblement avait dégénéré et de violents affrontements avaient eu lieu avec les forces de l'ordre.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Face à face entre un gendarme et des manifestants opposés au projet de réserve d'eau à usage agricole à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 29 octobre 2022. (PASCAL LACHENAUD / AFP)

Lors de leur comparution immédiate le 29 octobre, le procureur avait lui-même reconnu que les auteurs des violences lors de la manifestation contre le chantier d'une "méga-bassine" d'eau à Sainte-Soline avaient échappé aux interpellations. Des jets de cockails molotov ou de boules de pétanque et des tirs de mortiers sur les forces de l'ordre avaient eu lieu en marge de ce rassemblement interdit par la préfecture des Deux-Sèvres. Lors de ce rassemblement, certains opposants avaient réussi à forcer brièvement les grilles du chantier, avant d'être repoussés par une partie des 1.500 gendarmes déployés sur le site. Manifestants et forces de l'ordre avaient déploré des dizaines de blessés, une poignée d'entre eux ayant été hospitalisés.

>> Méga-bassines : pourquoi ces retenues d'eau sèment la discorde

Un mois plus tard, lundi 28 novembre, ils sont désormais cinq à être jugés par le tribunal correctionnel de Niort. L'un d'eux n'était pas là lors de la première audience pour cause d'hospitalisation : il a passé deux jours en réanimation et a été interpellé quelques jours plus tard sur son lit d'hôpital par les gendarmes.

Les avocats espèrent un renvoi du procès

Les cinq prévenus sont poursuivis pour "participation à un groupement en vue de la préparation de violences". Une "procédure politique" estime l'un de leurs avocats, Alexis Baudelin : "Il y avait des instructions qui avaient été données non seulement au préfet de réprimer sévèrement toute cette manifestation, et ensuite il avait aussi donné instruction au procureur, dès lors qu'il y avait des interpellations, d'envoyer directement ces personnes en comparution immédiate. Et donc là, on a effectivement cinq personnes pour le simple fait d'avoir participé à cette manifestation."

"Il y a derrière ça une intention politique de la part du gouvernement et des autorités de poursuites de punir ce mouvement et d'empêcher qu'il prenne de l'ampleur."

Alexis Baudelin, avocat

à franceinfo

De l'ampleur, c'est à l'affaire que les avocats des manifestants veulent en donner en demandant un nouveau renvoi du procès. Ils espèrent pouvoir faire intervenir des témoins et experts afin de mieux expliquer l'enjeu des "méga-bassines" et de mieux comprendre les raisons de la mobilisation. Le chantier, lui, a bien été lancé depuis le début du mois de novembre. Cette "bassine" de Sainte-Soline est la deuxième des 16 réserves de plusieurs centaines de milliers de m3 qui doivent voir le jour dans le département des Deux-Sèvres. Élaboré par un groupement de 400 agriculteurs avec le soutien de l'Etat, ce projet vise à rendre disponible de l'eau pour l'irrigation durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver. Une première retenue a été mise en service à Mauzé-sur-Mignon, où une manifestation d'ampleur - le "Printemps maraîchin" - avait déjà eu lieu le 25 mars dernier.

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